C’est à mon avis la question qu’il convient de se poser après le retour de la fête des BBR.
Pas de problème en ce qui concerne la candidature de Le Pen aux futures présidentielles, en 2007. Si Dieu lui prête vie, il sera là. Avec sa même fougue.
Nul ne peut lui contester cette présence, à l’intérieur du parti. Mais déjà un problème se pose : celui de la collecte des signatures (maires, conseillers régionaux, etc.) On sait déjà que nombre d’entre eux, qui lui avaient accordé leur confiance aux dernières présidentielles, ont connu quelques ennuis. Ce chantage ne saurait cesser pour 2007.
C’est pourquoi Le Pen part dès maintenant, et avec raison, en campagne. Mais, il se trouve aux prise avec des tensions internes. Ce qui est nouveau.
On lit dans Le Figaro, sous la plume d’Olivier Pognon : « Karl Lang devrait annoncer aujourd’hui sa démission du secrétariat général, poste qu’il a occupé pendant une vingtaine d’années » (1) il souligne aussi que Gollnisch refuserait d’assumer la direction de la campagne présidentielle.
Ce qui signifie qu’en cas d’échec pour recueillir les signatures, le responsable de la campagne risque d’être montré du doigt. Avec la hargne qui sévit en pareil cas dans les milieux, très fougueux, de ce que l’on appelle « l’extrême droite ».
Outre les divisions internes, un autre péril a surgi : la candidature de Philippe de Villiers. Celui-ci, comme je l’ai déjà signalé, a nettement indiqué son intention de revendiquer les thèmes du Front sur « l’invasion des immigrés ».
C’est de sa part un sacré culot. Pendant des années, il a été lié à la droite conservatrice, en prenant bien soin de garder ses distances avec le Front « extrémiste ». Le voilà qui se mobilise sur ce terrain et qui tente, comme l’a justement souligné Marine Le Pen, de faire main basse sur son électorat.
A l’époque où je travaillais à Est et Ouest, j’ai eu l’occasion de rencontrer un certain nombre de jeunes, issus des milieux d’«extrême droite », pour leur fournir de la documentation sur le communisme. Il s’appelaient Madelin, Longuet, Robert, Gauchon, etc. Ils avaient tous une grande ambition – c’est pourquoi ils virèrent de bord – mais ils ne manquaient pas de qualités. Un seul était nul : de Villiers !
Sur le personnage, Le Pen, dans son discours aux BBT, a déclaré : « Il marche comme Le Pen, parle comme Le Pen, nage dans le tricolore, avec quelques difficultés à ne pas parler pointu comme on le fait dans les thés de bonne compagnie. Son numéro d’imitateur lui a fait donner le nom de Duplicator, et les méchantes langues disent que la politique français avait, en la personne de Besancenot, un facteur. Avec Villiers, elle a maintenant un contrefacteur. »
Remarque très juste. Sauf en ce qui concerne Besancenot, qui est tout autre chose qu’un simple facteur. Et dont on n’a pas fini d’entendre parler.
1 – La chronique de Roland Gaucher a été rédigée le 9 octobre. |