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Lundi, 18 Novembre 2002
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Les deux Bruno et la benjamine
Jean-Marc Brissaud
Tribune libre
Pour la droite nationale l’événement le plus important de cet automne est sans doute ce sondage qui ouvre la porte de la succession de Jean-Marie Le Pen. En posant la question de savoir qui pourrait être susceptible de recueillir l’héritage des vingt années de succès du Front National, on a enfin posé la bonne question. La réponse est étonnante puisque que l’on trouve - dans l’ordre et dans un mouchoir de poste : D’abord Bruno Mégret, actuel président du MNR et ancien n° 2 du Front National qu’il contribua à ériger en grand parti de la Droite nationale ; puis son ancien rival au sein de la formation lepéniste, Bruno Gollnisch actuel n° 2 du FN ; enfin Marine Le Pen, l’étoile montante, fille de son père.

Première constatation et elle est de taille : pour l’opinion publique comme pour l’électorat FN+MNR, ces trois personnalités politiques appartiennent au même camp et sont donc jugés sur leurs capacités à promouvoir ces thèses que sont, d’une part la défense de la France et des Français d’abord, d’autre part la lutte contre l’immigration et l’insécurité, et enfin la remise de l’ordre dans notre pays…

Seconde constatation : il y a d’un côté deux hommes de la même génération – qui sont ou ont été députés nationaux et députés européens -, bardés de diplômes ; et de l’autre une femme, jeune et ancienne avocate.

Peu s’aventurerait aujourd’hui à savoir qui incarnera demain le droite nationale et surtout quand cet événement se produira. On peut cependant analyser l’état des chances de ces trois concurrents sur l’actuelle ligne de départ.

La benjamine, tout d’abord.

Il y a quelques années personne n’aurait parié sur le succès de cette belle fille, avocate puis juriste au FN, dont on soulignait les piètres prestations, le peu d’appétit au travail et l’amour immodéré des complots. En l’empêchant en 1997 de parvenir au Bureau politique, Bruno Mégret et ses amis avaient négligé son pouvoir de nuisance et sa rancune tenace qui lui fit déclarer à la télévision, entre les deux tours de la dernière élection de Vitrolles, qu’elle souhaitait la défaite de Catherine Mégret, donc la victoire des socialistes.

Poussée par son père, Marine Le Pen s’est révélée aux Français lors de la dernière élection présidentielle avant de devenir la coqueluche des médias de cette terne rentrée politique. Elle a très bien réussi dans ce rôle et ses bonnes, voire excellentes, prestations télévisées ou radiophoniques lui ont valu plus qu’un succès d’estime : le début d’une véritable adhésion populaire.

Elle a beaucoup d’atouts pour elle : le fait d’être une femme dans un monde politique qui se féminise ; celui d’être jeune qui lui permet d’incarner toutes ces générations peu politisées mais qui souffrent au quotidien des maux actuels de notre société : immigration, insécurité, chômage, manque de formation…

Tout cela suffira-t-il à distancer les deux Bruno à la course ? Saura-t-elle conserver sa bonne image médiatique tout en démontrant ses capacités à rassembler et à organiser son camp politique sur un projet nouveau susceptible de remobiliser l’électorat volatil du 21 avril 2002 ?

Si oui un grand destin lui est promis, si non elle sera, au mieux, la Simone Veil de l’extrême droite.

Devant la montée et le succès prévisible de Marine Le Pen, certains prédisent déjà l’échec de Bruno Gollnish.

Homme de conviction, sincèrement attaché aux idées traditionnelles qui forment le fondement doctrinal de la Droite nationale, l’actuel délégué général du Front National est un universitaire brillant et cultivé qui a démontré, à l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, de grandes qualités de politicien d’assemblée. On lui reproche pourtant de plus parler que d’écrire. Paresse de plume ou soucis de ne pas faire de l’ombre au président Jean-Marie Le Pen, aucun ouvrage de lui ne figure dans les bibliothèques des militants nationaux. De plus, s’il est convivial et facilement rassembleur, on ne cite pas, parmi ses premières qualités celle de l’organisation ; s’il cultive le don de la relation aimable cela pousse parfois jusqu’à l’obséquiosité que l’on attribue à ses attaches linguistiques et familiales japonaises.

Jusqu’à cette année 2002, le principal atout de Bruno Gollnisch était le soutien actif et sans faille de Jean-Marie Le Pen. Combien d’entretiens, de déjeuners et de dîners entre les deux hommes qui appréciaient leur commune approche de biens des problèmes politiques, sociologiques et historiques !

Il ne lui reste aujourd’hui, au-delà d’une partie des réseaux de ses anciens amis solidaristes, le faisceau des mille et un courants souterrains du Front National : ces vieilles extrême-droites françaises – strates historiques et idéologiques figées – réunies dans leur commune crainte de la montée irrésistible de Marine Le Pen.

Les soutiens de Bruno Gollnish ne représentent rien en terme d’électorat, peu en terme de militants mais beaucoup en terme de cadres, d’organisateurs de divers colloques et réunions, de diffuseurs de journaux et bulletins, de chapelles concurrentes, etc. Contre eux, lors d’un congrès, rien n’est jamais gagné. Or c’est sur terrain que va devoir se battre Bruno Gollnisch – côté fermé donc ; car on ne voit pas comment il pourrait, après Le Pen, apparaître comme l’homme de la continuité au Front National et celui du nécessaire renouveau en ce début du 21° siècle. Seul un échec cinglant de Marine Le Pen le lui permettrait ; et il n’est pas pour l’instant prévisible.

Sans argent et sans électorat, Bruno Mégret suit son petit bonhomme de chemin.

Après, les échecs successifs et cuisants aux européennes, aux présidentielles et aux législatives, après la perte de la vitrine vitrollaise, le rejet du compte de campagne, le gouffre financier qui menace le MNR de faillite, l’éclatement de son jeune parti consécutif au catastrophique discours de Périgueux, on ne parierait pas grand chose dans l’affaire sur les succès du troisième homme, Bruno Mégret.

Au-delà de ce lourd passif, les handicaps sont nombreux.

Jean-Marie Le Pen tient bien en main les rênes de son parti et compte bien transformer le prochain congrès en un triomphe personnel tout en intronisant sa benjamine aux dents longues comme le faisaient jadis les empereurs romains avec leur successeur avant de partir pour l’Hadès. Le triomphe du 21 avril a regonflé le moral des électeurs, des sympathisants et des adhérents d’un Front National qui espère bien en profiter pour se reconstruire une structure nouvelle en renouvelant ses cadres vieillissants ou en remplaçant ceux partis avec la dissidence mégrétiste.

Il manque toujours à Bruno Mégret, tant dans l’opinion publique que dans l’électorat de la Droite nationale, cette image de leader charismatique chaleureux et populiste. A l’évidence les médias ne l’aiment pas ou le négligent ; ils ne savent ni comment le traiter ni comment l’instrumentaliser.

Enfin, surtout à cause du manque de moyens financiers, l’une des plus grosses difficultés de Bruno Mégret et de son parti sera celle de surmonter son inexistence programmée aux élections de 2004.

Les atouts de Bruno Mégret sont cependant plus nombreux qu’on ne le croit.

Les médias hostiles n’ont pas réussi à le diaboliser ; et il conserve cette image d’homme de la droite de conviction, ferme sur les problèmes d’immigration, d’ordre et de sécurité mais qui a su se démarquer des excès – réels ou fabriqués – du lepenisme.

Dans l’opinion publique et dans l’électorat de la Droite nationale, Bruno Mégret, apparaît toujours comme un technocrate organisateur, intelligent et travailleur, mais au style un peu froid. On le crédite de se montrer capable d’adapter les idées traditionnelles de son camp avec les nécessités d’un monde qui en ce début du 21° siècle doit avoir affaire au double défi de la mondialisation et du choc des civilisations. Ses prises de positions intelligentes sur l’euro et sur la nécessaire défense de l’identité européenne – par exemple - lui donnent quelques longueurs d’avance sur les timides adaptations doctrinales du FN.

D’une façon paradoxale, ses récents déboires et l’acharnement mis par le Système à vouloir l’abattre ont humanisé son image et l’ont rendu plus sympathique à de nombreux Français – même chez ses adversaires.

Autre atout et non des moindres. De la récente crise qui a vu partir – ou s’éloigner - un très large partie des cadres qui avaient fait le succès du FN puis du MNR, Bruno Mégret sort renforcé. Cette épreuve lui a beaucoup appris et a resserré autour de lui ceux qui ont choisi de continuer le combat avec le MNR, à la base comme dans l’encadrement. Alors que ses deux concurrents, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, doivent compter leurs partisans dans chaque fédération et au détour de chaque couloir, Bruno Mégret n’a et n’aura plus ces soucis.

Dans cette course entre une benjamine et deux Bruno, Bruno Mégret apparaît ainsi comme celui qui possède à la fois le plus d’atouts et le plus de handicaps. Son avenir ne se joue cependant pas uniquement dans sa capacité à faire fructifier ses atouts et à se débarrasser de ses handicaps car il dépend de l’évolution de la situation politique dans notre pays comme dans la capacité du Front National à survivre demain à son fondateur en se donnant un leader fédérateur et populaire.

S’il réussit, Bruno Mégret peut devenir demain le leader politique capable d’emmener la Droite Nationale aux affaires ; s’il échoue, il n’aura été que le Rocard de l’extrême droite.

Quoi qu’il en soit, la réussite de ces trois personnalités nationales ne se jouera pas uniquement au sein de chacun de leur appareil ou dans la vaste nébuleuse qui désormais les entoure mais dans leur capacité à séduire l’électorat par leur image, leurs actions et leurs propositions.

Jean-Marc Brissaud - lundi 18 novembre 2002
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