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Subhas Chandra Bose, l'armée nationale indienne et la guerre de libération de l'Inde
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18/03/04 |
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10.51 t.u. |
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Ranjan Borra |
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L'Armée de Libération de l'Inde en Occident
L'arrivée de Subhas Chandra Bose en Allemagne en 1941 et ses activités anti-britanniques dans ce pays, en coopération avec le gouvernement allemand, culminèrent avec la formation d'une légion indienne. Cela marque peut-être l'événement le plus significatif dans les annales du combat de l'Inde pour l'indépendance. Cet événement peut être considéré non seulement comme une suite historique de ce que Bose lui-même avait choisi de décrire comme «la Grande Révolution de 1857», et qui (selon ses mots) «avait été nommée improprement 'Révolte des Cipayes' par les historiens anglais, mais qui est considérée par le peuple indien comme la Première Guerre d'Indépendance». [1] Cela souligne aussi le fait historique qu'à cette époque les méthodes persuasives de lutte non-violente, conduite par Gandhi, avaient échoué. Un assaut armé contre la citadelle de l'Empire Britannique -- l'Inde -- était la seule alternative pour délivrer le pays de la servitude. Alors que d'autres dirigeants du Congrès National Indien ne furent pas capables de réaliser ce fait et montrèrent ainsi un manque de pragmatisme lors du tournant des événements mondiaux, qui fournissaient à l'Inde une occasion en or de frapper les Britanniques par la force des armes, Bose fut à la hauteur des nécessités du moment et sauta sur l'occasion. [Photo: Bose dans sa jeunesse.]
Alors que les compatriotes de Bose en Inde restaient totalement soumis à un dogme idéologique (la non-violence) qui à cette époque pouvait seulement servir les Britanniques et différer la venue de l'indépendance, et alors que leurs interprétations idéologiques -- à nouveau grandement influencées par la propagande britannique -- à propos des nouveaux régimes révolutionnaires en Europe les empêchaient même de penser à rechercher une alliance et une coopération pour la lutte contre l'ennemi commun, Subhas Chandra Bose eut seul le courage de faire le grand plongeon, risquant ainsi sa propre vie et sa réputation, uniquement dans l'intérêt et pour la cause de son pays. En janvier 1941, alors qu'il était en résidence surveillée, et sous stricte surveillance britannique, il s'évada. Après un voyage ardu à travers plusieurs pays, avec un passeport italien sous le faux nom de Orlando Mazzotta -- en quoi il fut aidé par des révolutionnaires clandestins et des agents diplomatiques étrangers -- Bose arriva à Berlin, via Moscou, le 28 mars 1941.
Bose fut le bienvenu en Allemagne, bien que la nouvelle de son arrivée fut tenue secrète pendant quelque temps pour raisons politiques. Le Ministère allemand des Affaires Etrangères, qui avait été chargé de traiter avec Bose et de prendre soin de lui, avait été bien informé du passé et du rang du dirigeant indien par son Consulat général à Calcutta et par son représentant à Kaboul. Bose lui-même, naturellement un peu impatient d'entrer rapidement en action après son arrivée à Berlin, soumit un mémorandum au gouvernement allemand le 9 avril 1941, qui esquissait un plan de coopération entre les puissances de l'Axe et l'Inde. Parmi d'autres choses, il appelait à la constitution d'un «Gouvernement de l'Inde Libre» en Europe, de préférence à Berlin; création d'une station de radio de l'Inde Libre appelant le peuple indien à réclamer son indépendance et à se révolter contre les autorités britanniques; activité clandestine en Afghanistan (Kaboul) impliquant les tribus indépendantes se trouvant entre l'Afghanistan et l'Inde, et à l'intérieur de l'Inde elle-même, pour alimenter et appuyer la révolution; aide financière de l'Allemagne sous la forme d'un prêt au gouvernement en exil de l'Inde Libre; et déploiement de contingents militaires allemands pour écraser l'armée britannique en Inde. Dans un mémorandum supplémentaire portant la même date, Bose demanda qu'une déclaration soit faite rapidement au sujet de la liberté de l'Inde et des pays arabes. [2] Il est intéressant de noter que le mémorandum ne mentionnait pas la nécessité de créer une Légion indienne. A l'évidence, l'idée de recruter les prisonniers de guerre indiens dans le but de former le noyau d'une armée nationale indienne, ne lui vint pas pendant ses premiers jours à Berlin.
A cette époque le gouvernement allemand était en train de préparer son propre plan pour traiter avec Subhas Chandra Bose de la meilleure manière possible. Les Affaires Etrangères ne se sentaient pas capables de prendre cette lourde responsabilité sans soumettre toute l'affaire à Hitler. Alors que la question était examinée au plus haut niveau du gouvernement, les propres requêtes de Bose exposées précédemment dans son mémorandum la rendirent bien trop compliquée et empêchèrent une décision rapide. Ce fut une longue attente pour Bose, pendant laquelle il se sentit souvent frustré. Cependant, par l'intermédiaire de sympathiques officiers des Affaires Etrangères, il continua à présenter ses requêtes et à proposer de nouvelles idées.
Finalement, après des mois d'attente et de nombreux moments de déception, touchant souvent au désespoir pour Bose, l'Allemagne accepta de lui donner une aide inconditionnelle et totale. Les deux résultats immédiats de cette décision furent la création d'un Centre de l'Inde Libre et l'inauguration d'une Radio de l'Inde Libre, tous deux commençant à fonctionner en novembre 1941. Ces deux organismes jouèrent un rôle vital et significatif en répercutant les activités croissantes de Bose en Allemagne, mais un récit détaillé de leurs activités n'entre pas dans le cadre de cet article. Il suffit de dire que le gouvernement allemand mit à la disposition de Bose des fonds adéquats pour faire fonctionner ces deux organismes, et il obtint la liberté complète pour les diriger de la manière qu'il le souhaitait.
Dans sa première réunion officielle le 2 novembre 1941, le Centre de l'Inde Libre adopta quatre résolutions historiques qui allaient servir de lignes directrices pour le mouvement entier dans les mois et les années à venir, en Europe et en Asie. Premièrement, «Jai Hind!» («victoire pour l'Inde») serait la forme officielle de salut; deuxièmement, le célèbre chant patriotique du poète et prix Nobel Rabindranath Tagore, «Jana Gana Mana», fut adopté comme hymne national de l'Inde Libre pour laquelle Bose combattait; troisièmement, dans un pays multi-national comme l'Inde, la langue la plus parlée, l'hindoustani, fut adoptée comme langue nationale; et quatrièmement, Subhas Chandra Bose serait à partir de maintenant connu et appelé par le nom de «Netaji», l'équivalent indien de «Chef» ou de «Guide». En novembre 1941, la Radio Azad Hind (ou Radio de l'Inde Libre) commença ses programmes avec un discours inaugural de Netaji lui-même, qui fut en fait une révélation de son identité qui avait été tenue secrète depuis si longtemps. Les programmes radio furent diffusés en plusieurs langues indiennes selon un rythme régulier.
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