22/09/02 18.52 t.u. Christian Bouchet

Je n’avais pas à l’origine une sympathie particulière pour Maurice Papon.

Il est une fait que celui-ci n’est pas de ma famille politique et que son passé n’est pas celui de ces « anciens » que j’admire. En effet, il n’est pas inutile de rappeler que Maurice Papon, qui vient de sortir de prison, n’est pas un affreux ancien collabo. Bien au contraire, il s’agit d’un ex-haut fonctionnaire qui fit carrière sous Vichy puis sous la IV et la V République et qui fut même un temps ministre.

Les persécutions qu’il subit, la personnalité de ses persécuteurs, sa condamnation pour un crime qu’il n’avait à l’évidence pas commis, me l’ont, petit à petit, rendu sympathique.

A défaut d’être de mon camp, il avait les mêmes ennemis et c’est déjà beaucoup.

Ainsi je n’ai pu que me réjouir de la libération bien méritée de ce nonagénaire.

Mais dans le même temps, en voyant à la télévision défiler les figures haineuses des anti-Papons, en lisant dans la presse les déclarations de certaines officines confessionnelles, je me suis mis à penser avec une certaine amertume que c’était avec ces gens là que certains membres du camp national voudraient nous voir nous allier.

Ces gens pleins d’une haine aveugle, ce sont en effet les amis d’Alexandre del Valle, ce sont ceux dont Bruno Mégret déclare partager les inquiétudes, ce sont ceux que certains sites d’extrême-droite nous vantent comme des exemples pour leur lutte anti-arabe.

Je me suis consolé en me disant que la situation n’était pas pire en France qu’ailleurs. Fini et Dewinter ont déjà fait leur téchouva et en Allemagne il semble que l’ancien leader des Républicains s’y prépare.

J’en étais là de mes réflexions quand j’ai lu une déclaration d’Enzo Palmesano, ce journaliste de confession juive membre de l’Alliance Nationale qui fut l’auteur de la motion adoptée par ce parti en 1995 condamnant l’antisémitisme et les lois raciales de 1938. Il expliquait la récente crise de sionistophilie aiguë que vient de connaître Gianfranco Fini. « Il s’agit d’une prise de position intéressée » expliquait-il, ajoutant qu’une réconciliation avec la Communauté juive « équivaudrait à un adoubement et lui ouvrirait la reconnaissance des Etats-Unis, deux des obstacles contrariant son ambition de devenir chef du gouvernement ».

Les Italiens savent donc maintenant que tout homme politique qui souhaite accéder aux plus hautes responsabilités doit passer sous les fourches caudines sionisto-américaines, en un mot que le suffrage universel ne suffit pas… Les militants nationalistes et nationaux européens savent donc maintenant que cette stratégie n’est pas seulement italienne et qu’elle explique bien des reniements et bien des mises à l’écart.

On a les chefs que l’on mérite, je ne pensais pas que nous méritions si peu.

Christian Bouchet