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Sur la route de l'Eurasie
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22/12/02 |
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13.13 t.u. |
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Alexandre Douguine |
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Extrait de « Les Juifs et l’Eurasie »
1. Insuffisance de la théorie du complot
La question juive continue à exciter l’esprit de nos contemporains. Ni l’ignorer artificiellement, ni les clameurs apologétiques hâtives, ni la judéophobie primitive ne peuvent éliminer ce problème. Le peuple juif est un phénomène unique dans l’histoire du monde. Il a clairement suivi une voie religieuse éthique absolument spéciale, particulière à lui, accomplissant à travers les millénaires une mission mystérieuse et ambiguë.
Quel est le sens de cette mission ? Comment résoudre l’énigme des Juifs ? En quoi consiste la mission des Juifs tant proclamée ?
C’est un sujet trop vaste pour pouvoir être couvert totalement. Par conséquent nous nous limiterons seulement au rôle des Juifs dans l’histoire russe du XXe siècle, car cette question taraude douloureusement une masse de gens, quel que soit le camp idéologique auquel ils appartiennent.
D’entrée nous noterons qu’une étude convaincante, complètement satisfaisante de ce thème n’existe simplement pas aujourd’hui. Une partie des historiens a généralement tendance à nier l’importance du facteur juif dans la Russie et dans l’histoire soviétique, ce qui est une grossière violence à la vérité. Il suffit de regarder les listes de noms parmi les principales élites bolcheviks et politiques de l’Etat soviétique, et la quantité disproportionnée de noms juifs saute aux yeux. Ignorer ce fait, faire hypocritement des déclarations insensées, est incorrect même d’un point de vue purement scientifique et historique.
La seconde version concernant la fonction des Juifs en Russie (URSS) au XXe siècle est caractéristique de nos milieux nationaux-patriotiques. Ici le rôle des Juifs est présenté comme ayant été seulement négatif, subversif, destructeur. C’est la fameuse théorie de la « conspiration juive », qui fut particulièrement populaire chez les Cien Noirs [tchernosotenni, ensemble d'organisations qui soutenaient la monarchie et les pogroms], et plus tard dans les milieux des Gardes Blancs. De ce point de vue, les Juifs, suivant une tradition ethnico-religieuse unique et constituant une communauté isolée convaincue de son statut messianique, ont consciemment conçu le mouvement bolchevik destructeur, y ont occupé les places dominantes et ont mis en pièces le dernier bastion de l’Etat, de la culture et de la tradition des chrétiens conservateurs. Les judéophobes conservateurs obstinés appliquent aussi le même modèle à la destruction de l’URSS, jetant à nouveau le blâme sur les Juifs, se référant à l’énorme nombre de représentants de cette nation parmi les rangs des réformateurs. La faiblesse de ce concept est que le même peuple est simultanément accusé d’avoir créé l’Etat soviétique et ensuite de l’avoir détruit, d’avoir été le principal guide de la conception socialiste antibourgeoise, et ensuite d’avoir été le principal apologiste du capitalisme. En outre, une connaissance impartiale du sort des Juifs bolcheviks montre leur croyance absolument sincère en l’idéologie communiste, sacrifiant promptement leur propre vie pour elle, ce qui serait impossible si nous acceptions sérieusement la version d’un groupe de « saboteurs cyniques et menteurs ». Prise globalement, une telle version antisémite n’est pas convaincante, bien qu’elle soit un peu plus proche de la vérité que la première, car à la différence de celle-ci elle reconnaît le caractère unique du rôle des Juifs dans le processus historique. Il est curieux qu’une telle vision réunisse les antisémites aux sionistes les plus conscients et les plus conséquents.
La troisième version est celle des milieux judéophiles (et dans les cas extrêmes, sionistes). Ils maintiennent que les Juifs sont toujours et dans tous les cas du bon coté, qu’ils sont victimes d’injustes persécutions de la part de peuples divers, et qu’ils sont porteurs de toutes les valeurs positives, morales, culturelles et sociales. Cette position reconnaît le rôle dirigeant des Juifs dans tous les grands processus historiques en Russie, mais affirment clairement que pendant la Révolution, ainsi que durant l’histoire soviétique, et durant la perestroïka, les Juifs furent un pôle positif incarnant la vérité, la bienveillance, l’intelligence, l’humanité éternelles. Si pour les antisémites les Juifs agissent comme un mal absolu, et ce diagnostic n’est pas sujet au doute même quand il aboutit à des absurdités logiques et historiques complètes, pour les judéophiles l’image exactement inverse est vraie : ici les Juifs sont toujours bons, même si cela contredit catégoriquement l’image objective des choses. Cette approche extrêmement apologétique ne peut donc pas être exhaustive non plus, car elle est construite depuis le début sur des interprétations sujettes à des à priori.
2. Une nouvelle version
Notons que la version antisémite et sioniste de la question, le rôle des Juifs dans l’histoire russo-soviétique moderne, émane d’une certaine présomption concernant une forte unité des Juifs, unité de réflexion et de volonté historiques. En d’autres mots, la tendance apparaît de considérer les Juifs pas simplement comme une ethnie comme les autres, mais comme une sorte d’organisation, de parti, d’« Ordre », de lobby, etc., à part.
Une version différente, inversement, reconnaît que l’unité des Juifs n’existe pas et que comme pour tous les autres peuples, chaque Juif dans l’histoire agit pour lui-même, pour son propre « Moi », en tant qu’individu, qui n’est défini par les facteurs ethniques que dans un arrière-plan mineur, psychologique – et donc que le terme « hébraïsme », tel qu’utilisé par les antisémites et les sionistes, n’a pas de sens.
Nous écartant de ces approches à cause de leur négativité presque évidente, nous proposons une version différente. Si nous ne nous satisfaisons ni de l’approche personnaliste, ni de l’approche globalisante – c’est-à-dire du concept de la pluralité incertaine, ou du concept de l’unité compacte – il est naturel de suspecter l’existence d’un modèle intermédiaire. Il est raisonnable de parler d’une dualité interne des Juifs, de la présence à l’intérieur de cette ethnie unique non pas d’une seule volonté, mais de deux volontés, deux organisations, deux Ordres, deux centres de réflexion historique, deux scénarios de voie messianique. Une telle approche dualiste nous donnera une perspective complètement neuve, et à de nombreux égards inattendue, de la description de ce phénomène très complexe.
Mais notre point de départ pour cette hypothèse est due seulement à une méthode déductive, de logique formelle. Vérifions à présent à quoi correspond une telle dualité en pratique.
3. « Orientaux » et « Occidentaux » dans les rangs juifs
L’auteur eurasiste bien connu Yakov Bromberg a avancé à son époque une idée très similaire dans l’article
« Sur l’orientalisme juif ». Son argument était que dans le milieu des Juifs russes, deux groupes antagonistes pouvaient être clairement distingués, représentant les archétypes des polarités psychologiques et culturelles. Un groupe a une attitude hassidique- traditionaliste. Ses caractéristiques sont le mysticisme, le fanatisme religieux, l’idéalisme extrême, l’esprit de sacrifice, un profond mépris pour le coté matériel de la vie, pour l’avidité et le rationalisme. Dans certains cas extrêmes, un tel type juif mystique est passé du particularisme ethnico-religieux à l’universalisme, répandant les idéaux du messianisme national dans d’autres peuples. Mais en dehors de son milieu religieux orthodoxe, le même type psychologique a donné naissance aux révolutionnaires sécularisés, fervents marxistes, communistes, populistes. Et l’une des branches de l’hébraïsme mystique s’est distinguée non seulement par son marxisme abstrait, mais aussi par une profonde sympathie et une sincère solidarité avec le peuple russe, en particulier avec la paysannerie russe et les travailleurs russes, c’est-à-dire avec des éléments non pas de la Russie officielle, tsariste, mais de la Russie d’origine, celle du sol, de la terre, la Russie parallèle, la Russie des Vieux Croyants et des mystiques, des « pèlerins russes illuminés ». D’où les types classiques de Juifs – les socialistes-révolutionnaires, dont les traits ont toujours et partout été une tendance ouvertement nationaliste russe, et un national-bolchevisme conséquent et profondément enraciné.
Bromberg réunit ce milieu hassidique-marxiste, mystique-socialiste, en une seule catégorie : l’« orientalisme juif ». C’est la « fraction eurasiste » de l’hébraïsme. Un autre historien célèbre, le soviétique Mikhaïl Agursky, arrive à une conclusion similaire dans son ouvrage capital « L’idéologie du National-Bolchevisme », dont il identifie les sources dans les milieux juifs révolutionnaires russophiles, qui étaient caractéristiques des nombreuses figures juives du national-bolchevisme – en particulier pour les grands idéologues de ce courant, Isaïah Lezhnev et Vladimir Tan-Bogoraz. De nombreux Juifs virent dans le bolchevisme une possibilité de se fondre, pour finir, dans un grand peuple, de quitter le ghetto et les limites de la « zone de résidence » [dans l’ancien empire tsariste, une vaste zone à l’ouest de Moscou était réservée aux Juifs, qui n’avaient en principe pas le droit de s’établir en dehors de cette zone, NDT] pour unir eschatologiquement le messianisme russe au messianisme juif sous l’égide commune de la révolution eurasiste, pour détruire les lois aliénantes du Capital et de l’exploitation. Ainsi, les milieux extrêmes des Juifs d’Europe de l’Est à tendance mystique (des hassidiques aux sabbatistes
[ « sabbatistes » = partisans du « Messie » Sabbattaï Zeevi, NDT]) représentaient un milieu nourricier pour les bolcheviks, les socialistes-révolutionnaires et les marxistes et, significativement, la majorité des dirigeants rouges venait de familles hassidiques et d’enclaves baignant dans un pathos messianique, mystique et eschatologique. En dépit de tout le paradoxe extérieur d’un tel rapprochement, il y avait un lien interne, typologique et psychologique, entre le type hassidique des fondamentalistes juifs et les constructeurs d’une société bolchevik athée, car tous deux appartenaient à la fraction « eurasiste », « orientaliste », mystique-irrationnelle de l’hébraïsme.
Le groupe opposé comprenait des rationalistes d’un type juif complètement différent, bourgeois, réticents envers la religion mais, inversement, passionnément plongés dans des préoccupations d’avidité, de bénéfice personnel, d’intérêt, de rationalisation des activités économiques. C’est, selon Bromberg, l’« occidentalisme juif». Et à nouveau, comme dans le cas de l’orientalisme juif, nous voyons ici une combinaison de polarités extérieurement opposées. D’une part, à cette catégorie appartenaient les milieux religieux des talmudistes extrêmes (les « rabbinistes » [partisans du pouvoir des rabbins] ), héritiers de la ligne maïmonidiste orthodoxe, c’est-à-dire la ligne aristotélicienne-rationaliste de la religion judaïque. A son époque, ce camp talmudique combattait activement la propagation dans l’hébraïsme des tendances kabbalistiques, passionnément mystiques, contredisant l’esprit et la forme mythologique de l’aride théologie juive créationniste (pour plus de détails, voir la splendide analyse de ce thème dans Gershom Sholem, « La Kabbale et son symbolisme », « Les sources de la Kabbale », etc.). Plus tard, ses dirigeants agirent énergiquement contre le pseudo-Messie Sabbattaï Zeevi, leader messianique de l’hétérodoxie mystique juive. Aux XVIIIè et XIXè siècles, le parti des dénommés « mitnagedov » (littéralement « les opposants », en hébreu) se forma dans ce milieu, et lutta désespérément contre le hassidisme et contre la renaissance du mysticisme extrême parmi les Juifs d’Europe de l’Est. Cette fraction était basée sur le rationalisme religieux, sur la tradition talmudique épurée de toutes les sédimentations mystico-mythologiques. Assez étrangement, à la même catégorie de Juifs appartenaient aussi les figures des
« Khashkali », à « l’époque juive des Lumières », qui appelaient à la modernisation et à la sécularisation des Juifs, refusant les pratiques et les traditions religieuses au nom de l’« humanisme » et de l’« assimilation » avec les « peuples progressistes de l’Occident ». En Russie ce type juif, bien qu’incliné à l’opposition extrême dans ses relations avec le régime conservateur nominalement monarchiste orthodoxe, défendait des positions occidentalistes et libérales. Au premier rang des aspirations de ce groupe, les aspirations bourgeoises, rationalistes et démocratiques de ce genre furent complètement satisfaites par la révolution de Février. Après la révolution bolchevik, l’« occidentalisme juif » dans son ensemble revint du coté des Blancs, et en dépit de ses affinités raciales avec les dirigeants bolcheviks, ne se reconnut pas dans les « orientalistes juifs » universalistes à tendance mystique.
De même que pendant la Révolution les Russes se divisèrent entre « Blancs » et « Rouges » – également sur la base de traits archétypaux profondément enracinés (mais cela requiert une discussion séparée) – l’hébraïsme se brisa aussi, au sens politique, sur une ligne profonde apparue beaucoup plus tôt, en deux camps juifs : les hassidiques-kabbalistes (bolcheviks) d’un coté, et les talmudistes-rationalistes (illuministes, bourgeois capitalistes) de l’autre.
Ainsi, la typologie de Bromberg-Agursky, basée sur des exemples historiques, confirme cette conclusion à laquelle nous parvenons en suivant une voie purement logique : l’hébraïsme, représentant l’unité ethnico-religieuse (qui n’est pas si évidente cependant !), est néanmoins essentiellement divisé en deux camps, deux « Ordres », deux « communautés », deux types, qui dans des situations critiques précises montrent non seulement une divergence, mais aussi une hostilité fondamentale. Chacun de ces pôles a simultanément une expression religieuse et une expression séculière, demeurant essentiellement uniforme. L’« orientalisme juif »,
l’« eurasisme juif » (d’après Bromberg) ou le « national-bolchevisme juif » (d’après Agursky) comprend un niveau religieux – le hassidisme, le sabbatisme, le kabbalisme – et un niveau séculier – le marxisme, le socialisme révolutionnaire, le populisme, le bolchevisme.
L’« occidentalisme juif » est aussi dual ; en lui le plan religieux coïncide avec le talmudisme rationaliste maïmonidiste (plus tard les « gaoni » [« grands savants »] de Vilnius, les centres des « mitnagedov », les milieux anti-hassidiques), et la version séculière s’exprime dans l’humanisme libéral-démocrate des « Lumières ».
4. Deux exemples
La dualité fondamentale que nous avons exposée explique instantanément un ensemble de facteurs demeurant obscurs et paradoxaux dans d’autres méthodologies interprétatives.
En particulier, une explication logique est trouvée pour le mystérieux phénomène appelé « antisémitisme juif ». Ainsi, la critique de Marx concernant Lassalle, dans laquelle Marx utilisait un langage extrêmement judéophobe, et aussi les passages extrêmement anti-juifs dans toute l’œuvre de Marx, identifiant le judaïsme au capitalisme, deviennent parfaitement clairs, car le Juif Marx appartient à tous points de vue et sans ambiguïté au type mystique-hassidique, messianique, qui voit traditionnellement l’ennemi principal dans la bourgeoisie et le capitalisme – où le rôle principal, à la fois au sens philosophique et au sens ordinaire, est joué par les Juifs. Dans son article « Sur la question juive », Marx écrivait : « Quelles sont les bases séculières du judaïsme ? Les besoins matériels, l’intérêt personnel. Quel est l’idéal terrestre du Juif ? La vente. Quel est son dieu terrestre ? L’argent … L’Argent – voilà le dieu jaloux d’Israël. L’essence empirique du judaïsme est le commerce ». Notons cette emploi des termes « séculier », « empirique ». C’est comme si Marx visait deux aspects. L’un d’entre eux est l’aspect matériel, immanent, que, sans plus de cérémonie, il dénonce et rejette comme l’incarnation de la négativité (nous devons nous rappeler de ce rôle véritablement démoniaque, anti-chrétien, que Marx attribuait au Capital). Il est facile de deviner le second aspect – non séculier, non-empirique, transcendant. Celui-là représente, selon notre reconstruction, les mystiques juifs de tendance communiste.
Un autre exemple. A son époque, un groupe de kabbalistes-zoharites (admirateurs kabbalistes du « Zohar »), disciples du kabbaliste mystique Jacob Frank, se convertirent collectivement au christianisme, « révélant » en même temps les odieux rites des talmudistes (rabbinistes), leurs ennemis principaux. Dans son livre « Le sang dans les croyances et les superstitions de l’humanité », l’historien juif G.L. Shtrak décrit ainsi le conflit entre les disciples de Frank et les talmudistes : « En 1759, ils [les « frankistes »] ont déclaré à l’archevêque Bratislav Liubensky qu’ils imploraient le baptême, comme un chevreuil cherchant de l’eau, et tentaient de démontrer ‘que les talmudistes versaient plus de sang chrétien innocent que les païens, qu’ils l’appréciaient et l’utilisaient’. En même temps, ils lui demandèrent de leur désigner un lieu de résidence à l’est de Lemberg, pour qu’ils puissent y vivre du travail de leurs bras, alors que ‘les shinkari talmudistes cultivent l’ivrognerie, boivent le sang des pauvres chrétiens et les exploitent jusqu’aux os’. (…) Peu de temps après la discussion, sur l’insistance du clergé polonais, ils acceptèrent le baptême pour environ un millier de zoharites. »
Dans ces deux exemples nous voyons une unité d’opposition spirituelle à différents niveaux. L’athée Marx identifie le Capital à la figure du « Juif », et sur cette base il maudit aussi les Juifs et leur « dieu empirique ». Les « frankistes » mystiques maudissent les talmudistes sur des bases complètement différentes, leur reprochant – en accord avec le niveau de toute la polémique – de « boire le sang des chrétiens ». Il est frappant de voir combien les motifs sociaux se manifestent chez les zoharites : « les rabbinistes exploitent les jusqu’aux os » et les zoharites veulent « vivre du travail de leurs bras ». Le conflit spirituel des mystiques-mythologues, gnostiques, zélotes et spiritualistes contre les moralistes religieux, défenseurs du rite pur, formalistes du culte, est inconsciemment et naturellement converti en opposition entre socialistes et capitalistes, bolcheviks et libéraux-démocrates.
Dans la terminologie de Bromberg, il n’est déjà pas difficile du tout d’identifier Marx et les zoharites avec l’« orientalisme juif », et les capitalistes et les rabbinistes avec les « occidentalistes ».
Tout converge.
5. Juifs contre Juifs
A présent, en projetant le schéma découvert sur l’histoire soviétique, nous y découvrirons aussi le rôle des Juifs.
Dans son ensemble, l’hébraïsme à la veille de la révolution était uni dans son opposition au régime existant. Cela concernait les deux secteurs. Les Juifs orientalistes étaient opposés au capitalisme et au conservatisme religieux, à l’aliénation et au formalisme dans le domaine de la culture, ils désiraient ardemment un changement révolutionnaire et l’avènement de l’éternité magique du royaume messianique. Les Juifs occidentalistes n’acceptaient pas le tsarisme pour des raisons très diverses, incluant son régime arriéré, insuffisamment capitaliste, civilisé et humaniste, appelé à se perfectionner jusqu’au niveau de la civilisation occidentale. Tout l’hébraïsme dans son ensemble était solidaire quant à la nécessité de renverser la dynastie et de faire la révolution. Pour cela ils avaient des alliés à la fois parmi la périphérie des nationalistes russes, rêvant de détruire la « prison des peuples », et parmi les « nationalistes de gauche » du même milieu russe, percevant le régime des Romanov de Saint-Pétersbourg comme une parodie anti-nationale, anti-patriotique, anti-spirituelle, de l’authentique Russie sacrée. En outre, pas mal d’« occidentalistes » parmi la noblesse et la classe marchande russe complotaient activement en faveur du capitalisme russe contemporain, gâtant les derniers « jardins à cerises » d’une aristocratie irrémédiablement dégénérée. L’action globale de toutes ces forces, dès qu’une situation favorable approcha, accomplit la révolution de Février. Mais immédiatement après, les contradictions non résolues à l’intérieur du camp des vainqueurs surgirent. Après le renversement du régime impérial, une seconde ligne de fracture (interne cette fois-ci) apparut en pleine lumière, et cela prédétermina tous les événements ultérieurs. Après la révolution de Février, au premier plan il y eut une opposition entre forces révolutionnaires et réformatrices, entre orientalistes de gauche et occidentalistes de gauche, entre eurasistes et européistes. Ce dualisme fondamental des types apparut aussi très clairement dans le milieu juif lui-même.
Le pôle bolchevik avait rassemblé les représentants de l’« orientalisme juif », le type hassidique-kabbaliste, les Juifs-communistes, les Juifs-socialistes – ceux qui à la fin du XVIIIè siècle voulaient « vivre du travail de leurs bras ». Cet hébraïsme du travail, eschatologique, universaliste, généralement russophile, se solidarisa avec le courant russe national-bolchevik des « impérialistes de gauche », qui voyaient dans la révolution d’Octobre non pas la fin du rêve national, mais son commencement, une nouvelle aube rouge, la seconde venue de la Rus’ soviétique, de la Russie de Kitezh [la cité idéale, la cité de Dieu sur terre, NDT] secrète des starobriadetsi [les partisans de l’Ancien Rite orthodoxe, NDT], perdue dans le triste bicentenaire de la parodie profane du synode de Saint-Pétersbourg. Petit à petit le bolchevisme avait absorbé non seulement les marxistes orthodoxes, mais aussi un grand nombre de socialistes-révolutionnaires, en particulier les socialistes-révolutionnaires de gauche, qui peuvent être définis comme les homologues russes des nationaux-révolutionnaires. En un mot, pour le vaste milieu juif organique, l’organisation juive à l’intérieur des rangs bolcheviks représente l’aboutissement logique et triomphal de son voyage historique, dont les racines se trouvent dans les anciens conflits religieux du sombre Moyen-Age.
Comme ennemis de cette communauté eschatologique des « Juifs orientalistes », il y avait tous les capitalistes du monde, et en particulier le bourgeois juif, séculier, incarnation empirique (selon l’expression de Marx) des anciens rabbinistes. D’où, là aussi, l’« antisémitisme » bolchevik paradoxal, pas étranger non plus à de nombreux Juifs communistes. Dans son ouvrage, Agursky mentionne un cas très intéressant, dans lequel le Juif Vladimir Tan-Bogoraz intercède en faveur d’un bolchevik russe qui s’était permis une grossière tirade antisémite, et non seulement intercède, mais le justifie pleinement. Comme cela ressemble à l’histoire précitée des zoharites ! A ce propos, nous découvrons aussi quelque chose de similaire dans d’autres milieux. Ainsi, par exemple, le célèbre fondateur de la loge bavaroise « Thulé » qui prépara la naissance d’un Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands (NSDAP), le baron von Sebottendorff, fut à son époque initié à la « Maçonnerie Egyptienne » en Turquie par un couple de Juifs sabbatistes et reçut d’eux les bases de la science ésotérique. Mais ainsi il se distinguait de l’antisémitisme manifeste (pour ne pas parler des nazis ordinaires). Une trace juive (en particulier sabbatiste) peut être trouvée dans nombre d’autres organisations fortement nationalistes et parfois ouvertement racistes ou antisémites – aussi bien européennes (maçonniques) qu’orientales (les Jeunes Turcs).
D’autre part, l’antisémitisme pouvait aussi être dirigé dans le sens opposé, et dans ce cas ses porteurs pouvaient très bien être soit des Juifs, soit des politiciens contrôlés par eux. Ainsi, par exemple, on connaît bien les expressions antisémites de Churchill, qui, se référant à l’origine juive de la majorité des dirigeants bolcheviks, parlait du « péril juif, menaçant la civilisation à partir de l’Orient ». Ainsi, durant sa carrière politique, Lord Churchill s’appuya sur les milieux sionistes de droite en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, comme le démontre de façon convaincante Douglas Reed. Donc, tout comme il existe un hébraïsme de « droite » et un hébraïsme de « gauche », il existe aussi un antisémitisme de « droite » et un antisémitisme de « gauche ». Donc dans cette question aussi nous arrivons à une approche plus complexe.
De Février à Octobre survint un tournant pour les deux moitiés du monde juif, et à partir d’un certain moment cette opposition acquit ses formes les plus aiguës. Dans les cas extrêmes, les représentants des deux camps eurent recours dans leur polémique à des argumentations pas différentes du discours vulgaire et brutal des antisémites. Mais ce n’est pas tout. A l’apogée de la confrontation, le choc acquit une nature de guerre de destruction physique, comme nous le voyons dans l’histoire des purges staliniennes dans les rangs du gouvernement soviétique.
6. Vivre du travail de ses bras
Il n’y a pas de doute que les Juifs diffèrent par des capacités uniques dans certains domaines, sociaux, économiques et culturels. Des siècles de diaspora ont enseigné beaucoup de choses à ce peuple, petit mais résistant, obstiné, ne voulant pas oublier son ancien rêve, sa religion millénaire, sa promesse lointaine. Regardant tout leur environnement comme quelque chose de temporaire, de fluide, de transitoire, les Juifs ont élaboré un nombre de traits dynamiques frappants, leur permettant de s’orienter instantanément dans la dynamique sociale, dans les véritables processus rapides à l’échelle étatique et nationale, s’épanouissant au milieu de « grands peuples » qui, « étant toujours chez eux », conçoivent tout avec un retard marqué, avec une réflexion ralentie, une réflexion a posteriori. Mais ces capacités peuvent être utilisées différemment dans les diverses situations. Ainsi, les Juifs bolcheviks ont concentré tous leurs efforts, tous leur talent national, toutes leur puissance spirituelle, pour créer le très puissant Etat soviétique, l’empire de la justice sociale, le bastion eurasiste de la géopolitique continentale. Et les multiples éléments de la diaspora juive en Europe, en Amérique, en Asie, venant du même milieu religieux-spirituel, mystique, spirituellement « orientaliste », « eurasiste », furent pendant de longues décennies un support structurel pour les Soviets, les agents géopolitiques de la Grande Eurasie, les guides du messianisme bolcheviste. Ce sont précisément eux qui, à la base, ont formé la Troisième Internationale, plus tard le Komintern, le puissant réseau eurasiste, la subtile agence de Moscou dans tous les recoins de la planète. Mais à nouveau, nous soulignerons que nous ne parlons pas simplement des Juifs, mais d’une catégorie spéciale de Juifs, d’un camp juif particulier, des « Juifs eurasistes ». A ce propos, à un moment donné, ces Juifs eurasistes « rouges-bruns » ont aussi préparé la création de l’Etat d’Israël, ayant commencé sous la direction (et avec l’approbation) de Moscou un dur combat contre les Anglais atlantistes, contre les forces du Capital et de la démocratie libérale. Ils ont constitué l’axe des forces de gauche en Israël, l’un des fruits de leurs efforts étant les fameux kibboutz. Toujours le même « vivre du travail de ses bras » des zoharites.
Les apologistes de l’hébraïsme en tant que tel, présentant tous les Juifs comme des victimes totalement innocentes, ne peuvent aucunement expliquer le fait que dans une époque de sévère répression, comme pendant les purges léninistes et staliniennes, les Juifs ne furent pas seulement des victimes, mais aussi des geôliers, et pas seulement individuellement, personnellement, mais aussi en tant que groupe, parti, faction. Cette circonstance – inexpliquée, dans la grille antisémite comme dans la grille judéophile – est en réalité explicable, puisque sous le pouvoir soviétique le combat interne dans l’hébraïsme ne cessa pas : les éléments bolcheviks, « hassidiques », « zoharites », connaissant bien les talents et les méthodes serpentines de leurs propres co-nationaux, leur tendance à l’intrigue, à la tactique du caméléon, à la conspiration, combattirent impitoyablement les éléments bourgeois de l’hébraïsme, ainsi que le reliquat des « Juifs occidentalistes », héritiers de l’esprit « rabbiniste », descendants idéologiques des « mitnagedov ». De là aussi vient le paradoxe – au centre des purges ayant un clair caractère antisémite il y eut toujours et partout des Juifs. Un exemple classique d’une telle attitude peut être trouvée avec Lazarus Kaganovich, très loyal disciple de Staline, national-bolchevik convaincu et fidèle, que les nationalistes russes, complètement à tort, ont injustement transformé en figure emblématique du « conspirateur juif ». Il serait difficile d’inventer un plus grand « antisémite » (au sens anti-talmudique).
La manière dont le drame interne de l’hébraïsme soviétique évolua à l’époque de Lénine et Staline : ce fut une épopée passionnée, héroïque, pleine de montées et de chutes, qui (nous n’en doutons pas) sera un jour décrite de manière appropriée et en détails.
7. De la crise au grand effondrement
Le point critique dans l’histoire de l’eurasisme juif fut 1948. A ce moment Staline et son entourage parvinrent à la conclusion que la création de l’Etat d’Israël – qu’au tout début le gouvernement soviétique avait soutenu avec enthousiasme (en tant que construction hassidique-socialiste) – se révélait être un instrument de l’Occident bourgeois, puisque la ligne capitaliste – celle des « mitnagedov » – l’avait emporté en lui. Les tendances sionistes commençaient à se réveiller aussi dans l’hébraïsme soviétique, et cela signifiait que l’initiative était en train de passer aux restes de la tendance « occidentaliste », dont l’éradication totale était seulement apparente et dont l’action éveillait même la suspicion vigilante des Juifs eurasistes.
Ce moment fut fatal – comme cela fut montré par les derniers événements de la fin de notre siècle – pour tout l’Etat soviétique, pour le socialisme dans le monde entier. Quand la tendance antisémite dans le gouvernement soviétique s’accrut au delà d’une certaine limite – particulièrement scandaleuse fut la destruction du comité juif anti-fasciste, composé presque à 100 % d’eurasistes convaincus et d’agents directs de Lavrenti Beria (ce qui ne faisait que parler en leur faveur) – seuls les Juifs nationaux-bolcheviks les plus résistants (le même Kaganovich) purent demeurer inébranlables sur des positions russophiles, soviéto-impériales. Dans l’ensemble, aux yeux de la masse juive, l’influence des eurasistes était suffisamment affaiblie, et leur ligne géopolitique et idéologique de base était fondamentalement discréditée.
D’autre part, dans les milieux du parti et de l’armée, les plus hauts postes de pouvoir commencèrent à être réservés à des éléments grand-russiens [Russes] et petit-russiens [Ukrainiens], dont le discours était loin du messianique du nationalisme de gauche, du national-bolchevisme messianique, fondant l’union spirituelle des eurasistes juifs et russes depuis le début du siècle. Cette nouvelle génération se considérait plus comme des étatistes que comme des apôtres d’une Nouvelle Vérité, héritiers soit de l’esprit « romanovien » militaire de la caste tsariste des spécialistes de la guerre, pas totalement éradiquée par les Bolcheviks, soit du simple chauvinisme des populistes, des travailleurs-paysans, avec une certaine composante d’antisémitisme irraisonné, instinctif. Ces cadres de l’armée, ne connaissant pas les révolutions ni le suprême effort spirituel et historique qui les accompagne, ne pénétraient pas dans les subtilités de la politique nationale. Par un singulier aveuglement, ceux qui se distinguèrent le plus dans cette question furent les Ukrainiens, qui à partir d’un moment donné – avec l’arrivée de Khrouchtchev – commencèrent à occuper de plus en plus étroitement les postes suprêmes en URSS. Et, bien qu’immédiatement après la mort de Staline, Beria ait complètement stoppé « l’affaire des blouses blanches » antisémite, l’irréparable était accompli.
Plus tard survint une crise fatale. Le courant russe-juif, eurasiste-continental, international-impérial, messianique, révolutionnaire, colonne vertébrale du Pouvoir Soviétique, était affaibli, fissuré, déformé à sa base. L’Etat, l’autorité, les organismes économiques commencèrent à opérer de manière inertielle. Les purges, à la base desquelles des raisons fondamentales, idéologiques, métapolitiques, sont toujours cachées, étaient terminées, à leur place vinrent les luttes de clans, l’« embourgeoisement » progressif du socialisme, son glissement dans le philistinisme, dans la médiocrité. Le discours eschatologique révolutionnaire disparut. L’Etat soviétique put continuer seulement par inertie. La base mondiale de la révolution eurasiste eschatologique s’était fondamentalement transformée en un Etat normal. Feu puissant, grand, original, mais dépossédé de sa mission œcuménique originelle.
Au niveau de l’hébraïsme, cela signifiait une défaite complète du camp « hassidique-sabbatiste », et l’arrivée progressive aux premiers rôles des Juifs rationalistes, kantiens, humanistes, mitnagedov, occidentalistes. L’alliance secrète du national-bolchevisme était terminée, l’orientalisme juif rapidement marginalisé. Son influence et ses positions s’effondrèrent d’une manière catastrophique.
Graduellement le type du Juif bolchevik fut poussé en marge, et dans les milieux dirigeants de la communauté juive d’URSS, les représentants de la tendance maïmonidiste, talmudique, furent poussés en avant. Le plus souvent dans une version séculière, humaniste-libérale.
Cette aile bourgeoise, sioniste de droite, travailla désormais à la destruction de la construction soviétique, prépara le grand effondrement du socialisme, sapa de l’intérieur une construction géopolitique géante. A ce propos, en même temps que cette tendance destructrice anti-eurasienne, des milieux nettement antisémites travaillaient aussi à l’intérieur du KGB – cela ne fit qu’aggraver la dissolution de cette synthèse spirituelle, culturelle et idéologique, qui était le mystérieux carburant du bolchevisme originel, le national-bolchevisme.
De toute manière, le grand effondrement de l’Etat soviétique fut le résultat direct du retrait du lobby juif de la position bolchevik étatiste créatrice, et de sa complicité directe ou indirecte avec l’Occident capitaliste atlantiste, anti-soviétique, hostile.
8. Vers l’avenir eurasien
Ce modèle, dont nous avons décrit les contours généraux, permet de regarder avec des yeux neufs de nombreux problèmes liés aux leviers obscurs de l’histoire soviétique. Notons que cette approche peut aussi être appliquée à des systèmes géopolitiques différents, puisque quelque chose de similaire peut être trouvé aussi dans d’autres pays et dans d’autres contextes politiques. A cet égard, le grand écrivain Arthur Koestler développa ce thème de la dualité fondamentale de l’hébraïsme, et proposa une thèse, contestable du point de vue ethnologique, mais assez expressive du point de vue typologique, concernant une origine raciale « turque » des Juifs d’Europe de l’Est, les « Ashkénazes » dans leur ensemble étant les héritiers des zoharites judaïsés sur le plan religieux – d’où le dualisme bien connu entre Ashkénazes et Sépharades (Sémites purs). Dans le cas des Karaïms, c’est-à-dire une autre tendance anti-talmudique de l’hébraïsme, le fait d’une descendance à partir des Khazars est considérée comme clairement démontrée (voir L. Gumilev). Il est curieux que Douglas Reed accepte la théorie d’une origine turque des « Ashkénazes » (en hébreu ce mot signifie « du nord »), considérant ce type de Juifs comme une ramification de la « race turco-mongole » !
Il est important de souligner un autre aspect. L’orientalisme juif n’est pas un phénomène particulièrement moderne, exclusivement soviétique. Il est enraciné dans la profondeur de l’histoire nationale. Probablement y a-t-il quelque terrible secret religieux ou racial derrière lui. De toute façon, il n’y a pas de doute que la victoire du lobby « mitnaged », de l’occidentalisme juif, n’est pas et ne peut pas être un fait irréversible et total. Il est impossible de nier que les positions de l’orientalisme juif sont faibles et marginales, aujourd’hui plus que jamais. Mais cela peut très bien être un phénomène temporaire. L’identité nationale d’une certaine partie de l’hébraïsme est inconcevable sans l’esprit de sacrifice, la grande compassion, la recherche angoissée et idéaliste de la vérité, sans la profonde contemplation mystique, sans le dédain méprisant pour les sombres lois serviles « de ce monde » – pour les lois du marché et du bénéfice égoïste. L’orientalisme juif, les actions de l’humilité et de la sublime folie des premiers Tzadiks [les « Sages », les chefs spirituels du courant hassidique, NDT] légendaires, la sincère compassion pour nos semblables, quelle que soit leur origine raciale et religieuse, la croyance fanatique en l’équité et la construction honnête de la société, et finalement cette solidarité vaguement ressentie avec un autre peuple de l’Histoire, tragique et beau, lui aussi élu, choisi par Dieu, le peuple russe – tout cela est inséparable d’une certaine partie de l’hébraïsme, inséparable de sa destinée unique.
Coincé entre l’antisémitisme (en partie justifié) des patriotes russes et la matrice matérielle occidentaliste, rationaliste, favorable au marché, destructrice et anti-étatiste des Juifs-libéraux russes d’aujourd’hui, l’orientalisme juif connaît des temps difficiles.
Mais il n’est pas nécessaire de désespérer. Dans la vie de ce peuple il y a eu des épreuves bien pires. Il suffit qu’il comprenne son choix, qu’il interprète sa place dans l’Histoire, qu’il trouve son orientation géopolitique et spirituelle conséquente. Et de leur point de vue, tenus par leur responsabilité, et à la lumière de toute cette tragique expérience historique, tous les eurasistes conséquents proclament : il y aura toujours une place pour l’« orientalisme juif » dans les rangs des bâtisseurs du Grand Empire Eurasiatique, le Dernier Empire.
Mais nous n’excuserons et nous n’oublierons pas la trahison de la Grande Idée, jamais et pour personne. Ni la nôtre, ni celle des autres.
Ce texte vient du site web « Polyarniy Israil » (Israël polaire), février 2000.
Précédemment publié par Arktogaja.
Traduit du russe par Martino Conserva
Version française par Franz Destrebecq
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