22/06/03 6.39 t.u. Christian Bouchet

Il y avait plusieurs milliers d’invités, le 14 juin dernier, au trentième anniversaire de la rock star Svetlana Ceca Rajnatovic.

Certains ont même estimé qu’il y en avait plus de dix mille...

Pourtant, aucun magazine pipole n’a rendu compte des festivités organisées en faveur à la célèbre chanteuse slave..

Personne, ou presque, ne saura donc que Svetlana Ceca Rajnatovic a fêté son trentième anniversaire en prison et que ses dix mille invités battaient le pavé de Belgrade en scandant des slogans demandant sa libération.

Svetlana Ceca Rajnatovic n’est pas n’importe qui. C’est la veuve du célèbre militant anti-impérialiste, terreur de la bourgeoisie de Belgrade et bête noire des yankees, Arkan Rajnatovic inculpé par le TPI en 1999 et assassiné au tout début de l’année 2000.

En souvenir de son mari, Svetlana dirigeait diverses associations caritatives serbes, mais surtout elle chantait et animait un courant musical connu sous le nom de turbo-folk (le RIF local, le succès en plus). Ses concerts, alors que la population serbe ne dépasse pas les dix millions d’âmes, réunissaient sans difficulté cent mille fans qu’elle faisait vibrer en leur chantant leur histoire et leur nation.

Son succès n’était pas pour plaire aux kollabos de l’Ocident et le Wall Street Journal l’accusait ainsi : « (Elle) ne se contente pas de rendre présent le génocide à l’homme de la rue. Avec ses paroles, même des citoyens ordinaires deviennent ses supporters». Il fallait donc que Svetlana Ceca Rajnatovic soit neutralisée.

L’assassinat de Zoran Djindjic, l’homme des Américains en Serbie, a servi de prétexte à son arrestation. Sa demeure a été mise à sac par la police qui y aurait trouvé quelques armes (celles de ses gardes du corps). Cette mère de deux jeunes enfants est donc, depuis plusieurs mois, considérée comme une criminelle et traitée comme telle.

Comme plusieurs centaines de militants nationalistes serbes emprisonnés à Belgrade, elle reste détenue pour des raisons strictement politique. A défaut de pouvoir faire grand chose pour sa libération (mais écrire, téléphoner ou adresser un mail à l’ambassade de Serbie à Paris ne peut pas faire de mal...) nous lui garderons jusqu'à sa libération une place particulière dans nos coeurs.

Christian Bouchet

PS : Pour ceux qui l’ignoreraient encore, je signale que le tribunal d'Engels a pris la décision, contre l'avis du Procureur, de libérer Edouard Limonov avant la fin de sa peine et donc, concrètement, d'ici une dizaine de jours. En effet, l'Etat ne fera pas appel de cette décision.

Le tribunal a donc suivi l'argumentation de la défense selon laquelle, outre le fait que l'écrivain franco-russe bénéficie d'une notoriété mondiale, il a à sa charge des parents très âgés et connaît des problèmes de santé consécutifs à son incarcération.

De nombreuses personnalités de par le monde étaient intervenues en faveur de sa libération. Les efforts déployés depuis deux ans, en particulier en France à l’initiative des militants radicaux, vont enfin trouver leur récompense.