Il parait que la crise est là, que la récession guette, que les caisses sont vides ! Soit ! Est-ce pour autant une raison de faire des économies, retrousser ses manches et faire bonne figure contre mauvais vent économique ? Sûrement pas ! Le dernier chic est plutôt d’aller s’étaler sur le divan d’un psy-machin chose, d’épancher ses états d’âmes, doutes, craintes, angoisses, frustrations, voire fantasmes… Et puis, tant qu’à le faire, autant que ce soit aux frais sinon de la princesse – elle-même sans doute en thérapie – du moins à celui de son patron !
D’où le Ticket-psy, sur le modèle du ticket-Restaurant ou du chèque-vacances. Il fallait y penser, mais quand une ânerie est possible, il est rare qu’elle ne trouve pas preneur ! « L’idée a germé au sein d’un cabinet de prévention des risques psychosociaux, ASP Entreprises, spécialisé dans les problématiques de stress au travail. Mal-être, dépression, la souffrance psychique liée à l’activité professionnelle a cessé d’être tabou en France depuis une quinzaine d’années », explique la journaliste Marie-Joëlle Gros dans le quotidien Libération.
Seulement, la générosité a ses limites : « Pour l’entreprise, la valeur d’un ticket est de 100 euros, un montant qui comprend le règlement de la consultation du psy et les frais annexes. Un salarié peut légitimement demander à bénéficier de deux carnets, soit dix séances de psychothérapie. »
1000 euros le coup de déprime aux frais de l’employeur, donc… mais ensuite, s’il prend goût à la bagatelle, l’employé est prié de mettre la main à la poche pour poursuivre sa psychothérapie.
« Avec la période de tensions qui s’annonce dans le monde du travail, le Ticket-Psy aura-t-il le temps de trouver son public ? » s’interroge la journaliste Marie-Joëlle Gros. Sûrement !
Il est certain qu’on met ainsi à la disposition des psy-machins choses un cheptel inespéré de clients potentiels qu’ils n’auront sans doute guère de difficultés à convaincre de poursuivre leur déprime sinon ad vitam aeternam du moins jusqu’à leurs ultimes centimes d’euros d’économie.
Dans le même ordre d’idées, ne pourrait-on pas imaginer que les patrons offrent aussi un carnet de Tickets-hedge funds pour soutenir la Bourse en promettant à tout quidam de s’enrichir ainsi plus sûrement encore qu’au Loto ? Ou alors un carnet de Tickets-casino pour donner le goût hélas parfois bien méconnu des tapis verts ? Ou encore un carnet de Tickets-Sex toys pour les longues soirées d’hiver de Madame pendant que Monsieur épluche son carnet de Tickets-matchs de foot ?
Et, in fine, faire rembourser la plaisanterie par notre Bonne Mère Sécurité sociale dont le trou abyssal n’est évidemment pas à cela près.