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Mercredi, 13 Juin 2012
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Les chaisières de l’indignation
Philippe Randa
Politique
Les chaisières de l’indignation
Tout un chacun s’indigne de montant de la clause de non-concurrence versée à l’ex-directeur général d’Air France Pierre-Henri Gourgeon qu’on lui agite sous le nez tel un chiffon rouge sous celui d’un taureau.

Quant à la classe politique, c’est avec une belle unanimité qu’elle crie au scandale. Cette affaire permet en effet aux socialistes tout justes revenus aux Affaires de déclamer leurs habituelles leçons de morale – exercice dans lequel ils excellent – et à tous les autres de faire chorus, quelques-uns par conviction, espérons-le, mais la plupart pour ne pas risquer d’apparaître comme complice ou tout au moins comme laxiste, dans cette affaire financière qui sera probablement oubliée la semaine prochaine. Comme toutes les autres. Toutes celles qui ont défrayées la chronique médiatico-économique en leur temps… sans que rien n’ait réellement changé, la preuve aujourd’hui par Pierre-Henri Gourgeon.

Car les scandales des rémunérations démesurées de certains dirigeants d’entreprise occupent régulièrement le devant de la scène française ; citons pour mémoire Daniel Bernard (Carrefour, 2005), Antoine Zacharias (Vinci, 2006) et plus récemment, durant la récente campagne présidentielle, les 16 millions d’euros de rémunération différée que touchera cette année Maurice Lévy, patron de Publicis.(1)

Pierre-Henri Gourgeon va sans doute devoir faire le dos rond durant quelques jours… Maintenant que le scandale l’a éclaboussé, qu’aurait-il a gagner à rendre cette prime déjà touchée que rien ni personne ne l’oblige a rembourser ? Qui plus est, de l’avis même du Président du groupe Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta, il s’agit d’« une clause licite, courante, qui concerne une quarantaine de hauts cadres à Air France. Elle a d’ailleurs trouvé à s’exercer, puisque M. Gourgeon a déjà été sollicité par des compagnies concurrentes, notamment du Golfe. »

De l’aveu même de monsieur Spinetta, il est donc prévu à l’avenir quelque quarante autres « affaires » du même type… rien qu’à Air France-KLM !!! On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenu.

Nul doute que monsieur Gourgeon ne trouve un pressing sur mesure pour supprimer toutes les vilaines tâches salissant sa réputation. Il en a largement les moyens, vu que cette « clause de non-concurrence » de 400 000 euros s’ajoute au 1,125 million d’euros de rémunération exceptionnelle, approuvée par le conseil d’administration d’Air France.

Il est toutefois surprenant d’entendre toutes les chaisières de l’indignation dénoncer l’énormité des sommes en jeu et répéter depuis plus d’une décennie désormais que « ça ne peut plus durer » – mais ça dure tout de même – en justifiant leur colère au seul motif des crises financières ou économiques traversées depuis le début du XXIe siècle.

Sous-entendant par ce discours que s’il n’y avait pas ces crises, les rémunérations, avantages, parachutes dorés ou autres gains tenant davantage du jack-pot contractuel que des résultats obtenus par les intéressés, seraient beaucoup moins scandaleux, voire quelque part tout à fait naturels.

C’était d’ailleurs, on ne le rappelle guère, l’état d’esprit qui prévalait à la fin du siècle dernier… Des avocats spécialisés dans l’établissement des contrats des grands patrons expliquaient alors que tout leur travail consistait à négocier au mieux la prime de licenciement à venir de leur client, alors même qu’il n’avait pas encore pris ses fonctions. Que c’était moins le salaire qu’il allait toucher chaque mois pour son travail qui importait à l’intéressé que les indemnités qu’il recevrait lorsqu’il se verrait signifier son congé. À l’époque, on découvrait alors avec étonnement ce monde quelque peu décalé des grands patrons et de leurs pratiques salariales… et personne, alors, ne les jugeait avec le moindre dégoût.

« L’indignation sert à l’encontre de ceulx qui indignement sont heureux », affirmait Jacques Amyot(2) un des traducteurs les plus renommés de la Renaissance.

On ne saurait mieux dire de nos jours…

notes

(1) www.dogfinance.com : « Parce que le gourou de la publicité française bénéficiait depuis 2003 d’une “rémunération différée”. En d’autres termes, ces dernières années, une partie de son bonus a été mise de côté pour ne lui être versée que ces jours-ci. »

(2) (1513-1593), Évêque d’Auxerre. On lui doit la traduction de sept ouvrages de Diodore de Sicile (1554), les Amours pastorales de Daphnis et Chloë de Longus (1559) et les Œuvres morales de Plutarque (1572). Sa traduction vigoureuse et idiomatique des Vies des hommes illustres a été retraduite en anglais par Thomas North et a fourni à Shakespeare la matière de ses pièces romaines.
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