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:::::::: histoire :: italie ::

L'Amblimore antifasciste ou l’extrême-gauche pro-américaine

22/12/03 15.38 t.u.
Claudio Mutti


En Italie, un des plus grands représentants de la pensée marxiste, le proto-antifasciste Antonio Gramsci, revendiqua pour le groupe communiste Ordine Nuovo (fondé par lui en 1919 avec Palmiro Togliatti et autres) le mérite d'avoir soutenu une « forme d'américanisme accepté par les masses ouvrières ». Pour Gramsci il existe en fait un « ennemi principal », et il est, nous citons textuellement, « la tradition , la civilisation européenne (…), la vieille et anachronique structure sociale européenne ». Il faut donc remercier, dit-il, « la vieille classe ploutocratique », parce qu'elle a cherché à introduire « une forme très moderne de production et de façon de travailler laquelle est offerte par le type américain le plus perfectionné, l'industrie d'Henri Ford ».

Et la classe ploutocratique détermina rapidement ses compagnons de routes. Felice Platone, dont les travaux font autorité sur les classiques du marxisme, rappelle comment le sénateur Agnelli avait fait des « avances » au groupe de Gramsci et de Togliatti, au nom d'une prétendue « concordance d'intérêts entre les ouvriers de la grande industrie et les capitalistes de la même industrie ». C'est Gramsci, lui même d'ailleurs, qui parla d'un « financement de d'Agnelli » et de « tentatives d'Agnelli d'absorber le groupe Ordine Nuovo ».

Cependant Gramsci n'a pas été ni le premier, ni l'unique, parmi les marxiste à voir dans l'Amérique le passage idéal pour l'édification d'une société alternative à celle européenne, qui malheureusement est « grevé de cette chape de plomb » de la tradition historique et culturelle ». C'est Gramsci lui-même, en fait, qui mentionne explicitement l'intérêt de « Leone Davidovic » (c'est-à-dire Lev Davidovich Braunstein, alias Trotsky) pour l'américanisme, ses enquêtes sur l'american way of life et sur la littérature nord-américaine.

Cet intérêt du penseur marxiste pour l'américanisme est dû, explique Gramsci, à l'importance et à la signification du phénomène américain, qui est : « le principal effort collectif constaté jusqu'alors pour créer avec une rapidité inouïe et avec une conscience du but jamais vu dans l'histoire, un type de travailleur et d'homme nouveau ». Les réalisations de l'américanisme ont fait naître une sorte de complexe d'infériorité chez les marxistes, lesquels proclament par la bouche de Gramsci que « l'antiaméricanisme est comique avant d'être stupide ».

Nous avons parlé, plus haut, de littérature américaine. Or, une des manifestations les plus significatives de culture antifasciste survenue pendant la période fasciste fut celle qui eut lieu en 1942, avec la publication de l'anthologie Americana par Elio Vittorini chez l'éditeur Bompiani. On a dit à juste titre que pour Vittorini, et pour les camarades qui le soutinrent dans l'initiative en qualité de traducteur (tous gravitant plus ou moins dans l'orbite du Pari communiste clandestin), « la littérature américaine contemporaine (…) devint une sorte de drapeau; ce fut aussi, ou peut-être surtout, comme un manifeste implicite de foi antifasciste que Vittorini conçut et réalisa son anthologie. L'Amérique devait se révéler pour les lecteurs, comme elle était pour lui, une grande métaphore de liberté et de progrès ».

La même année, des antifascistes emprisonnés par le régime fasciste - parmi lesquels se trouvaient les futurs dirigeants du PCI - faisaient des voeux pour la monarchie britannique : « Il y avait, parmi d'autres, Carlo Muscetta, Mario Alicata, Mario Socrate, Antonello Trombadori, Guglielmo Petroni, Gabriele Pepe, Marco Cesarini ; (…) Gabriele Pepe proposa un toast à l'Angleterre, puis à Churchill, puis à la Royal Air Force. Buvons au bonheur et à l'allégresse dit-il ».

En attendant, dans les discours que Palmirò Togliatti adressaient aux italiens à partir de Radio Moscou, l’exaltation des Etats–Unis était fréquente et elle prenait parfois un véritable accent de mysticisme. Voici un bref mais significatif florilège des Laudes Americae entonné par Togliatti :

8 août 1941. « En réalité nous devons être reconnaissant à l'Amérique, non seulement d'avoir donné du travail pendant tant de décennies à tant de nos frères, mais pour le fait qu'à ces hommes, qui sortaient des ténèbres des rapports sociaux quasi médiévaux, elle fit voir et comprendre ce qu'est un régime démocratique moderne, ce qu'est la liberté. (…) Mussolini et le fascisme (…) voudraient faire croire au peuple italien qu'il a un ennemi dans le peuple américain (…). Les Italiens qui connaissent l'Amérique disent la vérité à leurs concitoyens. Ils leur disent que le peuple des Etats-Unis est l’ami de l'Italie, mais qu’il est ennemi implacable de toute tyrannie (…). Et les Italiens qui aiment leur pays, qui ne sont pas et ne veulent pas être les esclaves d'aucun despotisme, ont un nouveau motif de reconnaissance envers le peuple des Etats-Unis, duquel vient aujourd'hui au peuple italien non seulement un nouvel encouragement à rompre ses propres chaînes, mais une aussi puissante aide concrète ».

2 janvier 1942. « Mais nous arrive par les ondes une autre voix. C'est la voix du grand peuple américain. Dans son accent mâle on semble entendre le grondement de mille usines qui travaillent jours et nuits, sans arrêt, à forger des canons, des tanks, des aéroplanes, des munitions. Il y a un mois, l'Amérique fabriquait mensuellement autant d'avions que l'Allemagne et ses vassaux ensemble. D'ici peut elle en fabriquera deux fois autant. Trente millions d'ouvriers américains ont juré de ne pas ralentir leur effort productif tant que les régimes fascistes de terreurs, de violence et de guerres ne seront pas écrasés. Bonne perspective, donc pour l'année nouvelle » .

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