
La symétrie des fausses fenêtres
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27/02/03 |
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7.00 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Mes lecteurs férus de livres sur la désinformation connaissent sans aucun doute le sens de ce titre.
Pour les autres, il convient que je l’explique.
La symétrie des fausses fenêtres est une technique habile qui consiste à créer un faux parallélisme entre un fait, condamné par tous, et un autre fait qui par cette symétrie, cette mise en parallèle, va lui aussi être condamné sans réflexion.
C’est une telle technique que l’on peut voir à l’œuvre dans les reportages, les émissions ou les articles, dont nous abreuvent les médias au sujet de la crise irakienne. C’est cette symétrie qui est à l’oeuvre dans les manifestations concernant l’éventuelle guerre contre l’Irak.
Tout le monde est d’accord, ou presque, pour stigmatiser le comportement des USA et la politique de Georges Bush (cela d’autant plus facilement qu’il est classé « à droite »), mais dans le même temps, tout le monde, ou presque, stigmatise le président Saddam Hussein accusé des pires turpitudes.
Dimanche passé, Canal + a consacré un intéressant reportage au père Benjamin, un religieux Français très engagé dans le soutien à l’Irak. Celui-ci a été bombardé de question - non pas sur l’essentiel, c’est à dire sur la situation humanitaire en Irak ou sur les enjeux géopolitiques du conflit - mais sur le côté dictatorial du pays, sur les massacres qu’aurait commandité son principal dirigeant, etc., etc. Et le reportage qui aurait été, sans aucun doute, fort sympathique si le père Benjamin, comme un mouton, avait milité pour la paix devenait un témoignage à charge (avec une accusation affreuses et infamantes : le père Benjamin aurait des contacts avec les « rouges-bruns » !).
Que l’on participe à une manif pour la paix et le phénomène est identique : on dénonce Bush mais on réclame le départ du dictateur Saddam ou le retour de la « démocratie » en Irak (où tout le monde semble ignorer qu’elle règne beaucoup plus que dans les autres pays de la région).
En fait il est bien évident que même dans une situation comme celle que nous connaissons, nos « intellectuels », nos journaleux, nos hommes de gauche, etc., inconsciemment ou non, entendent toujours la « voix de leur maître » et ont toujours le cerveau branché sur « Radio Liberté ».
Disons le clairement, même si je pense que tout le monde l’avait déjà compris, la position des nationalistes-révolutionnaires et des radicaux n’est pas le moins du monde celle-là.
Nous ne manifestons pas pour la paix, mais en soutien au légitime gouvernement irakien ; nous plaignons le peuple irakien soumis aux bombardements anglo-américains, pas les tribus kurdes armées et financées par la CIA ; etc.
Pour nous, il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de similitude, de symétrie ou de parallèle.
Il y a d’un côté l’Empire du mal, l’Occident incarné, de l’autre les forces de résistance.
Un point c’est tout.
C’est dans cette optique, c’est pour dire cela aux officiels et au peuple irakien, qu’un certain nombre des nôtres - Belges, Français et Italiens - on quitté l’Europe, le 22 février dernier, pour se rendre à Bagdad.
Ils témoigneront sur place - mille fois mieux que les antimilitaristes écouillés - du sentiment profond du peuple européen.
Christian Bouchet
PS : organiser un tel voyage à un coût... et nos finances sont limitées... souvenez-vous donc de cette phrase de Mussolini « qui ne donne pas son sang, doit donner son argent » et aidez-nous !
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