A qui profite le crime ?
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15/07/02 |
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7.36 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Le 11 juillet dernier, l’armée marocaine a envahie l’île espagnole de Perejil aux large des côtes africaines.
Cet acte, pour en être symbolique n’en est pas moins extrêmement significatif.
En effet, cela a été réalisé en violation flagrante des conventions du traité d’amitié conclut en 1991 entre les deux pays et alors que l’Espagne ne ménage pas son aide économique au royaume alaouite et à ses ressortissants, qui sont nombreux à travailler sur le sol hispanique.
Or le gouvernement marocain espagnol est constitué de gens sensé. Ils ne peuvent pas raisonnablement avoir pris le risque de déclencher une crise avec un de leurs voisins sans avoir reçu des assurances...
A qui profite donc le crime ?
Précisons tout d’abord, pour situer la scène, que le régime marocain a été historiquement le premier pays arabe à avoir des contacts avec l’entité sioniste et à vouloir la « paix » avec elle, qu’il est un des pays arabe les plus occidentaliste qui soit (on remarquera - là aussi nous somme dans le symbolique - qu’un des invités d’honneur au mariage du roi qui vient de se dérouler était Bill Clinton !...), que ce n’est pas un pays « islamiste » mais un pays considéré habituellement comme « moderniste »...
Il n’y a donc pas là, le début du « choc des civilisations » mais une assistance d’un pays vassal à ses maîtres.
Voici plusieurs mois que les Anglais - les plus fidèles larbins des USA en Europe - étaient en difficulté face à l’Espagne sur le devenir de Gibraltar. Le problème faisait quotidiennement la une des médias britanniques et des « pieds-noirs » gibraltariens avaient commencé à organiser des manifestations pour dénoncer « l’abandon ». Il était évident que Tonny Blair avait du mal à justifier la présence anglais sur le territoire espagnol. Est-ce un hasard, une crise en chassant une autre, que les Espagnols doivent maintenant argumenter de leur souveraineté sur Perejil, légitimant ainsi par ricochet celle de Londres sur Gibraltar.
Par ailleurs, tout ce qui affaiblit l’Europe est toujours bon à prendre et ce type de conflit (comme ceux de Bosnie, de Chypre, etc.) empêche qu’une éventuelle alliance se fasse entre les peuples euro- méditerranéens pour refaire de la Méditerranée une mare nostrum. L’oncle Sam veille !
En fait, je me suis sans doute trompé en écrivant précédemment qu’il n’y avait pas à Perejil un exemple du « choc des civilisations »...
Il me semble en définitive qu’un tel choc existe bien...
Entre la thalassocratie américaine et l’Empire européen en devenir !
Christian Bouchet
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