 |
:::::::: histoire :: allemagne ::
|
Les Socialistes quittent le NSDAP
 |
26/06/02 |
 |
8.06 t.u. |
 |
Otto Strasser |
|
La nature du national-socialisme est à nos yeux d'être un mouvement grand allemand dont l'objectif pour l'Etat est la création d'une grande Allemagne du peuple allemand par le refus des Etats nés de considérations dynastiques, religieuses ou arbitraires (l'intervention de Napoléon) qui interdisent toute union des forces nationales indispensable pour libérer l'Allemagne et affirmer son assise. C'est pourquoi les fréquentes prises de position du parti en faveur du système des Etats séparés, dont la conservation et la montée en puissance sont assimilés à un devoir du national-socialisme, nous paraissent contraires aux intérêt de l'Etat et à l'idée d'une Union Grande-Allemande.
A nos yeux, le national-socialisme fut et demeure un mouvement républicain où la monarchie héréditaire n'a pas de place, non plus que les privilèges qui reposent sur autre chose que le mérite envers la nation. Le national-socialisme est révolutionnaire, il doit en finir avec le principe d'une souveraineté illégitime et avec une démocratie purement formelle pour instaurer une démocratie organique de type germanique et corporative. L'obscurité sciemment entretenue par le parti sur le choix entre république et monarchie nous gène tout autant que les éloges excessifs que les organes officiels multiplient à l'égard du principe de souveraineté fasciste, car nous y voyons une menace pour le mouvement et un péché contre l'idée.
Le national-socialisme est surtout à nos yeux l'antithèse du capitalisme international. Il entend instaurer le socialisme dont l'idée fut trahie par le marxisme, édifier une économie de type collectif gérée par la nation au profit de la nation, briser la domination de l'argent sur le travail, qui empêche l'épanouissement de l'âme d'un peuple et la constitution d'une véritable communauté populaire. Pour nous, le socialisme appelle une économie fondée sur les besoins nationaux impliquant l'accession de tous les travailleurs à la propriété, aux décisions et aux profits de la nation. Il implique de briser le monopole de la propriété capitaliste et surtout le monopole de décision qui profite actuellement au seul détenteur du titre de propriété.
Nous estimons contraire à l'esprit et au programme du national-socialisme, dont nous avons soutenu avec force les exigences sociales, l'étiolement progressif de la volonté sociale du mouvement (par exemple sur le point 17) à travers des formulations vagues qui contrastent avec le programme en 25 points du parti.
Nous estimons que le national-socialisme s'oppose par son essence même tout autant à la bourgeoisie capitaliste qu'au marxisme international, et qu'il a pour tâche de les combattre l'une et l'autre : le marxisme en tant qu'il associe à une idée du socialisme juste en soi le libéralisme d'un matérialisme et d'un internationalisme erronés, la bourgeoisie en tant qu'elle associe à un sens tout aussi juste du nationalisme un rationalisme et un capitalisme libéraux également faux. Les forces positives qui se dégagent de ces deux combinaisons funestes sont vouées à la stérilité pour la nation et l'histoire : c'est pourquoi il n'y a pas à notre sens de différence fondamentale dans notre double opposition au marxisme et à la bourgeoisie. Le libéralisme à l'oeuvre dans les deux cas en fait nos ennemis. Nous ressentons les slogans purement antimarxistes affichés ces derniers temps par les dirigeants du parti comme une demi-vérité, laquelle laisse soupçonner une sympathie pour une bourgeoisie qui utilise ces mêmes slogans pour dépendre ses intérêts capitalistes. Or jamais nous n'eûmes rien de commun avec ces intérêts.
Ces appréhensions fondamentales se trouvèrent confirmées, renforcées, éclairées par des craintes nées des choix tactiques opérés par le NSDAP.
Nous avons toujours constaté avec une certaine gêne et quelque dépit qu'Adolf Hitler s'exprimait fréquemment aux côtés de personnalités du monde de l'entreprise et du capitalisme sur les buts et les voies du national-socialisme, mais s'interdisait de rencontrer les leaders ouvriers et paysans. Voulait-on par là faire croire que le national-socialisme était plus proche des premiers que des seconds ? Cette impression était d'autant plus funeste que nous en étions sûrs, la sincérité de notre volonté socialiste excluait toute entente avec les patrons, lesquels privilégieraient toujours leurs intérêts capitalistes sur la réalisation d'objectifs nationaux, pour peu que ceux-ci impliquent le passage au socialisme.
Pour ce même motif, nous nous inquiétâmes des liens tissés par la direction du parti avec Hugenberg, le Parti Populaire National Allemand, parfois avec les "Casques d'acier" et les "Patriotes". Peut-être s'expliquaient ils dans certains cas, lors de consultations électorales, mais ils donnaient une mauvaise image de notre mouvement.
A nos yeux, le national-socialisme, de part son caractère révolutionnaire se doit fondamentalement de refuser toute politique de compromis et de coalition, car les coalitions aident au maintien du système en place, un système d'asservissement national et d'exploitation capitaliste. La nature même du national-socialisme et son objectif, la révolution allemande, nous interdisent à nos yeux de vouloir entrer dans cet Etat que nous avons combattu avec toute la force de notre volonté révolutionnaire.
La décision de la direction du parti de participer à un gouvernement de coalition en Thuringe en s'appuyant sur les partis bourgeois nous a fortement ébranlée. Nous nous sommes demandés si notre conception de la nature et de l'objectif du national-socialisme, tels qu'il s'expriment clairement dans le programme et les actions passées du parti pouvaient encore être préservés. Les réserves que nous émises restèrent sans réponse de la direction du parti. Le NSDAP était ainsi dans la situation du SPD après 1919, lorsque ce parti décida de s'unir aux ennemis de ses conceptions économiques et trahit, ce faisant, ses objectifs politiques. Cette même logique implacable conduisait le NSDAP à trahir ses principes et à accepter en Thuringe un nouvel impôt, l'augmentation des loyers, etc.
Les persécutions de l'Etat ne justifient aucunement le renoncement aux convictions, comme le prouvent les interdictions en Bavière et en Prusse. Ce renoncement provoque le découragement et fait perdre au mouvement son caractère, car cet argument de la lâcheté peut justifier n'importe quelle trahison. Pour nous, la tactique trouve sa finalité dans les principes. A l'inverse, la direction du parti s'est progressivement éloignée de son programme et de points de plus en plus fondamentaux, sous couvert de considérations tactiques.
Le mouvement s'est embourgeoisé, il est aussi devenu un parti de bonzes.
Les dirigeants de la SA et une proportion grandissante des cadres du mouvement ont adopté une attitude et des modes de vie contraires aux impératifs d'un mouvement révolutionnaire et à la dignité. La dépendance matérielle directe ou indirecte de la quasi totalité des cadres du parti et de son Führer a créé cette atmosphère byzantine qui interdit toute expression d'une opinion indépendante et entraîne cette corruption politique et économique à laquelle les simples militants sont sensibles sans qu'il puissent s'y opposer du fait de la structure même du parti. Elle explique aussi tous les faux pas nés de conflits de personnes au sein du mouvement
Préoccupés par cette évolution aux niveaux des principes, de la tactique et de l'organisation, nous avons multiplié les mises en garde et les avertissement. En témoignent les cinq années d'existence de notre journal, Les Lettres Nationales-Socialiste, comme aussi nos discours et nos entretiens personnels, qui défiaient les pressions subies de la part de la hiérarchie. A aucun moment nous n'avons envisagé, par opportunisme politique, de modifier notre comportement, et bien souvent, voyant la gravité des entorses à l'esprit du national-socialisme, de la part de la direction du parti, nous nous sommes demandés s'il ne convenait pas de prendre position publiquement.
Si nous ne l'avons pas fait jusqu'à maintenant, c'est que bien souvent, la direction du parti ne reniait pas ouvertement les 25 points, et parce que nous espérions que l'esprit révolutionnaire qui vit parmi la masse des SA et surtout de sa jeunesse triompherait de l'embourgeoisement des bonzes du parti.
|
|
|