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Mardi, 8 Janvier 2008
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Gauche nationale ? Droite nationale ?
Thomas Ferrier
Tribune libre
Gauche nationale ? Droite nationale ?
Dans certains milieux radicaux du nationalisme français, de la « mouvance nationale » comme l’appellent ses partisans, le ralliement au Front National d’un sociologue qui était passé du PCF au souverainisme de gauche (d’un Chevènement et d’un Sarre), a agité et continue d’agiter le bocal grillagé de l’ultra-droite. Idéologiquement, l’apport paraît fort peu évident et il ne serait pas faux de dire que l’intellectuel susmentionné a plus adopté l’idéologie dominante de son nouveau parti qu’il n’y a fait dominer son propre positionnement. Sous l’étiquette de « gauche nationale », ses partisans, issus pour une part importante de la droite radicale et national-révolutionnaire, de jeunes frontistes en mal de sensations pour une autre part, défendent dans un nouveau « think-tank » des positionnements reposant sur un concept qui rappellera à certains politologues les positions colonialistes de Jean-Marie Le Pen en 1958, voyant dans les Algériens une force jeune pour la France. Aujourd’hui, ce sont les populations allogènes installées en France depuis parfois des décennies qui apparaissent pour ces néo-frontistes comme les alliés naturels d’une opposition radicale à l’atlantisme, au sionisme et au capitalisme. Pour eux, le Front National doit devenir l’arme politique par excellence au service de cet idéal là. En clair, il s’agit de briser l’image d’un FN partisan d’un retour forcé des immigrés dans leur pays émetteur, et au contraire de présenter ce parti comme une force assimilationniste, prête à considérer les descendants des migrants extra-européens comme des Français à part entière, au grand dam de son électorat et de beaucoup de ses partisans, qui ne se retrouvent au FN et pas au PS ou au PCF qu’en raison de la question migratoire.

Mais qu’est-ce donc que cette « gauche nationale » et en quoi se distingue-t’elle vraiment de la droite nationale ?

Qu’est-ce que la « gauche nationale » ?

Pour l’italien Francesco Mancinelli, chanteur « identitaire », « la gauche nationale [est] païenne, gibeline et impériale ; en un mot : fasciste ». Les membres d’un groupuscule français se revendiquant de « gauche nationale » et sortant une revue portant le nom d’une revue barrésienne du XIXème siècle, seraient probablement prêts à accepter ce terme, puisqu’il se dit que l’une de leurs références serait le franciste Marcel Bucard, qui dans les années 30 défendait un fascisme socialiste et catholique. Et Barrès est avant tout, nous le savons depuis les travaux de Zeev Sternhell, l’inventeur d’une forme de socialisme nationaliste à la française. Aussi, la gauche nationale, dans sa définition formelle, c’est l’union du socialisme et du nationalisme, c'est-à-dire selon la définition de George Valois, le fascisme, alors que la droite nationale, son ennemie de toujours, c’est donc l’extrême-droite, même si entre les deux, le mur est souvent poreux.

En France, après 1945, le mouvement qui se rapprochait le plus de la gauche nationale, était celui du jeune Jean-Pierre Chevènement, « Patrie et Progrès », que le politologue René Monzat associe au « premier fascisme, socialisant et républicain », et que le néo-fasciste Maurice Bardèche considérait aussi comme proto-fasciste. Bien entendu, le Chevènement actuel n’a plus grand-chose à voir avec le jeune homme des années 50, si ce n’est que du CERES au MRC il continue de se revendiquer de la gauche.

De la « gauche nationale » à la droite nationale ?

Aussi, comment doit-on définir les partisans de ce nouveau mouvement/think tank se revendiquant de cette étiquette ? Sont-ils des néo-fascistes ? Ou est-ce qu’en vérité cette étiquette là n’est pas très mal adaptée ? Leur positionnement politique est-il si révolutionnaire, si subversif, qu’ils le prétendent ? Et son ralliement au parti par excellence de droite nationale, le Front National, avec toute la part d’opportunisme sous-jacente, n’est-il pas la démonstration par exemple qu’il faut se demander s’ils sont vraiment de « gauche ». Ce n’est pas parce qu’on vient de la gauche, qu’en devenant nationaliste, on devient de « gauche nationale ». Prenons un exemple précis, l’ancien anarchiste Gustave Hervé. Issu de l’extrême-gauche, dans sa frange la plus anti-nationale, il se découvre nationaliste au sortir de la guerre et même fasciste. Fondateur d’un Parti Socialiste National, puis d’une Milice Socialiste Nationale, il s’inscrit clairement dans la gauche nationale. Jusqu’au jour où il en vient à prôner la dictature de Pétain plusieurs années avant l’étrange défaite de 1940. Il ressemblait à la gauche nationale, il avait été de gauche nationale, mais au final il apparaissait comme un homme de la droite conservatrice. Et être républicain ne suffit pas à échapper à cette critique.

En vérité, cette nouvelle « gauche » nationale est on ne peut plus conservatrice dans les faits, elle est républicaine au sens courant du terme, elle défend la vision populaire du républicanisme, avec ses illusions, comme l’assimilation par exemple, selon la définition de la nation proposée, dans un contexte très particulier, par Ernest Renan, c'est-à-dire une « nation » fruit d’une volonté et non rassemblement de ceux de même origine (sens étymologie du terme « nation » d’ailleurs). Non, cette « gauche » nationale n’est pas révolutionnaire, elle n’est pas non plus néo-fasciste, elle est conservatrice, et elle me fait personnellement penser aux idées du Parti Social Français du Colonel de la Rocque dans les années 30, mouvement qui avait plus d’un million d’adhérents et qui aurait probablement fait un score électoral important en 1940 s’il n’y avait pas eu la guerre, donc à la droite nationale dans toute sa splendeur. Aussi, le ralliement de cette structure au Front National qui, idéologiquement se rapproche infiniment plus des Croix de Feu que du Parti Populaire Français, n’est pas du tout étonnant.

Entre l’euro-socialisme, européaniste et socialiste par définition, d’une gauche qui remonte aux pères fondateurs, à Saint-Simon, à Leroux par exemple, et jusqu’à Jaurès, et cette « gauche nationale », il y a véritablement un abîme. Le premier est révolutionnaire, il ne vise pas à restaurer la France de grand-papa pas plus qu’à accepter la France telle qu’elle est devenue, il cherche au contraire à renverser le Système en place et à mettre en place une république sociale européenne et défend une forme de table rase juridique, mettant à bas les constitutions des états au lieu de vouloir s’appuyer sur elles, elles qui nous interdisent toute action salvatrice dans l’intérêt du peuple européen. La seconde est conservatrice, elle est hyper-réaliste, ce qui en politique est aussi néfaste que le pessimisme, et donc elle est fondamentalement liée à la décadence qu’elle prétend combattre. Or l’Europe a besoin d’une révolution et certainement pas d’un retour en arrière, comme le serait la disparition de l’Union Européenne et le retour à des nations qui sont objectivement profondément dénaturées, qui sont des coquilles vides dont il ne reste que l’emballage tricolore (dans le cas de la France). Et de même le socialisme est inapplicable à l’échelle des états, il ne peut l’être qu’à l’échelle de l’Europe, car pour résister au mondialisme, il faut avoir la masse critique. Un socialisme national à la française, même républicain et sans relents fascisants, n’aurait en aucun cas, à supposer qu’il puisse parvenir au pouvoir, la possibilité d’agir réellement. Il serait l’otage de la constitution et serait par ailleurs rapidement brisé économiquement, par les rétorsions que sa politique créerait en Europe. « La France seule », que ce slogan maurrassien soit repris dans les faits par la droite nationale et par cette « gauche » nationale, et c’est une bonne définition de ce qu’est le souverainisme, en dit long. La « France seule », même sous Napoléon Ier, ce n’était déjà pas possible.

Entre universalisme et chauvinisme.

Cette « gauche » nationale défend tout simplement l’idéologie composite issue de la révolution française, mélange de chauvinisme (thème de la « Grande Nation ») et d’universalisme, c'est-à-dire l’idéologie de la république dans son contexte actuel. Ce qui fait que ce discours là, y compris celui d’assimilation des populations allogènes, ressemble au discours « républicain » colonialiste de la fin du XIXème siècle. Or ce mélange de chauvinisme et d’universalisme, qui n’est qu’une interprétation possible de l’idée de république, me paraît responsable à plus d’un titre de la situation que vit la France aujourd’hui. Certes, cette « gauche » nationale est anticapitaliste, mais l’anticapitalisme n’est pas qu’une vertu de gauche, et donc sa république est chauvine et universaliste mais se prétend sociale ou socialiste. Il y a une évidente sincérité dans ce positionnement, mais c’est une démarche qui n’a rien d’originale et qui ne me paraît pas répondre aux problèmes réels de l’Europe contemporaine, problèmes qui appellent des solutions très novatrices et pas des réponses toutes faites recherchées dans des vieux pots.

Surtout que la république de jadis n’a vraiment rien à voir avec l’idée de république aujourd’hui dominante dans tous les partis, et y compris dans ce think-tank prônant la réconciliation entre indigènes et allogènes sous la bannière d’une république mythifiée. Cette « république » là est un mélange entre Jeanne d’Arc et les combattants de Valmy, d’une part, combattant le « parti de l’étranger », et Ferry d’autre part, partisan de la France impérialiste sur trois continents. La république française, qui ne nous déplaît pas, à nous européanistes, c’est pour nous bien autre chose. C’est le pôle de la révolution européenne que la révolution française aurait dû être, c’est aussi la république d’une France homogène. C’est la France de Sieyès, d’Hébert et de la gauche socialiste française du XIXème siècle, ou encore de Jaurès et du jeune Clémenceau, celui qui s’opposait au colonialisme au nom de la république. Nous rejetons et la France universaliste, c'est-à-dire au final une France impérialiste et raciste, et la France chauvine et europhobe. Et nous rejetons à plus fortes raisons le mélange des deux. Nous voulons une France qui se sente pleinement européenne, qui restaure son européanité au lieu d’accepter son altération passée, nous voulons une France qui à côté de l’Allemagne, de l’Italie, de la Pologne et de la Russie, travaille à forger l’Europe Nation de demain, notre bel idéal mais aussi la seule solution pour assurer le relèvement de notre civilisation toute entière. Nous voulons une Europe socialiste, qui prenne le meilleur de la France, comme de l’Allemagne, tout en laissant de côté ses erreurs. Il y a dans le socialisme scandinave, il y a dans le socialisme allemand, beaucoup de choses à apprendre. Là encore, ne tombons pas dans l’erreur d’un socialisme français supérieur. Il est exact que face à une Union Européenne incapable de rompre avec l’ultra-libéralisme dont ses dirigeants sont partisans, il est tentant de se rabattre sur une forme hexagonale de socialisme, mais ce serait une grave erreur. L’Union Européenne actuelle s’attaque, au même titre que les gouvernements des Etats d’ailleurs - il ne faudrait pas opposer de prétendus états protecteurs à une Union Européenne prédatrice, ils sont tous à mettre dans le même sac – au syndicalisme danois ou suédois par exemple. Il est étonnant, et significatif, que la droite nationale et une certaine gauche socialiste se retrouvent au final pour défendre ce modèle social scandinave. Mais l’unité des syndicats d’Europe, pas une unité de façade, ne serait-elle pas plus forte ? Face à une « Europe » libérale, il faut opposer une Europe socialiste, et pas une coalition hétéroclite de syndicalistes nationalistes.

Le souverainisme national, une mauvaise solution.

On comprend bien ce que le néo-frontiste et ex-chevènementiste évoqué veut faire, l’unité de ceux de droite et de gauche qui défendent la souveraineté nationale française. Donc c’est un mouvement qui n’est pas de « gauche », fusse-t’elle « nationale », mais un mouvement « et de droite et de gauche » cherchant autour du Front National à fédérer tous les souverainistes. Il est alors d’autant plus affligeant de voir s’y rallier de prétendus européanistes, se revendiquant du socialisme révolutionnaire européen comme d’un Jean Thiriart. Comme ces derniers voient de l’animation, alors que leurs propres structures semblent stagner ou même péricliter, ils essaient de s’y associer pour se redonner un peu d’éclat et éventuellement bénéficier par association des recettes éventuelles de l’aventure. Mais la politique au sens noble du terme ce n’est pas de se rallier au plus fort, mais de défendre sincèrement ses convictions, en espérant les faire partager au plus grand nombre. Les partisans souverainistes de ce think-tank sont cohérents et en ce sens respectables, comme l’est aussi leur figure de proue. Ce ne sont pas nos idées, elles sont parfois même à l’opposé, notamment sur la question de l’Europe, mais ils ont le droit de le penser, et nous de combattre leurs théories, tout en reconnaissant quand ils ont raison, notamment quand les souverainistes dénoncent à raison le manque de transparence démocratique au sein des institutions de l’UE ou l’absence de socialisme. Georges Sarre déplore que l’UE n’ait jamais pu être une « Europe socialiste », mais au lieu d’œuvrer au sein de l’UE pour qu’elle le devienne, il préfére se replier sur la France seule. Si on veut une Europe socialiste, alors il faut la défendre au seul endroit où cela a du sens, au Parlement Européen ! Sinon, il ne faut pas ensuite se plaindre du fait que le socialisme n’y est pas vraiment défendu.

Que les souverainistes de gauche qui par socialisme s’opposent à l’UE et les souverainistes de droite qui par nationalisme s’y opposent aussi puissent s’entendre, autrement que dans un cadre contextuel (un référendum par exemple), pourquoi pas ? Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement ont pu tenir un meeting commun en présence de socialistes « du non ». Mais s’imaginer que cela peut se faire autour du Front National, je n’y crois pas une seconde. Et même en supposant qu’elle soit possible, qu’un « social-nationalisme » tel que dénoncé par Dominique Reynié puisse s’organiser politiquement et même peser électoralement, est-ce qu’il aurait les bonnes réponses aux bonnes questions ? Puisque l’axe de base qui rendrait leur unité possible serait le rejet de toute Europe politique, pas seulement de l’Union Européenne et de ses travers, et donc ce serait « la France seule », on sait que cela ne changerait rien aux problèmes, voire que cela les aggraverait. C’est tromper les français que de vouloir leur faire croire qu’il y aurait dans le souverainisme les solutions. Soutenir le souverainisme aujourd’hui, c’est comme soutenir l’Algérie Française hier, c’est une monumentale erreur. Quel sera le De Gaulle de demain pour mettre fin à cette nouvelle utopie ?
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