Après les fumeurs et les automobilistes, voilà les sac d’os dans le collimateur de Big Brother. Une proposition de loi qui infligera deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, ainsi qu’une charte pour lutter contre l’anorexie, seront examinées à partir du 15 avril à l’Assemblée nationale. Ça nous manquait !
« Un réel problème de santé publique », assure la députée UMP Valérie Boyer, à l’initiative de cette proposition. 30 à 40 000 personnes sont victimes de cette « maladie » chaque année. Ce n’est pas rien, en effet !
La France aime les lois. Elles en fabriquent sans arrêt, tellement d’ailleurs que nombre d’entre elles ne sont pas ou très peu appliquées. Qu’importe ! Chaque député, si ce n’est chaque ministre, n’a de cesse d’avoir sa loi, non parce qu’il est élu pour cela, mais parce que cela fait parler de lui et aidera à sa réélection.
Alors, une loi de santé publique, pensez si cela interpellera l’électeur boyerien.
Une telle initiative prouve en tout cas que nous sommes vraiment un pays riche ! Chez les crèves la faim endémiques de l’autre bout du monde, qui aurait idée de légiférer pour obliger à grossir ? Eux voudraient bien bouffer, mais c’est la misère du côté de leur garde-manger et ils en crèvent. Chez nous, on regorge de victuailles, mais certains n’en veulent pas et en crèvent itou. Les contraires, non seulement s’attirent, mais se rejoignent aussi, la preuve !
En tout cas, celles qui vont renâcler à cette campagne anti-squelettes, vont assurément être les chiennes de garde du féminisme qui n’ont eu de cesse de braire que leur corps leur appartenait, qu’elles étaient libres d’en jouir comme elles l’entendaient… Rappelez-vous le mouvement féministe des années 1960-1970 du siècle dernier, c’était le combat pour « le droit à disposer de son propre corps »… On imagine leur tête de gargouille haineuse à l’annonce d’une loi visant à remplumer leurs sœurs par trop dégarnies et à les gaver comme des oies pour leur redonner quelques formes qui ne manqueront pas d’exciter la lubricité de ces mâles qu’elles honnissent tant.
Qu’on vienne en aide aux victimes de l’anorexie est certes louable, mais pourquoi désigner des coupables ? C’est-à-dire ceux qui « incitent directement ou par le biais de différents moyens de communication – tels que les magazines, les sites Internet et les blogs, etc. – les personnes à se priver de nourriture pour se faire maigrir de manière excessive, voire font ouvertement l’apologie de l’anorexie, tels le “mouvement pro” », ainsi que les dénonce Valérie Boyer.
Dans la très grande majorité des cas, rappelons quand même que les anorexiques sont directement responsables de leur état, notamment toutes les candidates au mannequinat… N’ont-elles pas voulu, toutes seules comme des grandes, se hisser sur les podiums et surtout y rester pour tortiller leurs maigres croupions dans des toilettes hors de prix et faire ainsi une carrière sonnante et trébuchante sous les feux de la rampe ?
Que chacun assume ses erreurs et en premier les porte-manteaux de la mode ! À moins qu’on ne veuille les considérer comme plus bécasses encore qu’elles n’en ont déjà la triste réputation !
Désigner des boucs émissaires responsables de leur choix de santé hasardeux et les menacer des foudres d’une loi, aboutira une fois de plus à limiter la liberté d’expression et à couler toute pensée dans un moule unique de conformisme totalitaire… De plus, cela n’empêchera nullement les candidats à la maigreur de sombrer dans leurs dangereux délires.
Mais dame Boyer aura eu son quart d’heure de célébrité médiatique, juste entre les péripéties du parcours mondial de la flamme olympique, le procès Fourniret et les manifs des lycéens.
Après ça, allez bobonne, une bonne bouffe et au lit ! À chaque jour suffit sa peine… et sa loi !