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Mardi, 23 Septembre 2008
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Plaider pour un retournement d’alliance ne veut pas dire « mourir pour Moscou » !
Jacques Marlaud
Tribune libre
Plaider pour un retournement d’alliance ne veut pas dire « mourir pour Moscou » !
"Faut-il mourir pour Moscou ?"

Claude Bourrinet pose ci-dessous sur ce site, une question qui ne me semble pas du tout d'actualité.

Qui, en Europe, à part peut-être quelques centaines de jeunes Russes à l'occasion de la récente petite guerre du Caucase, envisage ou a eu la moindre velléité de payer de sa personne pour défendre la Russie ?

D'abord, ce grand pays à vocation impériale, qui renoue timidement avec une conscience historique à laquelle il avait dû renoncer dans le grand chambardement des années 1990, n'a nullement besoin de nous. Les Européens de l'Ouest sont fréquemment considérés là-bas comme des vautours, des pillards, des profiteurs, collaborant avec la mafia locale et l'archi-rival états-unien pour dépecer la patrie sitôt délivrée de l'horrible oppression communiste pour retomber dans les pattes du capitalisme le plus féroce. En passant de la Nomenklatura à la Gouvernance mondiale par le truchement de la Dérégulation sauvage euphémisée en "démocratie de marché", les Occidentaux ont tenté de convertir les Russes à leur mode de vie matérialiste et nihiliste sans leur faire illusion bien longtemps, pas plus qu'aux Allemands et autres Européens de l’Est. Les orphelins du communisme ont certes un long chemin devant eux pour s'en sortir, renouer avec un système économique plus équilibré, protectionniste, en accord avec leurs propres traditions, ou ce qu'il en subsiste.

Il en va de même au plan culturel et politique. McDo et CocaCola ont pollué de leurs enseignes les avenues de Saint Petersbourg et Moscou mais le procès d'américanisation des mœurs est activement combattu par d'autres tendances, notamment par le retour de la religion orthodoxe, restée plus proche des rites anciens que ses consœurs chrétiennes occidentales. Sur cette même ligne de résistance à l’occidentalisation, ont émergé des mouvements de jeunes patriotes comme les nachis (les "nôtres") qui ont permis à Vladimir Poutine de résister victorieusement à la subversion "orange" fomentée par certaines fondations états-unienne afin de renverser son gouvernement au moment où il était engagé dans un bras de fer avec les magnats apatrides de l'industrie et de la finance afin de leur arracher le contrôle des secteurs stratégiques.

La Russie, encore très déprimée, en chute libre démographique, en partie ravagée par l’alcool et des pratiques de corruption qu’une pesante bureaucratie peine à éradiquer, a perdu ou renoncé à plusieurs millions de km2 de son territoire impérial. Elle a dû faire face jusqu’au cœur de sa capitale à de redoutables terroristes armés et subventionnés à l’étranger. Elle est en proie à des manœuvres d’encerclement stratégique de la part de l’OTAN qui hérisse son pourtour immédiat de bases et de missiles. Ce qui ne l’a pas empêchée de réagir vigoureusement dans le Caucase aux tentatives de dépeçage de son grand corps malade entamées dès 1991 en Bosnie et en Tchétchénie, et poursuivies cette année avec l’humiliant traitement infligé à l’allié serbe au Kosovo en toute illégalité.

Dans ces conditions, évoquer une menace russe contre l’Europe de l’Ouest (je cite : « Qu’arriverait-il si les tanks de Poutine arrivaient jusqu’à Paris ? » ) non seulement relève du fantasme mais dénote une inquiétante irresponsabilité géopolitique.

Certes, Vladimir Poutine montre son pavillon face à celui de l’OTAN. Il procède à un tir de missile stratégique au Kamtchatka, parle d’installer des bases de missiles à Kaliningrad face à celles de l’OTAN en Pologne et en Tchéquie, envoie des bombardiers et une flotte à Caracas, dans l’arrière-cour du rival et prévient les ex-satellites en Europe et leurs alliés que s’ils s’avisent de pousser trop loin la provocation anti-russe, la facture de gaz et d’autres approvisionnements risque d’être salée cet hiver. C’est de bonne guerre, et ça marche, justement parce que personne n’a envie de souffrir (ne parlons pas de mourir) pour payer les pots cassés par Tbilissi ou subir le coût des caprices des enfants gâtés de Tallin, Varsovie ou Kiev.

Certes il reste des problèmes ethniques et territoriaux à régler avec l’Ukraine, la Moldavie, les Pays Baltes et encore et toujours dans les Balkans… La Russie, désormais confiante en elle-même, n’entend plus se voir léser d’intérêts légitimes sans réagir. L’Europe a le devoir de désamorcer les conflits potentiels dans cette Mitteleuropa vitale pour sa sécurité et son bien-être. Mais elle ne peut réussir qu’à la condition de prendre au sérieux son rôle de médiateur, de cesser d’écouter la voix de son maître à Washington, de parler et d’agir enfin au nom de l’intérêt général européen.

La Russie n’est pas menaçante parce qu’elle se renforce, fait valoir ses droits dans sa sphère d’influence légitime et répond aux démonstrations de force par des démonstrations équivalentes. La véritable menace russe, si elle devait poindre, viendrait au contraire d’une faiblesse continuelle, de la difficulté à se défendre contre les subversions et les provocations des rivaux qui auraient aimé ne jamais la voir se relever du terrible effondrement soviétique.

Mais, disions-nous, la simple évocation d’une menace à notre encontre de sa part (rhétorique démagogique ?) est une irresponsabilité géopolitique, car ce faisant nous nous alignons automatiquement sur le discours tenu à Washington dont l’objectif est d’empêcher toute fraternisation, toute entente, tout front commun au nom d’intérêts partagés sur un axe Paris-Berlin-Moscou susceptible de contrer l’Internationale atlantiste, de remettre en cause le nouvel « ordre » mondial que l’on tente d’imposer définitivement par un déploiement de force incontesté parce que matériellement incontestable.

Claude Bourrinet semble faire d’une telle question l’objet d’un choix purement personnel. De même qu’il nous recommande de cultiver « d’abord une haine très saine pour tout ce qui nous vient de Nouille York, et pour les collabos atlantistes », tout en soutenant les ennemis de nos ennemis, nous devrions, selon lui, faire preuve vis-à-vis de la Russie, pas tout à fait aussi « identitaire » ou amicale qu’il l’espérait, d’une certaine indifférence.

Notre raisonnement à L’Esprit Européen est bien différent : on peut aimer ou pas les États-Unis, la Russie ou la Chine, l’Iran, Israël ou le Hezbollah, pour des raisons d’affinités ou de répulsion idéologiques, religieuses, ethniques ou esthétiques… Question secondaire du point de vue géopolitique pour lequel les enjeux, les rapports de force, les intérêts vitaux priment sur les sentiments particuliers.

Qu’on aime ou pas les États-Unis, ceux-ci, par leur position sur l’échiquier international, par leur comportement unilatéral et agressif, par leurs manœuvres cherchant à diviser les Européens entre eux pour mieux les asservir à leurs propres objectifs, par les nombreuses bases militaires qu’ils continuent d’occuper sur nos terres sans aucune raison valable, se désignent eux-mêmes comme l’ennemi irréductible de l’équilibre, de la paix, de l’entente, de la sécurité, de la souveraineté du vieux continent. C’est en cela et rien d’autre qu’il nous faut les combattre.

Qu’on l’aime ou pas, le sort de la Russie et ses rapports avec nous sur le petit cap de l’immense Eurasie qu’elle domine de sa masse territoriale, ne peut nous laisser indifférent. Pour la paix continentale, pour sa propre survie, l’Europe a besoin d’une Russie forte comme le souligne notre récente pétition (cliquer ici pour la signer). C’est cette perspective, et aucune autre, qu’il nous faut saluer et encourager au nom de la réconciliation continentale. (1)

Le 22 septembre 2008

notes

De la même manière, pour des raisons voisines, dénuées de sentiments, les Européens ont tout intérêt à se dégager de l’emprise « Usraélienne » sur le Moyen-Orient, région d’importance stratégique majeure pour l’Europe. Un grand dessein européen doit imaginer une politique arabo-musulmane à la mesure de ses intérêts géopolitiques et regarder d’un œil bien moins malveillant qu’actuellement la résistance de la Syrie, de l’Iran, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais à l’impérialisme de l’axe Tel-Aviv-Washington. Le même raisonnement s’applique à l’Asie centrale et extrême-orientale, tout comme à l’Amérique latine.

Photo : Jacques Marlaud
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