
Les Croisés de l’oncle Sam
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03/03/03 |
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21.17 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Annoncé depuis quelques semaines, malheureusement retardé a plusieurs reprises, l’ouvrage de Tahir de la Nive : Les Croisés de l’oncle Sam est enfin paru.
Ce livre de deux cent pages - que j’ai eu l’honneur de postfacer - a un immense intérêt, celui de faire le point sur l’anti-islamisme rabique qui s’est développé depuis quelques années dans le mouvement national et qui cache mal un retour des vieux démons : l’occidentalisme, l’américanophilie et l’admiration béate du sionisme le plus extrémiste.
Derrière ce bégaiement de l’histoire, il y a deux hommes qui ne cachaient pas, hier, leurs liens d’amitié : Alexandre del Valle et Guillaume Faye.
Tahir de la Nive, vieux militant nationaliste grand européen, marqué par la pensée de Yockey et de Thiriart, démonte dans son ouvrage les arguments des deux compères et leurs manipulations.
Le chapitre où il montre comment Faye « bidouille » le Coran pour en sortir des citations qui n’y sont pas est particulièrement éclairant sur un mode de fonctionnement intellectuel.
Celui où il évoque le passé favorable à l’islamisme du principal rédacteur de J’ai tout compris, est aussi du plus grand intérêt. Ecoutons le récit que nous fait l’ami de la Nive de sa rencontre avec Faye : « C’est en 1985, à l’occasion d’un colloque tenu à Strasbourg par l’équipe d’Eléments que nous fîmes la connaissance de Guillaume Faye. Ses propos étaient alors, comme ceux de la Nouvelle Droite, empreints d’islamophilie, ainsi qu’en témoignaient d’ailleurs la présence dans leur groupe d’un Afghan, représentant en France des Moujahidine de Gulbudine Hekmatyar, ou encore la revue Eléments, plus particulièrement le n° 53, dans l’éditorial duquel on pouvait notamment lire : « Le réveil de l’islam n’est pas à nos yeux une menace, mais bien plutôt un espoir », puis un article de pas moins de huit pages, de Guillaume Faye, intitulé Pour une alliance euro-arabe, suivi d’autres de Pierre Vial : Les clichés ont la vie dure, tentant de mettre fin à ceux visant indifféremment les Arabes et l’islam, et de Claudio Mutti : Pourquoi j’ai choisi l’islam ».
Tahir de la Nive rappelle aussi que Guillaume Faye, figura au côté de Claudio Mutti - qu’il dénonce maintenant comme un « nazillon folklorique » - non seulement dans les colonnes d’Eléments, mais aussi dans une liste de « néo-nazis islamophile » (oui vous avez bien lu, c’est ainsi qu’était traité Guillaume Faye dans les années quatre-vingt) publiée page 239 du livre Le Croissant et la croix gammées de Kauffer et Faligot.
C’est donc à juste titre que Tahir de la Nive pose la question de la sincérité de Faye (était-il sincère alors ? l’est-il maintenant ?) et des raisons qui ont entraînées son retournement : « Les revirements en politique sont chose commune et, lorsqu’ils se produisent, la question à se poser n’est pas un « Comment donc ? » indigné, plus exclamatif qu’interrogatif, mais un « Pourquoi donc ? » suivi d’autres comme : « à la suite de quelles manipulations et infiltrations, de quels chantages ou marchandages ?». ».
Je ne cite que deux des douze chapitres du livre, mais ils sont tous à lire et à méditer.
Il est de bon ton actuellement de dénoncer de manière récurrente comme des pro-islamistes ceux qui, comme Tahir de la Nive ou moi-même, refusent de céder à l'obsessions anti-islamiste qui constitue la préoccupation majeure d'une certaine extrême-droite. Cela ressemble étrangement à une période pas si lointaine où l’on nous accusait d’être des « communistes » parce que nous refusions de céder à l'obsessions anti-soviétique.
Il est bien évident qu’hier comme aujourd’hui, « certains » veulent nous désigner l’ennemi que nous devons combattre. Un ennemi qui est sans doute le leur, mais qui n’est pas forcément le nôtre... Pour nous, l'ennemi principal ce n’est pas l’islam, ce n’est pas l’islamisme, mais c’est bien, encore et toujours, la civilisation américanocentrée, la modernité débile, la bourgeoisie consumériste, la diffusion de la sous-culture yankee en Europe, l'OTAN, etc. Le courage actuellement ce n’est pas de se mettre - consciemment ou inconsciemment - au service de Washington ou de Tel Aviv, mais de faire preuve d'intelligence lucide et l'intelligence en ce moment consiste à faire face à l'Amérique et à ses laquais.
Christian Bouchet
PS : Le livre est disponible via le service de VPC de ce site, ou par correspondance à Ars Magna, BP 60426, 44004 Nantes Cedex 1 (il vous en coûtera alors 25 euros franco) ou à La Licorne Bleue, 3 bis rue Jules Vallès, 75011 Paris (métro Charonne).
Par ailleurs, le samedi 8 mars, à partir de 15 heures, Tahir de la Nive signera son livre Les Croisés de l’oncle Sam, une réponse européenne à Guillaume Faye et aux islamophobes à la librairie La Licorne Bleue, 3 bis rue Jules Vallès, 75011 Paris (métro Charonne).
Venz nombreux !
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