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Jeudi, 5 Juin 2008
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Non, l'Algérie n'est pas antichrétienne
Christian Delorme
Tribune libre
Non, l'Algérie n'est pas antichrétienne
Longtemps terre de convivialité interreligieuse, l'Algérie est en train de se retrouver, chez nous, au banc des accusés, à la suite de différentes mesures qui ont restreint, dans ce pays, l'exercice du droit de vivre pleinement sa religion pour les chrétiens de différentes dénominations.

Les récents procès intentés à Tiaret contre des personnes d'origine musulmane qui ont embrassé le christianisme de tendance évangélique valent désormais à l'Algérie d'être considérée, dans les pays occidentaux, comme un pays où les chrétiens sont persécutés. Cette situation est au moins autant dramatique pour l'Algérie, dont l'image se trouve ainsi salie, que pour les chrétiens en question.

Il faut donc absolument que cette double dynamique : dégradation de la vie des chrétiens de l'Algérie d'une part, et détérioration de l'image de l'Algérie d'autre part, soit enrayée au plus vite. Car l'Algérie n'est pas une terre antichrétienne. Ses dirigeants ont eu maintes fois l'occasion, dans un passé qui n'est pas lointain, d'exprimer leur considération pour les Eglises historiquement présentes chez eux.

Ces derniers jours encore, à l'occasion d'un séminaire international consacré à l'émir Abd El-Kader qui s'est tenu à Alger les 24 et 25 mai, Mgr Henri Teissier, archevêque (démissionnaire) d'Alger, et moi-même, nous avons fait l'objet de toutes les marques d'attention de la part des autorités algériennes, à commencer par le deuxième personnage de l'Etat, le président du Conseil de la nation (Sénat), Abdelkader Bensalah. Et j'ai eu la possibilité de parler de tout cela très ouvertement et très franchement pendant une heure avec le président du Haut Conseil islamique d'Algérie, le docteur Cheikh Bouamrane.

Oui, il y a, depuis plusieurs mois, des situations qui sont révoltantes, telles l'expulsion d'un pasteur protestant présent dans le pays depuis quelque quarante-cinq ans, ou la condamnation à une peine de prison avec sursis d'un prêtre qui n'avait fait rien d'autre que de prier avec des chrétiens camerounais immigrés clandestins.

Mais ce que disent le pouvoir algérien et une partie notable de la population est également à entendre. Ce qui fait fondamentalement l'unité de l'Algérie, en effet, c'est son islamité. Là demeure l'identité profonde de son peuple. L'existence de chrétiens européens, même naturalisés algériens, ne représentait pas une menace contre cette unité et cette identité. Il n'en va plus de même quand des Algériens issus de familles musulmanes deviennent chrétiens. Car alors reviennent aux mémoires les atteintes à la culture et aux institutions musulmanes qu'ont perpétrées les conquérants coloniaux. Alors retrouvent vie les souvenirs des tentatives de détournement de l'islam qui ont été exercées au XIXe siècle sur certains groupes de la population.

Connaissant l'utilisation à son profit du christianisme évangélique que la puissance impériale américaine fait en divers pays du monde, les Algériens sont nombreux à craindre qu'existe une stratégie qui viserait à créer une minorité chrétienne dans leur pays, qui pourrait devenir un jour prétexte à des interventions militaires. Il y a certainement, derrière les difficultés faites actuellement aux chrétiens, des pressions exercées par certains Etats du Golfe ou de la péninsule Arabique, afin que l'Algérie affiche davantage son islamité aux portes de l'Europe. Mais il y a, également, ces peurs algériennes et une sensibilité particulière du peuple d'Algérie qui ne doivent pas être traitées par le mépris.

Dans cette situation, l'urgence se fait sentir d'une réflexion sereine sur la légitimité, ou non, du prosélytisme chrétien en terre d'islam. Car si l'on ne peut que défendre le droit de chaque individu à aller librement vers la foi de son choix, en revanche il peut paraître moins sûr que soient permises les tentatives de ramener à soi, par des techniques diverses, des hommes et des femmes appartenant à la foi musulmane. L'Evangile, certes, demande aux chrétiens d'annoncer le Christ, mais pas au prix du déchirement d'un peuple, pas au prix de l'engendrement de situations de violence. Ce furent, d'ailleurs, jusqu'à aujourd'hui, le "credo" et la pratique de Mgr Teissier comme du cardinal Duval, tous les deux des constructeurs de l'Algérie contemporaine.

notes

Christian Delorme est prêtre du diocèse de Lyon, engagé de longue date dans le dialogue islamo-chrétien.

source

Le Monde du 04.06.08.
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