S’il y en encore qui pense que la France au travail n’existe pas ou plus, la journée d’hier leur a prouvé le contraire. Entre 150 000 et 200 000 personnes n’ont pas hésité à braver le mauvais temps pour battre le pavé à travers tout le pays, alors qu’ils auraient tant pu profiter de leur sacro-saint temps libre qu’ils exigent à tout bout de champs.
Oui, tous ces braves gens auraient pu passer leur journée fériée à se la couler douce, mais ont préféré revendiquer… Tout comme ces milliers de fleuristes d’un jour et de tous âges qui proposaient du Muguet à tous les coins de rue contre monnaie sonnante et trébuchante…
Quand on les voit, tous, s’accrocher le reste de l’année avec hystérie à la loi sur les 35 heures, compter et recompter comme Harpagon leur RTT, être horrifiés par la simple évocation d’« heures supplémentaires », faire la moue devant le slogan sarkozien du « travailler plus pour gagner plus » et attendre fiévreusement le mois de mai et ses multiples jours fériés en espérant avec une rare gourmandise que les ponts – si ponts il y a – soient les plus long qu’ils puissent espérer… qui donc pourraient continuer à les considérer comme des feignants irresponsables, voire de parfaits abrutis ?
Il n’y a bien que Jean-Marie le Pen pour continuer à marteler, dans le vide, que la France est « au bord de la faillite économique, sociale, politique et morale », faisant écho en cela aux discours du président Sarkozy qui prétend, lui, que « les caisses sont vides ».
Au prix où se vendait hier le muguet, il y a simplement des caisses moins vides que d’autres, semble-t-il…
D’ailleurs, la grève stimule les énergies… Voyez les quelque 300 salariés sans papiers qui ont lancé le 15 avril dernier un mouvement de grève coordonné par la CGT, pour obtenir leur régularisation… Ce sont eux qui ont tenu la vedette dans les défilés des principaux syndicats… et tous les autres travailleurs de s’en féliciter.
Pas encore français, toujours clandestins, donc hors-la-loi, mais déjà à la pointe de la lutte des classes dans le troupeau syndical… De la « bonne chair à syndicats », comme on disait autrefois de la « bonne chair à canons » et en attendant qu’ils deviennent de la « bonne chair électorale »…
Rien d’étonnant, ce sont toujours les mêmes d’ailleurs qui paient les premiers, fabriquent les deuxièmes et tirent les ficelles de la troisième.
Défilez en paix, braves gens, l’intersyndicale et le Medef veillent sur vous…