
 |
:::::::: textes idéologiques :: yockey ::
|
Un visionnaire : Francis Parker Yockey
Yockey est un homme que l’on connaît peu, malgré un apport considérable à la pensée occidentale. Le personnage même est remarquable, par son isolement, sa solitude, par rapport aux hommes et aux formations de son temps. Dans son pays, il resta longtemps inconnu, et lorsqu’il fut arrêté la presse titra : « Un homme mystérieux, porteur de trois passeports différents, incarcéré ! » Qui était-il, gangster international ou espion communiste ? C’était l’auteur d’Imperium.
Né à Chicago, en 1917, il fréquente l’Université jusqu’en 1938, et en sort avec un diplôme de juriste. Chacun avait déjà remarqué, en lui, des facultés intellectuelles hors du commun. Pianiste, écrivain, polyglotte, homme de loi, philosophe, il était tout cela. Opposé à l’entrée des Etats-Unis dans le conflit mondial, il n’en sert pas moins dans l’armée, jusqu’en 1942. En 1946, ayant choisi la carrière juridique, il a travaillé dans l’Illinois, puis comme assistant d’un attorney dans le Michigan. C’est à cette date qu’on lui offre un poste aux tribunaux destinés à juger les criminels de guerre en Allemagne, à Wiesbaden. Il s’y rend, et peut constater sur place les effets du plan Morgenthau, qui contraignit à la misère plus de vingt millions de citoyens allemands. Peu à peu, à partir d’observations directes, il en vient à la conclusion que la procédure d’exception alliée ne sert finalement qu’au communisme international.
Pendant onze mois, il rédige des rapports sur divers cas qu’on lui soumet. Particulièrement compétent en histoire, il tente de faire un travail objectif, mais Washington le rappelle à l’ordre : « Nous désirons que vos rapports soient écrits en conformité avec la version officielle des fait ». Il fait alors répondre : « Je sui homme de loi, et non journaliste, vous écrirez vous-même votre propagande », et démissionne.
Il passe cinq mois aux Etats-Unis mais, dès la fin de 1947, revient en Europe et passe quelques mois paisibles, dans une petite auberge de Britta Bay, en Irlande. C’est là, isolé, inconnu, qu’en six mois, absolument sans une note, il va écrire son ouvrage magistral Imperium. A peine l’a-t-il terminé que plusieurs éditeurs le refusent, le jugeant trop sujet à controverses. En 1948, cependant, Imperium est publié en deux volumes, chez deux éditeurs différents de Londres (CA Brooks & Co, et Jones & Dale). Le premier volume est tiré à mille exemplaires, le second à deux cent seulement ! (1).
Malgré ce tirage fort restreint Yockey est immédiatement remarqué par les services officiels. Commence alors une période de persécutions qui ne va cesser qu’avec sa mort. C’est pendant le même temps que Yockey montre aussi, qu’en lui, l’homme d’action ne vaut pas le philosophe. En 1949, il signe, avec quelques amis, une Proclamation de Londres, et organise un Front de libération européenne ; l’un et l’autre n’ont aucune suite, sinon, pour lui, de se faire un jour rosser à Hyde Park ! Assez découragé, il s’engage dans la Croix-Rouge, puis la quitte en 1951, pour de nouveaux voyages en Europe, sur lesquels nous possédons très peu d’informations.
Ces allées et venus inquiètent le gouvernement américain, et en 1952, le département d’Etat refuse de renouveler son passeport, et ce à plusieurs reprises. Désormais sous constante surveillance du FBI, il est connu, non du public mais des services de répression. Il dit : « mes ennemis m’ont mieux estimé que mes amis ». Que fit-il, durant les années suivantes ? Quels contacts prit-il ? On ne le sait pas exactement. Ce qui est certain, c’est qu’avec le temps, Imperium était jugé dangereux, impubliable et que tout fut fait pour empêcher que le texte ne se répande. Yockey dut souvent entrer dans une semi-clandestinité afin de se rendre en Europe, avec les faux papiers qu’il avait pu se procurer.
Le 1er juin 1960, il est aux Etats-Unis. Coupable d’un seul acte : avoir écrit Imperium, il est arrêté à Oakland (Californie), incarcéré et condamné à la caution effarante de cinquante mille dollars. Onze jours plus tard, il est « trouvé mort » dans sa cellule. On conclut au suicide par absorption de cyanure de potassium, mais nul ne put expliquer comment il se l’était procuré. L’Amérique, pays des « suicides » étranges (Mac Carthy, Bang-Jebsen, etc.), enregistrait à nouveau le décès d’un penseur d’Occident. Le dossier fut classé.
Il est difficile de classer Imperium. Yockey, lui-même, écrit dans son avant-propos : « ce livre n’est un livre qu’en apparence. En fait c’est une partie de la vie en action ». Il s’agit de l’un de ces ouvrages globaux qui expliquent tout un siècle, à la lueur de certaines constantes historiques, politiques et philosophiques, tels que le XXème siècle n’en connut que trois ou quatre.
Imperium comprend plusieurs grandes parties, ce qui explique sa publication originelle séparée : une vaste étude historique (théorie de l’histoire, étude critique du freudisme, du darwinisme, du marxisme, conditions nouvelles), et une autre à caractère politique (ligne de force, lois des relations étatiques et des groupes communautaires, pensée et action, étude du libéralisme, de la démocratie et du communisme), l’une et l’autre centrée sur ce siècle. Le reste du livre étudie l’élan civilisateur, au point de vue de sa vigueur (conditions ethniques et politique de son maintien) et de son état, « apthologie » (perversions, déformations, facteurs de dégénérescence culturelle). Il conclut sur une étude de l’Histoire de l’Amérique et un examen de la situation mondiale.
Ce qui est extraordinaire, c’est de penser que ce maître-livre a été écrit en 1948, dans une optique visant à l’intérêt et à la vie de l’Occident, et non selon les principes étroits e tel ou tel pays particulier. On considère, en général, Imperium comme la suite naturelle du Déclin de l’Occident de Spengler, avec lesquels il présente d’ailleurs de nombreux points communs. Les figures et l’œuvre d’hommes tels que Carlyle, Goethe, Nietzsche, Spengler (« le philosophe du XX ème siècle » disait Yockey), Napoléon ou Frédéric le Grand, le dominent. Yockey fut, peut-être, le premier à percevoir totalement la nécessité de l’union européenne, l’aspect dépassé du chauvinisme politique, la venue du temps de l’intégration organique de l’Occident.
Yockey, qui dit que l’Europe est «un sujet d’expression civilisatrice, non un terrain de planification » rejette les fossiles marxistes du siècle dernier, donne l’explication des événements, fournit un guide au soldat d’Occident. Ses ennemis l’ont compris. Il en est mort !
PW
Note :
1 – Imperium se trouve, enfin, actuellement, aux Etats-Unis, auprès de la Nootide Press (PO Box 713, Sausalito, Californie) ou du Truth Seeker (38 Park Row, New York 8, NY, USA).
Le livre est signé du pseudonyme de Ulick Varange. Ulick Varange est un prenom irlandais signifiant « récompense de l’esprit ». Varange est une référence aux Varanges, groupes de héros nordiques, qui conduits par Rurik, civilisèrent, sur la demande des Slaves, la Russie du IV° siècle, construisirent l’empire russe et en formèrent jusqu’aux tzars, l’aristocratie naturelle.
Paru dans le numéro 22 (octobre 1964) d’Europe action (pp.20-21) dans la rubrique Connaissance de l’Occident.
|