C’est la valse des sites pour le « teknoz » 2007. La mauvaise fée de Vannes s’est un peu trop penchée sur le teknival estival des bretons… L’édition précédente s’était en effet soldée par la double condamnation de l’état et de la préfecture du Morbihan. Elle s’était surtout déroulée sans incident particulier, beaucoup semble aujourd’hui l’oublier… Après la guerilla des arrêtés municipaux, c’est un commando agraire qui a noyé l’aérodrome de Saint-Sulpice-des-Landes sous le lisier… Du nitrate, principal polluant des nappes phréatiques, pour « protéger » le terrain : on passe de la résistance « passive » à une politique de terre brûlée…
Nous n’entrerons pas dans le détail de cette guerre d’usure, là n’est pas l’essentiel. Ce tekos n’a de fait rien de sauvage. Depuis plusieurs années les teuffeurs ont pris le parti de la négociation avec les pouvoirs publics, donc pour parler vrai, de la légalité. C’est que parallèlement aux « Sarkovals », des teknivals clandestins fleurissent. Dans l’ombre de la teuf tirée au cordeau de Toul-Rosières, un anti-tekos se nichait près de la capitale. Pour ce dernier, pas de bilan possible… Pas de caméra donc pas de problème ? C’est sans doute le sentiment du ministère de l’intérieur. Il reste sourd aux préventions et précautions des teuffeurs puis réquisitionne dans l’urgence. Tout est fait pour opposer riverains et teknivaliers. Chacun s’adressant à un état qui finira pas les abandonner à leurs sorts respectifs : la politique du fait accompli, diviser pour régner… C’est la décrue dans les teufs légales. Qui voudrait couvrir 500 kilomètres pour trouver un cordon de gendarmes et une invitation au retour ? Mais quand 100.000 deviennent 60.000 puis 25.000 il ne faut pas croire que la perte végète à la maison. Ils colonisent les « free party », sans contrôle, sans indemnisation pour les propriétaires…
Un « blogueux » note : « Ils n’ont pas besoin non plus d’aller en Bretagne, qu’ils ne visiteront ni ne verront pas. (…) Leur but n’est pas, en effet, de faire du tourisme ou d’acheter des cartes postales, mais d’écouter de la musique ». C’est l’autre versant du problème. Notre société n’accepte pas que des dizaines de milliers de consommateurs alimentent les marchands de pilules plutôt que la TVA. 60.000 jointés et pas une crêpe vendue, pas de menhir thermo-moulé, pas une dolmen sous la neige d’écoulé… De quoi avaler son biniou, c’est la grande débâcle du celtique en plastique face à X, C, K, R et tous leurs compères. Voilà pourquoi le festival de Lorient est une grande fête populaire et le teknoz un drame : le fossé du fric. L’identité bretonne et les gémissements contre les néo-jacobins ne sont ici que des prétextes, des alibis… Ni Mélusine, ni Brocéliande, mais Mamon, toujours Mamon, le monothéisme pognon…
Certains se plaignent (à juste titre) de cette liberté qui leur fait défaut. Leur placebo est de réclamer moins de liberté pour les teuffeurs ou les rappeurs. Partager l’injustice plutôt que la justice. Liberté bien ordonnée commence par soi-même, voilà leur devise. Ce n’est évidemment pas la nôtre… Le ban de la société n’est pas le ban de la communauté. Comment pourrait-ils se sentir bretons ou français, quand des nationalistes, trop jaloux de leur nation, réclament des persécutions ? Convaincre c’est d’abord comprendre. Nous, nous comprenons que ces teufs ne rapportent pas l’ombre d’un kopek au capitalisme musical. Rien que pour ça, ces modernes derviches méritent notre respect…
