Une nouvelle stratégie globale pour le combat anti-impérialiste
La naissance du Mouvement des Damnés de l'Impérialisme (MDI), la prise de parole de Kemi Seba au centre de la capitale, la convergence des causes nationalistes vers un jeune homme de moins de 30 ans seraient-ils les signes avant-coureurs d'une nouvelle stratégie globale visant à désenclaver le combat anti-impérialiste ? Voici donc un « racialiste » qui parle de son peuple (les Kemites), mais aussi des autres peuples - opprimés comme le sien - et dénonce dans chaque cas, la même structure de prédation, lente ou rapide. Lorsqu'il identifiait le proto-sionisme à l'origine de l'esclavage, y avait-t-il anachronisme ? Ou, parlant sans relâche du sionisme, cherche-t-il (comme d'autres avec le fascisme) quelque paradigme permettant de cristalliser la multitude des exigences et des revendications ? Parce qu'aujourd'hui, en France comme en Palestine/Israël, ce sont les mêmes effets de propagande, les mêmes divisions symboliques entre exploiteurs et exploités.
Au sein d'une association universaliste et républicaine comme « Egalité et Réconciliation », la lutte engagée contre le mondialisme néolibéral défend encore l'idée de nation, , et pour se faire repousse le fractionnement communautariste. Cependant, l'infrastructure économique véhicule une idéologie implicite, jamais formulée (d'où le recul du politique) : la religion de la consommation se doit de sacrifier à Mammon toutes les communautés déracinées des nations agonisantes. Noirs ou Kemites, Arabes, « Européens indigènes » tous n'existent que comme rouages d'un mécanisme aveugle et dérégulé. La publicité, les medias développent une propagande visant à vider de tout contenu les « traditions » réduites à des coquilles vides. Chaque groupe doit se penser à la fois comme consommateur et hostile aux autres groupes, pour le plus grand bénéfice des marchés financiers internationaux qui se substituent aux Etats et désagrégent le tissu social.
Cette configuration, à la fois hostile aux communautés vivantes et génératrice d'un état de guerre, veut éradiquer la bigarrure des solidarités naturelles pour qu'elle cesse de produire, les conditions d'une prise de conscience et de décision collectives. En lieu et place d'un légitime échange, d'une circulation des revendications, se fabrique une mortifère autarcie « identitaire ». Car si il y a aujourd'hui des « damnés » de l'impérialisme, de plus en plus nombreux, c'est que les « élus » de l'hyperclasse en ont besoin - pour justifier leur élection - comme d'une masse indistincte d'individus, repérables à quelques assemblages de mots clés (Noir = Nike + deal + banlieue ; Blanc = chômage + télévision câblée + bulletin de vote).
L'ouverture sincère du discours de Seba, dans le cadre élargi du MDI, permet de jeter les bases d'un action commune, de réconcilier dans une large mesure, par le respect et l'écoute. Le séparatisme de la Tribu Ka n'avait donc pas ce caractère sectaire décrit par ses ennemis. Et parce que nous ne sommes pas dans une convergence politique immédiate, mais dans une visée stratégique, il nous faut distinguer deux étapes ; une 1ere : provoquer la colère et la révolte (étouffées par les gadgets de la société de consommation) pour aider le système à imploser. Une 2ème : projets politiques divergents / convergents, avec à la clé intégration "républicaine" pour les uns (ceux qui le veulent), retour indemnisé aux Afriques pour les autres (Kemites).
Seba cherche vraiment à provoquer un élan de dignité et de révolte chez les opprimés, les perdants du système (et pas seulement les Kémites). Il ne cherche pas à faire l'alliance des damnés de l'impérialisme "toutes couleurs confondues" et l'universalisme républicain ne l'intéresse pas. D'ailleurs, il n'a aucun attachement particulier à la France. Son discours concerne uniquement les modalités d'une opposition frontale, violente, qu'il invite chacun d'entre nous à reproduire. Très précisément, il donne l'exemple. Une fois le processus de révolte engrangé (nous en sommes loin), il sera toujours temps de parler politique intérieure, "identité citoyenne", etc. Il faut d'abord attiser la juste colère, y compris et surtout chez les "de souche" avachis. Aidons Seba dans cette tâche. Et aidons-le à nous y aider.