08/12/02 20.47 t.u. Christian Bouchet

J’ai accompagné, ce jour, mon fils voir le second volet d’Harry Potter. Si l’histoire n’a guère d’intérêt, bien qu’elle réjouisse les enfants, j’ai été d’une certaine mesure fasciné par le morceau d’anthologie de bourrage de crâne antiraciste que constitue ce film.

Les méchants ont bien entendu les cheveux blonds, des types purs d’aryens et ils professent des théories racistes. Les bon sont des métis - des « sangs de bourbe » selon les mauvais serpentars - de magiciens et de moldus...

Rentré à mon domicile, j’ai compulsé la presse anglaise, que j’achète parfois bien que je n’ai jamais le temps de la lire, et j’ai trouvé dans un numéro récent du Guardian un papier qui m’a rappelé que les « sangs de bourbe » n’avaient pas toujours été ceux que l’on voudrait nous faire croire.

En effet le Guardian rend compte du martyrs, après la fin de la seconde guerre mondiale, des jeunes norvégiens nés de pères allemands. J’avais déjà abordé ce problème dans une précédente chronique donnée à un autre site radical, mais il ne me semble pas inutile d’y revenir.

Douze mille krigens barn (enfants de la guerre) demandent actuellement justice au gouvernement de leur pays. Ils rappellent que les plus vieux d’entre eux avaient quatre ans à la fin de la guerre et que, malgré leur jeune âge, ils furent enlevés de force à leurs mères et placés dans des asiles psychiatriques où ils furent traités comme des animaux.

Leur porte-parole Olaf Brandacher raconte au Guardian : « Dans une de ces nurseries forcée, à Trysil, dans le sud de la Norvège, les enfants vivaient un quotidien d’enfer. Il étaient obligés d’aller au lit à seize heures et ne pouvaient se lever avant huit heures le lendemain. Ils n’étaient pas autorisés à aller aux toilettes et, si ils se souillaient, ils devaient passer la nuit dans leurs déjections et ils étaient réveillés le matin suivant par le jet d’un baquet d’eau froide. Ils étaient nourris de force et quand ils vomissaient ils devaient réingurgité ce qu’ils avaient rendu. Les enfants étaient battus, victimes d’abus sexuels et il souffrirent là toutes les souffrances que l’on peut infliger à un être humain ».

Il semble que le Parlement norvégien devrait prochainement voter une loi accordant aux rescapés une indemnité minime. Aucun procès n’est par contre prévu... Cela alors que de nombreux coupables sont encore en vie et alors que l’on ne se gène pas pour poursuivre encore a travers le monde d’autre coupables (ou prétendus tels) qui ne firent sans doute pas plus, voire souvent bien moins, mais qui étaient eux du côté des perdants de l’histoire.

Des « sangs de bourbe » disais-je, oui, c’est bien cela, des métis, des sangs-mêlés, des impurs...

Christian Bouchet