Les insoumis de la liberté d'expression citoyenne
En France, patrie autoproclamée des Droits de l’homme, la liberté d’expression est sacrée. À tel point d’ailleurs qu’il est dangereux de la manier sans les plus extrêmes précautions. Sinon, gare aux retours de bâtons associatifs pour avoir parlé ou écrit en dehors des voies sévèrement balisées du politiquement, du religieusement ou de l’historiquement correct.
Le nombre et l’activité des associations de vigilance citoyenne a d’ailleurs notoirement augmentées ces dernières années, des plus anciennes (LICRA, MRAP ou Ligue des Droits de l’Homme) aux plus récentes (SOS Racisme, UEJF, HALDE, CRAN et bien d’autres encore) : preuve s’il en est, comme pourraient le penser quelques esprits chagrins, que le besoin rigoureux de surveillance en la matière est un marché porteur… ou alors particulièrement lucratif : c’est en tout cas un “business” qui ne risque guère de souffrir de délocalisation.
Dernière victime en date de l’indignation citoyenne, le journaliste Éric Zemmour, suite à une de ses déclarations dans laquelle il soutenait que “les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C’est un fait”.(1)
Menacé de licenciement par Le Figaro, obligé d’aller à canossa auprès de la LICRA, indiquant – noir sur blanc, si on ose écrire – que sa “volonté n’a jamais été de stigmatiser “les noirs ou les Arabes” comme des délinquants”, attaqué en diffamation par Thierry Ardisson auquel il reproche de l’avoir “piégé” et menacé de poursuite en justice par l’association SOS Racisme pour diffamation raciale, Éric Zemmour entraîne par ricochet l’avocat général à la cour d’appel de Paris dans la tourmente : Philippe Bilger est en effet convoqué ce jour chez le procureur général de Paris François Falletti pour avoir “validé sur son blog les propos controversés d’Éric Zemmour”.
Assiste-t-on aux premiers signe d’une nouvelle répression – ce n’est pas la première ! – en bonne et dûe forme de tous les insoumis de la liberté d’expression citoyenne ?
Ces coups de semonce, plus ou moins suivis de menaces professionnelles et judiciaires qui viennent ainsi d’être tirés contre Éric Zemmour et Philippe Bilger, sont plus sûrement un premier avertissement.(2)
Va-t-il être suffisant pour qu’ils ne s’éloignent pas plus avant et plus exagérement des fameuses voies balisées de la correction citoyenne ? Seul l’avenir le dira. Ou leur inconscience, qui sait…
(1) Émissions Salut les terriens (Canal +), réïtérées dans L’Hebdo (France O).
(2) Éric Zemmour a sauvé sa tête au Figaro après ses excuses. |