05/02/04 3.28 t.u. Christian Bouchet

Personne ne l’y avait forcé, il avait pris la décision tout seul, comme un grand...

Alain Juppé nous avait promis qu’en cas de condamnation, il quitterait la politique.

On pouvait se dire, soit ce type à un indéniable courage politique, soit il est sûr de ne pas être condamné.

C’était vraisemblablement la deuxième option qui était la bonne, car en dépit de ce qu’il avait dit, Alain Juppé ne quitte aucune fonction et fait appel. De surcroît, il s’offre la tribune de Ppda pour dire que « pour le bien de tous », il reste. Montherland disait qu’il fallait tenir toutes ses promesses, même celles faites à un chien. Juppé lui, sans aucun honneur, retourne sa veste en public. Il s’en trouve bien, et il est félicité par toute la maffia libérale, après que la quasi totalité du monde politique ait déclaré, avec un bel ensemble, trouver la peine qui le frappait « trop dure » (mais aucun de ces pourris ne s’est jamais inquiété de la dureté des peines qui ont pu frapper les Mégret, Le Pen ou autres militants nationaux).

Après avoir reconnu s’être fait condamner pour avoir fait le jeu de pratiques courantes à l’époque, donc d’être coupable, il déclare : « Je trouve que je ne le mérite pas, je trouve que c’est trop ». Les prisons sont pleines de gens qui disent la même chose..

Mais eux, à la différence de Juppé n’ont pas accès à Ppda. Ils n’ont pas non plus les plus hautes autorités de l’Etat qui les soutiennent en critiquant une décision de justice pourtant rendue dans les règles.

Juppé ou un autre, de droite ou de gauche, là n’est pas, en fait, le véritable problème. Le véritable problème, c’est qu’une fois de plus un homme politique important vient d’affirmer en direct live - dans un show qui frise le suspense de la Star Ac’ -, et ce devant tout un pays, qu’il ne respectera pas ses engagements et qu’il peut se dédire comme bon lui semble. Est-ce que ce n’est pas un peu se discréditer, ça ? Est-ce que ce n’est pas, bassesse des bassesses, revenir sur un engagement, sur une parole donnée ? Une parole donnée d’autant plus symbolique que personne, encore une fois, n’avait poussé Juppé à prendre un tel engagement.

Du coup, le bon peuple que l’on incite à bien se comporter est aussi en droit de se demander si l’engagement public de Juppé lorsqu’il parle de quitter la vie politique en cas de jugement infamant n’était pas, en fait, un argument censé mettre la pression sur les juges en charge de l’affaire. En tout cas, rien de tout cela n’est reluisant. Et si ce type qui retourne sa veste comme on claque des doigts est le "meilleur d’entre nous", le plus digne de confiance, alors il faut se demander comment sont les autres. Ou bien alors, c’est que l’univers politique est un monde en négatif où tout est inversé, le blanc pour le noir, l’honnêteté pour la triche, le "droit dans mes bottes" pour "je viens de me coucher". Bref, ça se passe comme ça, en politique française, et c’est très écoeurant...

Au moins souhaitons que nous ne soyons pas les seuls à nous en rendre compte et espérons que nos concitoyens en tireront des conséquences lors des prochaines élections.

Christian Bouchet