Alors que l’Algérie jouait hier soir contre l’équipe de Belgique (1-2) pour le compte du premier tour de la Coupe du monde organisée au Brésil, il est intéressant de constater que la sélection des Fennecs ressemblait plus à une équipe de France bis qu’à une équipe d’Algérie.
En effet, sur les vingt trois joueurs sélectionnés par Vahid Halhilodzic pour cette Coupe du monde, dix sept sont nés en France et huit ont déjà porté les couleurs de l’équipe de France dans les équipes jeunes avant de choisir la sélection algérienne.Un choix du coeur pour la plupart de ces jeunes joueurs, qui, bien qu’ils possèdent également des papiers d’identité français, se sentent beaucoup plus proches de l’Algérie, leur berceau familial et ancestral.
Ce choix du coeur est également partagé par les nombreux Algériens ou d’origine algérienne, installés en France de fraîche date ou depuis quelques générations, qui n’ont pas rompu avec leur pays d’origine, quoi qu’en pensent ou qu’en disent les responsables politiques défendant le modèle « d’intégration » à la française. Interrogés hier soir à Nantes plusieurs supporteurs de l’Algérie – qui compte une communauté importante dans la capitale historique de la Bretagne – n’ont pas hésité à nous livrer ce qu’ils avaient sur le coeur : « Moi mon pays, c’est l’Algérie. » confie Yassine, un jeune de 21ans. « La France, c’est simplement le pays qui m’héberge, mais sûrement pas mon pays de coeur. De toute façon, nous sommes de plus en plus nombreux ici. Fallait pas nous coloniser » lâche t-il, avec le sourire. D’autres sont plus modérés : « On supporte l’Algérie sans aucune hésitation. Après, on respecte le pays qui nous accueille, on a la carte d’identité française quand même » clame Hicham, un supporteur des Fennecs.
Cette appartenance revendiquée, souvent avec virulence (la ville de Roubaix, comptant une forte communauté algérienne, a été bouclée pour le match Belgique- Algérie ce mardi afin d’éviter tout débordements (1)) et/ou incidents (2) témoigne, notamment à l’occasion des rencontres sportives, de la permanence des identités. Pour mémoire, la France compte selon les recensements officiels 5 millions d’Algériens (3) ce qui en fait la plus grande diaspora d’Algérie.
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre – entre autre – de la Jeunesse et des Sports, a déclaré récemment (4) ne pas espérer que l’Algérie rencontre la France lors de cette Coupe du monde, laissant sous-entendre les nombreuses tensions communautaires que pourrait engendrer une telle rencontre. Selon un sondage récent de New York Times, l’équipe d’Algérie serait l’équipe la plus détestée de la Coupe du Monde par les Français. Ceci explique peut-être cela.
