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La situation du conflit Israelo-Palestinien
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08/08/02 |
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22.49 t.u. |
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Alexandre Douguine |
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La situation a une énorme signification historique. Nous sommes à un tournant fatal : les Etats-Unis abandonnent Israël, qui leur servait de bastion stratégique au Proche-Orient à l'époque de la « guerre froide ». La diaspora juive - la partie qui s'identifie avec le destin du mondialisme et de l'atlantisme - apparaît dans le rôle de traître à l'impulsion messianique qui se trouve à la base d'Israël. Quand l'alliance russo-juive, messianique et eschatologique, se trouvant à la racine de l'URSS, fut brisée, la première à en souffrir fut l'Union, la minorité juive active, passionnée et unie, se rassembla pour saper les bases du soviétisme. Le résultat : la perestroïka et la ruine d'une superpuissance. Israël et l'intelligentsia juive aux Etats-Unis, en Europe, et à l'intérieur de l'URSS, tous ensemble ont abattu un grand empire eurasien. Mais le grand effondrement de l'Union révéla le dessein des Etats-Unis, calculant à présent l'abandon atlantiste d'Israël - car en l'absence de l'URSS, le monde arabe, dont le pétrole permet de tenir à égale distance l'Europe et les Etats-Unis, est plus important qu'une « poignée de zélotes ». Et le lobby juif, AIRAS, etc., apparaissent comme les porte-parole, non pas des intérêts nationaux-religieux juifs, mais comme de simples mondialistes et de simples « valets » au service de Washington.
La situation en Israël prouve une fois de plus l'absolue correction de l'analyse géopolitique. J'avais prédit tout cela. Maintenant c'est clairement visible. Contrairement à ce que disent les antisémites, le mal n'est pas le Juif, le mal est l'atlantisme. Et, à l'intérieur de lui, ces Juifs qui travaillent pour l'atlantisme, mais pas seulement eux. Aujourd'hui les Juifs sont devenus les victimes de l'atlantisme. Le fait même d'une telle possibilité est la preuve de la correction de l'analyse eurasiste. Les Etats-Unis ne sont pas gouvernés par les Juifs, ils sont gouvernés par le Léviathan (1), la « grande confusion » et le « démon sacré », cette canaille coupée de la nation et de la religion. Tant que les Etats-Unis existeront, le mal existera. Je suis convaincu que la situation en Israël changera l'équilibre des forces dans le camp eurasiste, réorientant de nombreux Juifs vers la Russie et enlevant à de nombreux Russes leurs préjugés antisémites. La situation avec les Serbes et avec les Israélites est analogue. Les Etats-Unis jouent la carte islamique pour leur propre bénéfice.
L'attitude pro-américaine de nombreux Juifs dans les faits vient de l'antisémitisme largement répandu, plus que du modeste tumulte des nationalistes russes, égarés par le moment historique. Qui a profané le tombeau de Joseph ? « Pamyat » ? Le RNE ? Non, il a été profané par Guzinsky et Iossi Beilin, Albright et Eagleberger, les sponsors du « processus de paix » (2). Tout se trouve à sa place. Je pense que cette terrible situation fera que beaucoup de gens retrouveront leurs esprits. Comme toujours et encore, le blâme en revient seulement aux atlantistes, qui veulent imposer leur ordre au monde - sans religions, sans races, sans hiérarchies, sans cultes, sans cultures, sans langues, sans rites. Les Israélites croyaient probablement qu'ils pourraient tromper le diable, et que le monde cosmopolite sans religions et sans castes ferait une exception pour le petit Etat du Moyen-Orient. Il ne l'a pas fait. Il est temps de revenir aux origines : à l'Eurasie, à laquelle nous appartenons, de laquelle nous tirons notre force.
Et finalement, la situation en Israël s'est enflammée trop tôt, avant qu'une force sérieuse puisse surgir de la Russie et du secteur anti-américain du monde islamique pour apporter une solution eurasiste rigoureuse et appropriée à la situation. Les événements anticipent la réflexion géopolitique. Constatant avec quelle lenteur et quel conflits internes les vérités exposées dans mes travaux de géopolitique atteignent les gens concernés, je commence à comprendre ce que Cassandre a dû ressentir.
Novembre 2000
(1) Dans la terminologie de la science géopolitique, le « Léviathan » symbolise une civilisation commerciale, maritime, « mobile ». Exemples : Athènes, Carthage, l'Angleterre, les Etats-Unis, par opposition à « Béhémoth », symbole d'une civilisation non-commerciale, continentale, « statique ». Exemples : Sparte, Rome, la Horde d'Or, la Russie. (note de V. Bukarsky)
(2) Pamyat, RNE : partis russes d'extrême-droite. Vladimir Guzinsky : magnat russe des médias, à présent incriminé par l'enquête concernant son groupe de presse. Lawrence Eagleberger : Secrétaire d'Etat adjoint sous l'Administration Bush. Iossi Beilin : ministre israélien de la Justice sous l'Administration Perez. Mme Albright n'a pas besoin d'être présentée ! - NDT.
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