Pour une fois ce n’est pas moi qui vous le dit...
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01/06/03 |
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10.59 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Ayant, en d’autres temps, expliqué que l’immigration était la conséquence directe du capitalisme libéral, et que donc c’était à celui-ci qu’il fallait s’attaquer et non pas aux immigrés - qui en étaient, au même titre que nous, les victimes - j’avais été très vivement pris à parti par un des principaux « théoriciens » français de l’anti-islamisme et de la haine altérophobe.
Il ne m’a donc pas été désagréable de lire dans le numéro d’Avril 2003 de « L'indépendance. La lettre de la souveraineté », une revue pour le moins « de droite », un intéressante entretien avec Maurice Allais, prix Nobel Français d'économie. Celui-ci y explique, de la même manière que je l’avais fait, comment l'immigration étrangère extra-communautaire massive a pour but de tirer les salaires vers le bas pour le plus grand bien du patronat :
« On a constamment prétendu améliorer le sort des travailleurs les plus défavorisés, mais l'immigration étrangère extra-communautaire massive à laquelle on a délibérément procédé n'a eu d'autre résultat que de déprimer les salaires réels français correspondant aux emplois les plus modestes, de susciter du chômage et de faire supporter par la collectivité française de nouvelles charges. (...) Il est faux de soutenir que les Français ne veulent plus exécuter de travaux pénibles. Ce qui est vrai, c'est qu'ils ne veulent plus les faire aux salaires réels qui sont pratiqués. L'immigration massive de main-d'oeuvre étrangère n'a fait que déprimer les salaires français correspondant aux travaux les plus pénibles ; elle n'a fait que rendre plus difficile la solution des problèmes sociaux ».
Maurice Allais ajoute que les capitalistes libéraux, ceux qui bénéficient de cette immigration qu’ils favorisent, se défaussent ensuite sur l’Etat à qui ils font supporter les charges de l’immigration : « C'est un fait que, dans les différents pays, le capital national reproductible est de l'ordre de quatre fois le revenu national ; il résulte de là que lorsqu'un travailleur immigré supplémentaire arrive, il faudra finalement pour réaliser les infrastructures nécessaires (logements, hôpitaux, écoles, etc.) une épargne supplémentaire, égale à quatre fois le salaire annuel de ce travailleur. Si ce travailleur arrive avec sa femme et trois enfants, l'épargne supplémentaire nécessaire représentera suivant les cas dix à vingt fois le salaire annuel de ce travailleur, ce qui représente manifestement pour l'économie une charge très difficile à supporter. »
Conclusion : c’est le capitalisme libéral qui fait venir les immigrés et c’est nous qui payons les pots cassés par l’insécurité, la désagrégation de l’unité nationale et l’augmentation des impôts.
Mais Maurice Allais est sans aucun doute - comme moi-même - un imbécile, un traitre et un ethno-masochiste... En effet l’ennemi ne peut être que l’islam et l’immigration est l’aboutissement d’un complot civilisationnel. C’est du moins ce que nous rabâchent certains identitaires répétant sagement la leçon apprise de leurs maîtres sionistes...
Il ne m’est donc pas désagréable de laisser Alain de Benoist leur répondre en citant des extraits de l’entretien qu’il a accordé au deuxième numéro hors série de Résistance qui vient de paraître :: lien ::
« L’anti-islamisme, qui affecte aujourd'hui les milieux les plus différents (..), est bien entendu d'une consternante bêtise. Ceux qui s'en réclament allèguent volontiers, en général sans l'avoir lu, le titre du livre de l'ancien théoricien de la Trilatérale Samuel Huntington, Le Choc des civilisations. Cette formule simple, sinon simpliste, est certes propre à séduire les amateurs de slogans, pour qui l'action politique se ramène à la manifestation convulsive de leurs rancoeurs et de leurs exécrations. Elle est pourtant dépourvue de tout caractère opérationnel pour l'analyse du monde postmoderne qui se met en place sous nos yeux (...) Le problème de l'immigration, le problème de l'islam, le problème de l'islamisme ne sont bien entendu pas sans rapports entre eux. Il n'en reste pas moins que ce sont des problèmes différents. Plus on est hostile à l'immigration, par exemple, et plus il est important d'avoir de bonnes relations avec les pays musulmans.
(...) Tout système totalitaire a besoin d'un diable, dont la dénonciation lui permet d'assurer son emprise sur ses sujets et de faire apparaître par comparaison ses propres tares comme mineures. Le totalitarisme « soft » du système occidental postmoderne n'échappe pas à cette règle. De même que les Etats-Unis ont utilisé l'existence du bloc soviétique pour se poser impudemment en chefs de file du monde « libre », ils trouvent aujourd'hui dans un « fondamentalisme islamiste » qu'ils ont eux-mêmes largement contribué à créer un repoussoir de nature à justifier et à pérenniser leur volonté d'hégémonie planétaire. C'est le principe même du racket, du chantage à la protection.
(...) S'il n'y a pas de « choc des civilisations », il y a en revanche des stratégies civilisationnelles. Les Etats-Unis, qui ont sur les Européens l'indéniable supériorité de vouloir penser le monde, en usent avec maestria. En pointant le doigt vers des dangers imaginaires, ils détournent l'attention de celui qu'ils représentent eux-mêmes. Une telle démarche séduit des catégories très diverses : des racistes, pour qui l'Autre représente toujours un élément perturbateur à faire disparaître, des chrétiens habitués à une historiographie ecclésiastique qui les a persuadés que l'islam a de tous temps été l'« ennemi de la chrétienté » - contrevérité manifeste dont a fait justice, entre autres, le grand historien catholique Franco Cardini -, certains pieds-noirs toujours contents d'assister par CNN interposé à des « ratonnades » de masse, des esprits simples fascinés par la volonté de puissance, qu'un tropisme irrésistible conduit à s'incliner régulièrement devant les plus forts, des libéraux et d'anciens gauchistes ralliés à l'idéologie des droits de l'homme qui, ne concevant la dictature que dans des termes classiques, restent aveugles devant les formes nouvelles du despotisme contemporain. Les nouveaux stratèges américains savent à merveille jouer de cet assemblage hétéroclite. Les agents d'influence font le reste. »
Mais Alain de Benoist est sans aucun doute - comme Maurice Allais et moi-même - un imbécile, un traitre et un ethno-masochiste... Notre seul ennemi ne peut-être que l’islam !
Christian Bouchet
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