voxnr
trident
site_nr_s
ttl ttr

sommaire
..::à la une
..::politique
..::étranger
..::tribune libre
..::documents

..::envoi d'articles
..::résistance::le mél
..::présentation
..::soutien
..::contactez-nous
..::les forums
..::répertoire
..::diffusion libraire
..::nos engagements
..::archives
..::recherche
..::accueil site
tbl tbr
ligne
ttl ttr

réseau
..::communiqués
..::crb : contact
..::tracts
..::affiches
..::adhérer
..::
point presse
..::site abonnés

tbl tbr
 
cbl
cbr
ligne_b    
 
ligne
documents
suite
dot
:::::::: textes idéologiques :: douguine ::

Le dernier Président, un essai sur William Jefferson Clinton

12/11/04 9.48 t.u.
Alexandre Douguine

L’ENIGME DE WILLIAM CLINTON

Clinton est le dernier président américain de ce millénaire. En un sens, il est le dernier accord d’une cadence – il est le dernier président de la « fin de l’histoire » fukuyamienne. Son image psychologique, politique et idéologique est à sa manière la marque de la post-modernité. Il est l’un des plus grands succès que l’Occident a connus sur la route vers la domination mondiale totale.

Toutefois, la signification objective de cette figure emblématique est radicalement différente de son image globale. Il n’est pas du tout comme un héros culturel, « le grand vainqueur ». Ici nous devons examiner l’énigme de William Clinton, parce c’est vraiment une énigme. Sa banalité, son absence de clarté et sa fausse gaîté prévisible comportent une signification plus profonde.

Clinton est devenu le président américain quand le pays qui avait originellement présenté l’essence même de la « post-histoire » a été prêt à dévoiler sa dictature civilisée au reste de l’humanité. La planète terre d’aujourd’hui est une sorte de colonie américaine, et dans ce contexte William Clinton est devenu le « maître de ce monde ».

D’un point de vue idéologique, Clinton a trois éléments distincts en lui, tous unis dans un grand tout pour faire de lui le président dans un moment si important pour les Etats-Unis et pour tout le monde occidental.

Examinons ces éléments.

UN DEMOCRATE ATYPIQUE

William Clinton vient du Parti Démocrate. Dans le système biparti des Etats-Unis, les Démocrates sont habituellement considérés comme étant « à gauche ». Ils sont différents de la droite par leurs demandes sociales ; demandes d’augmenter les impôts pour la partie la plus riche de la population, et d’impôts plus faibles pour les pauvres ; appui aux demandes des diverses minorités (sexuelles, raciales, religieuses) ; pacifisme ; orientation vers une baisse des dépenses militaires ; priorité donnée aux « valeurs humaines basiques », avant les intérêts américains ; sympathie pour les formes modérées de social-démocratie ; idéologie des « droits de l’homme » ; appui aux organisations supra-nationales (comme les Nations Unies) ; recherche d’une « conspiration de droite » derrière chaque crise ; comportement modéré et souriant ; le « mondialisme » résultant, c’est-à-dire la lutte dans une certaine perspective pour la création d’un One World, d’un monde sans nations, sans Etats, sans peuples et sans frontières.

En inversant ces thèses, nous obtenons la rhétorique Républicaine classique : demandes pour supprimer les dépenses sociales ; volonté d’avoir des impôts plus faibles pour les classes riches, afin que toutes les classes soient égales devant l’impôt ; priorité des normes de la majorité morale sur les « pervertis » ; militarisme ; demandes de dépenses militaires ; volonté d’appuyer les intérêts américains contre tous les autres ; anti-socialisme et anti-communisme ; libre-entreprise ; critique des organisations supra-nationales (y compris les Nations Unies) ; recherche d’une « conspiration gauchiste » derrière chaque crise ; comportement inquiet et presque ascétique ; l’idéologie basique de la domination américaine sur le monde entier à la place de l’idéal du « One World ».

Cependant, le Démocrate Clinton ne soutient pas tous les thèmes de base. Pour diverses raisons, ses camarades lui ont souvent reproché d’être « trop à droite », c’est-à-dire de trop ressembler à un politicien Républicain. Le secret idéologique de Clinton est qu’en lui nous pouvons trouver les mêmes éléments de « droite » et de « gauche » qui sont typiques de notre époque. Clinton représente la figure typique d’un libéral – un libéral, pas un démocrate ni un social-démocrate.

L’important est que le libéralisme est le modèle idéologique exclusif qui est devenu la norme la plus élevée de la correction politique à la fin du 20ème siècle, alors que tous les autres modèles idéologiques se sont effondrés. Ceux-ci étaient autrefois les modèles qui s’opposaient à la tendance susmentionnée, et qui donnèrent ainsi naissance à la restructuration de l’arène politique.

Le libéralisme en tant que tel est une idéologie, dont la partie économique est basée sur des idéologies « de droite » (« économie de marché », « républicanisme »), et la partie politique sur des idéologies « de gauche » (« démocratie », « libertarisme »). Le dénominateur commun de cette synthèse est une stratégie internationale, caractérisée au mieux par le mot « atlantisme », c’est-à-dire luttant pour donner le contrôle stratégique à l’Occident sur toute la planète, en utilisant les membres de l’OTAN. Cependant, cela ne fait aucune différence si nous appelons cela « atlantisme » – cela pourrait être « mondialisme » (infiltration de l’universel, valeurs individuelles de la « voie américaine » pour tous les peuples afin de créer une « humanité unifiée » à partir des plus petites particules possibles) ou simplement « américanisme » (soumettant les autres pays aux intérêts stratégiques des Etats-Unis) ; les deux variantes de l’atlantisme diffèrent en nuances et en méthodes seulement, mais servent exactement le même but – la domination occidentale totale.

William Clinton est Démocrate dans les domaines qui ne se préoccupent pas d’économie ou de politique étrangère. Il sourit beaucoup, il est modéré, tolérant, sympathise avec les minorités et le féminisme, affiche une orientation sociale (pour améliorer le niveau des services médicaux), aime parler de « droits de l’homme ». En faisant cela, il ressemble beaucoup au stéréotype classique d’un démocrate, tentant même de dépasser Kennedy.

En même temps, Clinton est très proche de la droite politique dès qu’il est question d’impôts, de libre entreprise, et gardant particulièrement le troupeau dans la voie américaine pour les affaires internationales, où pendant l’ère Clinton les Etats-Unis ont mis en œuvre des stratégies cruelles et agressives d’atlantisme « de droite » (Irak, Bosnie, Afghanistan).

D’après les témoignages de ses amis, Clinton s’inquiète de l’image qu’il aura dans la série des présidents américains. Du point de vue idéologique, il est le président « idéal », le « dernier président » dans le même sens où Nietzsche parlait du « dernier homme ».

LA CONSPIRATION SEXUELLE

Toute l’histoire politique de Clinton a été accompagnée par des scandales sexuels. La psychanalyse de la vie sexuelle de Clinton est l’un des thèmes favoris des psychologues et des journalistes américains. Nous en savons autant sur sa vie intime, ses préférences et ses perversions sexuelles que nous en savons sur les déviances de l’exhibitionniste Madonna. On pourrait penser qu’un politicien pragmatique qui est au sommet du pouvoir politique dans le premier pays du monde pourrait contrôler son appétit ou du moins prendre soin de garder ses secrets. Le portrait psychologique de Clinton ne nous conduit pas à penser que nous avons affaire à un bon à rien faible d’esprit qui ne peut pas contrôler ses propres actes.

Il doit y avoir quelques autres mécanismes ou raisons derrière tout cela. Le psychanalyste Paul Lovinger a présenté la version suivante : William Clinton et son épouse Hillary (« Billy et Hilly ») représentent l’équivalent contemporain du couple divin, une sorte de nouvelle version des anciens « dieux » et « déesses » de la mythologie. C’est exactement de cette manière que le public américain infantile élevé à coup de bandes dessinées, de fantaisies et d’horreurs d’Hollywood les voit. Hillary est la Grande Mère de l’Amérique. Elle s’occupe des pauvres, et les femmes actives tout comme les hommes passifs comptent sur elle. Sa fonction publique correspond à celle de l’ancienne déesse grecque Héra.

Bill Clinton lui-même est l’incarnation du Zeus joueur, entouré de nymphes et du personnel de la Maison Blanche. Ses escapades ont une signification psychologique autant que mythologique. Il est la preuve du pouvoir de prolifération et de l’attractivité universelle du mâle américain. Le fait que Hillary, étant constamment trompée par son époux, soit toujours prête à le soutenir devant des ennemis, illustre le fait que nous n’avons pas affaire à des émotions humaines spontanées, mais à un psychodrame soigneusement préparé joué sur la scène d’un théâtre mondial. (Pour plus d’informations, voir Paul Lovinger : « Bill Clinton meets the Shrinks » [Bill Clinton chez les psychiatres], 1998)

Il y a aussi une autre version plutôt paradoxale de l’arrière-plan secret derrière les scandales sexuels concernant le premier couple de la planète. Elle est basée sur l’idée que Clinton, soutenant les idées « de droite » (« républicaines »), gambade constamment et assez négligemment afin de cacher le fait que sa politique ne présente aucun véritable trait « démocrate ».

Hillary Clinton a présenté une fois la version que tous les scandales (qu’ils soient des adultères réels ou supposés) avaient été montés par les gens « de droite ». D’un autre coté, ces mêmes gens « de droite » continuent à reprocher à Clinton d’être un « nazi », puisqu’il croit en une théorie de la conspiration, ce qui est assez proche de, eh bien, vous savez de quoi …

FIN DE PARTIE

William Clinton n’est pas un sujet à critiquer. Il présente en lui-même, dans ses actes et ses paroles, l’image objective de ce que sont les choses. Il est le miroir de l’histoire, un acteur humble et adéquat jouant sa part, de sorte que nous ne pouvons même pas altérer une seule intonation de son discours, pour ne pas mentionner les paroles réelles. Il a été blâmé pour ne prendre aucune décision, mais aucune décision n’est possible après la fin de l’histoire. Certains prétendent qu’il n’a pas changé une seule chose dans l’histoire américaine, mais il est impossible de changer quelque chose dans cette vie.

Le dernier président, le baptiste aux cheveux blonds, le mondialiste « maître de ce monde », avec un pouvoir complet sur toute la planète, est incapable de terminer quoi que ce soit.

Ses yeux saillants font penser à la physionomie de Volodin dans « Un petit diable » de Sologub, témoignant avec impuissance et tristement : « C’est tout. Attendiez-vous quelque chose de plus ? Oh, allez, soyez réaliste… C’est vraiment tout ».

Fin de partie.

Texte publié en 1999.

 
lgne
derniers_titres
ttl ttr

dot
05/12/04
..::La maison commune eurasienne
Programme du Mouvement Eurasien International LE DIALOGUE CULTUREL EURASIEN EST LA BASE...::..
MEI

dot
01/12/04
..::L'Eurasie et l'Europe doivent coopérer contre l'Amérique
Le penseur russe favorise une Europe unie contre l’Amérique, mais pense qu’une alliance...::..
Une interview avec Alexandre Dugin

dot
12/11/04
..::Le dernier Président, un essai sur William Jefferson Clinton
L’ENIGME DE WILLIAM CLINTON Clinton est le dernier président américain de ce millénaire....::..
Alexandre Douguine

tbl tbr
accueil_rubrique
imprimer
envoyer
haut
    cbl cbr