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:::::::: evola et spiritualité européenne ::
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Les Vedas et l’ancienne Egypte
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16/08/04 |
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14.18 t.u. |
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David Frawley |
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Par les Védas nous pouvons retrouver l’héritage spirituel de tout l’ancien monde, et cela peut nous aider à dépasser l’actuelle culture matérialiste et les nombreux problèmes qu’elle continue à nous apporter.
Les Védas représentent une littérature spirituelle monumentale, de loin la plus abondante qui reste de l’ancien monde. Nous pourrions donc appeler les Védas : « les pyramides de l’esprit ancien ». Les Védas sont les plus anciens documents sur les grandes traditions dharmiques de l’Orient, les traditions non seulement hindoues mais aussi bouddhistes, jaïnistes, sikhs et zoroastriennes faisant partie du même grand fleuve d’effort spirituel. En dehors de la tradition biblique, cette tradition dharmique ou indienne est l’un des deux fleuves dominants de la spiritualité mondiale, et a duré à travers les siècles et reste vitale pour l’époque actuelle, comme le révèle clairement la popularité mondiale du yoga, du védanta et du bouddhisme.
Si nous regardons la tradition védique, nous voyons qu’elle est basée sur un ancien ordre de prêtres qui était important et sophistiqué, comparable aux ordres de prêtres de l’ancienne Egypte ou de l’ancienne Babylone. Cet ordre de prêtres ne s’occupait pas seulement de rituels mais aussi de spiritualité, de yoga, de philosophie, de médecine, d’astronomie et d’architecture, ce qui forme la base des divers Upadevas et Vedangas.
Cette culture spirituelle de l’ancienne Inde peut facilement être comparée à celle de l’ancienne Egypte, qui était aussi guidée par d’importants ordres de prêtres, par leurs rituels sophistiqués et par l’accent mis sur le mysticisme et la magie. De même que l’ancienne Egypte était probablement le centre spirituel de l’Occident dans le monde antique, on peut dire que l’Inde était le centre spirituel de l’ancien Orient.
Le préjugé grec
L’une des principales erreurs qu’ont faites les spécialistes occidentaux est d’approcher la civilisation védique en prenant la Grèce comme point de départ. Ils regardent les Védas comme les œuvres d’Homère, reflétant des traditions comme celles des Grecs, qui n’arrivèrent sur la scène que pendant l’époque antique tardive (après 1.500 av. JC). Ils regardent le peuple védique comme les anciens Grecs, comme étant surtout un peuple guerrier en mouvement, faisant partie des diverses invasions/migrations aryennes supposées de l’époque. Ils placent la culture védique dans le moule de la culture indo-européenne tribale primitive tout comme ils considèrent celle-ci comme étant à l’origine de la civilisation grecque. La date de 1.500 av. JC pour les Védas fut choisie par les Occidentaux pour cadrer avec leur date de 1.500 av. JC pour les premiers Grecs (bien que des contraintes bibliques entrèrent aussi en compte).
Cependant, la littérature grecque la plus ancienne de l’Iliade et de l’Odyssée d’Homère ressemble au mieux aux épopées hindoues comme le Mahabharata qui apparut à la fin de la période védique (mais sans la profondeur de la pensée du védanta et sans une figure dominante de guru comme Krishna). Le modèle homérique venait d’une culture moins spirituelle et plus récente à laquelle la civilisation occidentale matérialiste pouvait confortablement faire remonter son origine. Il ne reflète pas une culture mystique, de rishis ou de yogis, comme celle des Védas ou celle de l’ancienne Egypte.
En même temps que cette erreur, les savants occidentaux ont tenté d’utiliser la langue comme facteur déterminant pour juger les anciennes cultures – comme si des groupes parlant des langues appartenant à la même famille linguistique devaient aussi posséder une culture similaire ou contemporaine. Cependant, nous devrions noter que les familles linguistiques ont persisté à travers diverses époques historiques et différents types de culture. Par exemple, nous ne pouvons pas faire de la Russie médiévale et de la Perse ancienne des civilisations contemporaines ou similaires à cause de quelques affinités linguistiques. D’autre part, des cultures de la même époque ont des civilisations similaires en dépit de différences linguistiques. Les anciens Romains, par exemple, avaient culturellement beaucoup en commun avec les Carthaginois qui avaient un style de vie similaire et qui vivaient dans la même partie du monde, en dépit de langues parlées qui n’appartenaient pas à la même famille.
Par conséquent, nous devons regarder les Védas d’après les affinités culturelles des anciennes civilisations, pas seulement d’après les affinités linguistiques. Comme type de culture spirituelle/religieuse, la civilisation védique ressemble davantage à celle de l’ancienne Egypte ou de Babylone qu’à celle de la Grèce.
Les Grecs, bien que parlant une langue ayant des affinités avec le sanscrit védique, représentaient une culture ancienne plus tardive s’éloignant déjà des civilisations spirituelles et hiératiques du plus ancien monde.
Une réévaluation
Les spécialistes occidentaux inventèrent le terme d’« hénothéisme » pour décrire la manière dont n’importe lequel des nombreux dieux védiques pouvait représenter tous les dieux (une situation qui prévaut aussi pour les dieux des Puranas). Nous devrions noter qu’ils utilisèrent le même terme pour l’ancienne religion égyptienne qui avait une vision similaire de multiplicité dans l’unité avec ses nombreux dieux. Les dieux solaires védique et égyptien suivent le même modèle d’hénothéisme, étant tous deux le Dieu Unique en essence et de nombreux dieux différents en fonction.
De nombreux symboles sont communs à l’ancienne Egypte et à l’ancienne Inde, incluant le culte du Soleil et des rois solaires, le taureau sacré, le faucon ou la buse, et la quête de l’immortalité comme but principal de la vie. De fait, le rituel védique du Yajur Véda reflète un esprit similaire à celui du Livre des Morts égyptien. Comme les Védiques, les Egyptiens avaient non seulement l’amour de la magie et de l’occulte, mais avec leurs symboles comme le cobra au sommet de la tête ils suggèrent aussi une connaissance du yoga. Néanmoins, de telles connexions ont été ignorées parce qu’elles sont fondamentalement culturelles plutôt que linguistiques.
La culture égyptienne dura depuis avant 3.000 av. JC jusqu’au début de l’ère chrétienne. Isis et Osiris étaient vénérés à Rome tout comme dans l’Ancien Royaume d’Egypte. De même, les déités védiques n’ont pas besoin d’être limitées aux époques tardives dans lesquelles elles sont encore mentionnées. Leur culte pourrait aisément s’étendre en arrière jusqu’à la date de 3.000 av. JC que nous trouvons souvent dans les textes puraniques comme marquant le début du Kali Yuga.
Le patrimoine archéologique de l’Inde est celui d’une civilisation monumentale qui a persisté depuis 3.000 av. JC, sinon plus tôt, non seulement jusqu’à l’époque antique tardive, comme l’Egypte, mais jusqu’à nos jours, avec une continuité modifiée. En Inde nous trouvons aujourd’hui les mêmes types de rituels et de cultes dans les temples, toujours pratiqués comme jadis dans l’ancienne Egypte et l’ancienne Babylone. Que ce type d’ancienne civilisation spirituelle ait survécu seulement en Inde révèle quel profond enracinement et quelle ancienneté elle doit avoir eu dans le pays.
Si l’Inde ancienne n’a pas laissé des monuments comme les pyramides d’Egypte, elle a laissé d’abondants vestiges urbains et sa grande littérature védique, ses pyramides de l’esprit. Le fait de relier la monumentale littérature spirituelle des Védas, non seulement à la grande civilisation urbaine de l’ancienne Inde, mais aussi à un modèle civilisationnel spirituel similaire comme l’ancienne Egypte, nous apportera une meilleure approche des Védas qui pourra nous aider à découvrir leurs secrets spirituels. Par les Védas nous pouvons retrouver l’héritage spirituel de tout l’ancien monde, et cela peut nous aider à dépasser l’actuelle culture matérialiste et les nombreux problèmes qu’elle continue à nous apporter.
Ecrit le 17 avril 2003
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