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:::::::: histoire :: allemagne ::

Éléments pour une biographie politique d’Ernst Jünger

15/07/02 18.04 t.u.
Frédéric Kisters

« A mon grand-père, Franz KISTERS, qui disparut, en 1945, aux abords de Breslau, lors d’une guerre civile entre Européens. »

LA JEUNESSE AVENTUREUSE

Le futur écrivain et homme politique sujet à polémiques, Ernst JÜNGER, naquit le 29 mars 1895 à Heidelberg. Il était l’aîné d’une famille de sept enfants dont deux mourront en bas âge. A ce titre de « Stammhalter » (= fils aîné), il supporta l’autorité de son père qui, comme nous le verrons, infléchira, à plus d’une reprise, l’orientation que prenait son destin.

D’emblée, plusieurs traits marquent la jeunesse de JÜNGER. D’abord, la technique, il naît dans une famille qui, d’une certaine manière, incarne le progrès et le triomphe de la science. Son père, Ernst Georg JÜNGER fut d’abord chimiste avant de s’installer comme pharmacien. Parmi ses frères, nous trouvons Hans Otto (°1905/+1976) qui deviendra physicien et le cadet de la famille, Wolgang (°1908/+1975), qui se consacra à la géographie. Quant à son frère Friedrich Georg (°1898/+1977), avec lequel il partagea la plupart des grandes expériences de sa vie, il rédigea plus tard un essai intitulé « La perfection de la technique » (= Die Perfektion der Technik).

Outre la technique, un deuxième sceau imprima de son signe le caractère et l’esprit d’Ernst JÜNGER, à savoir un goût prononcé pour le voyage, un nomadisme tant spatial qu’intellectuel. Dès l’enfance, il suivit les pérégrinations de sa famille à travers l’Allemagne. Elève distrait et peu assidu, il changeait souvent d’école. Ses performances dans le domaine littéraire ne suffisaient pas à compenser sa nullité en mathématique. Durant sa quinzième année, il trouva l’évasion en lisant les romans d’aventures de Karl MAY, DUMAS, VERNE ou POE. Dès lors, quoi d’étonnant à ce que cet invétéré rêveur adhéra aux Wandervögel (= les oiseaux migrateurs), un mouvement de jeunesse, inspiré par le romantisme allemand, qui critiquait l’industrialisation, prônait un retour à la terre et soutenait une attitude à la fois nationale, populaire et pacifiste. Avec ses compagnons, parmi lesquels se trouvait son cadet de trois ans, Friedrich Georg, il parcourut, sac au dos, les plaines et forêts tudesques. Déjà, il publiait ses premiers articles et poèmes dans différents journaux du Hanovre. Il faut croire que les escapades agrestes ne suffisaient pas à assouvir son irrépressible besoin de dépaysement, puisque, à l’automne 1913, Ernst JÜNGER fuguait pour s’engager dans la Légion étrangère à Verdun, en trichant sur son âge. Il signa un contrat pour cinq ans et rejoignit Marseille, avant de s’embarquer pour Alger et de rejoindre le centre d’instruction de Siddi-bel-Abbes. Mais son père refusait que son rejeton disparût en Orient. Il obtint le rapatriement de son fils par la voie diplomatique, en arguant du fait qu’il était mineur. Le pater familias ne lui adressa aucun reproche. Il parvint à convaincre Ernst d’achever ses études, en lui promettant qu’il l’autoriserait à participer à une expédition dans le Kilimandjaro. Vingt ans plus tard, l’auteur nous contera ses mésaventures dans « Jeux africains » (1936). Durant la fin de ses études, il découvrit NIETZSCHE dont la philosophie sous-tendra l’oeuvre de JÜNGER.

Enfin, Mars marqua de son signe la jeunesse de JÜNGER. Dès le 1er août 1914, il s’engageait comme volontaire dans l’armée. Néanmoins, il acheva ses secondaires selon une procédure accélérée, avant de suivre sa formation militaire et d’être incorporé dans le 73e régiment de fusiliers, unité avec laquelle il combattit pendant toute la guerre. Il reçut son baptême du feu en Champagne, le 27 décembre 1914. Son premier récit de guerre, « Orages d’acier », s’ouvre d’ailleurs sur cet épisode. Blessé une première fois, il mit à profit sa convalescence pour s’inscrire à des cours universitaires, entre autres des conférences sur la zoologie. Son père le convainquit de suivre une formation d’officier. De retour au front, son courage suscita vite l’admiration de ses camarades. Toujours à la pointe du combat, il collectionna un nombre impressionnant de blessures dont il dressa l’étrange inventaire à la fin d’ « Orages d’acier » : quatorze impacts pour vingt cicatrices ( plusieurs projectiles l’avaient transpercé). Pendant la bataille de Langemarck, il sauva son frère Friedrich Georg qui était officier dans le même régiment (29 juillet 1917). Blessé pour la septième fois, il reçut l’« Ordre pour le Mérite », décoration créée par un géant de l’Histoire, Frédéric II de Prusse, et qu’HITLER, ce gnome, supprima. En temps normal, cette décoration n’était pas décernée à de simples lieutenants, mais plutôt à des officiers de rangs supérieurs. Un certain Erwin ROMMEL mérita également cet honneur insigne. Ernst JÜNGER sortait donc des forges de la première guerre industrielle, auréolé de gloire et muni du grade de capitaine.

Après la guerre, il s’engagea dans la Reichwehr avec le grade, inférieur, de chef de section, ce qui était le sort de la plupart des cadres, car l’ancienne armée wilhelmienne fournissait une surabondance d’officiers que ne pouvait absorber les 100.000 hommes de la République de Weimar. Ses premiers écrits d’après guerre consistèrent en un manuel d’instruction de l’infanterie et trois articles de tactique pour le « Militärwochenblatt », l’hebdomadaire de la Reichwehr. Dans ces derniers, il insiste sur la nécessité de tirer les leçons du passé, et donc de la Première guerre mondiale qui a vu l’avènement de la technique. Ce fait explique peut être en partie l’évolution du militaire vers le penseur : JÜNGER ressentait le besoin de réorganiser son expérience par l’écriture.

En 1920, il s’était installé dans la ville d’Hanovre, quand KAP et LÜTWITZ tentèrent un putsch d’extrême-droite. En tant qu’officier, il fut chargé d’opérations de police - empêcher les pillages, éviter les affrontements ou les lynchages -, mais il ne participa pas personnellement à l’écrasement de l’insurrection. En ces circonstances, JÜNGER montra son respect de la légalité et son scepticisme devant l’action des extrémistes.

LE SOLDAT ECRIVAIN

La même année, il éditait son premier livre. Comme beaucoup d’autres anciens combattants, Ernst JÜNGER avait tenu à jour des carnets de guerre. Nombre de récits relatant leur expérience personnelle furent publiés dans les Années ‘20, mais peu se distinguaient dans la grisaille de la littérature issue des tranchées - de la même manière que nous avons oublié la plupart des mémorialistes de l’époque napoléonienne -. Une fois de plus, c’est le père d’Ernst qui le persuada de publier, à compte d’auteur, ses souvenirs de guerre. JÜNGER avait trouvé le titre, aux connotations si modernes, « Orages d’acier » (= Stahlgewitter), dans les récits épiques de l’Edda; ainsi l’expression qui évoquait à l’origine le heurt d’objets métalliques s’appliqua au choc des puissances industrielles.

On connaît le célèbre roman de REMARQUE, « A l’Ouest, rien de nouveau », mais ce dernier a combattu dans les tranchées pendant une courte période et son oeuvre dénonce les méfaits de la guerre. En revanche, « Orages d’acier », qui rencontra un succès immédiat, se distinguait par le ton détaché, impassible et descriptif qu’adoptait son auteur. Comme un entomologiste étudiant une bataille entre termites et fourmis, JÜNGER observait, de façon précise et froide, l’horreur sans qu’elle l’atteigne. Au contraire, ce spectacle lui inspirait des réflexions poétiques. Au cours de son récit, il ne fait jamais référence aux causes et aux buts du conflit; il l’aborde comme une chose en soi, un événement qui engendre sa propre signification. Dans son esprit, il s’agissait d’un affrontement entre l’individu et l’Etre de la guerre, dont les survivants sortaient transformés, parce qu’ils avaient surmonté l’épreuve. Il n’y avait que deux manières de la vivre : en victime dominée par l’esprit de l’esclave, ou en homme libre qui accepte son destin, qui déclare l’Amor Fati. Comme l’écrivait NIETZSCHE « Tout ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. ». Dans son esprit, la guerre n’était pas seulement une entité destructrice, puisqu’elle engendrait dans son grand oeuvre une nouvelle humanité, une génération d’hommes jeunes et combatifs qui n’éprouvaient que mépris pour les valeurs bourgeoises. Ces hommes nouveaux opposaient le sens de l’action pour l’action au calcul, l’inconfort à la quiétude du foyer, le goût du danger au sentiment de sécurité, le dédain des besoins matériels à l’esprit de lucre, la camaraderie aux groupes d’intérêts.

L’année suivante, il s’essaya sans grand succès à la poésie expressionniste et publia son premier essai, « La guerre comme expérience intérieure » (= Der Kampf als inneres Erlebnis) ainsi qu’une deuxième version d’« Orages d’acier »(1).

En 1923, il démissionna de l’armée, afin de reprendre ses études à l’Université de Leipzig, à la fois dans les domaines de la philosophie et de l’entomologie, science de patience et d’observation qu’il pratiqua de son enfance à sa mort. Parallèlement, il poursuivit la rédaction d’ouvrages, qui hésitent entre le récit et l’essai, sur la Grande Guerre et ses conséquences par « Le lieutenant Sturm » et « Le Boqueteau 125 ». Avec la parution de « Feuer und Blut » ( = feu et sang) en 1925, il acquit un statut d’écrivain reconnu. La même année, il rencontra Gretha von JENSEN, qu’il épousa.

A trente ans, Ernst JÜNGER avait derrière lui une vie déjà bien remplie. Au sortir de la guerre, il était un officier réputé; ensuite, il avait acquis une notoriété littéraire - dont il retirait des revenus suffisants pour subvenir à ses besoins -; malgré les instances de Félix KRÜGER, un des principaux chefs de file du néovitalisme, il avait refusé de s’engager dans une carrière universitaire; enfin, il s’était marié. Ce que beaucoup d’hommes ne parviennent pas à réaliser durant leur existence, JÜNGER l’avait accompli en trois décennies.

L’ECRIVAIN SOLDAT

Jusqu’à présent, il ne s’était guère engagé dans la politique active. En 1923, il avait bien fréquenté quelque temps le cercle des corps francs de ROSSBACH, un anti-communiste acharné qui avait tenté de l’attirer dans son orbe, afin qu’il représentât son organisation. Mais Ernst JÜNGER n’estimait aucunement les personnages peu recommandables et intéressés qui gravitaient dans la nébuleuse des corps francs; en conséquence, il quitta l’organisation. Pourtant, il avait conscience de vivre un période cruciale de l’histoire, ainsi que ses écrits l’attestent.

A la même époque, il écrivit un article intitulé « Revolution und Idee » pour le « Völkischer Beobachter », journal du parti nazi, dans lequel il prêchait pour un nationalisme-révolutionnaire et la nécessité de la dictature. A ce moment, le parti nazi n’était qu’un groupuscule parmi d’autres. Il l’abandonna vite pour se diriger vers la principale ligue d’anciens combattants, le Stahlhelm (= casque d’acier).

Le fait n’a rien d’étonnant dans une période où tous les mouvements politiques se croisaient, à la recherche d’une nouvelle stabilité. La République de Weimar était, selon l’expression de PALMIER, un « effroyable imbroglio idéologique ». Bien sûr, l’extrême-droite raciste et le communisme demeuraient inconciliables, mais entre ces deux pôles, il est difficile de trouver des points de repères. Les notions de gauche et droite n’ont plus guère de sens lorsqu’il s’agit de classer la multitude de mouvements qui agitaient la République. Dans le cercle littéraire qu’animait l’éditeur ROWOHLT, on rencontrait aussi bien Bertold BRECHT que GOEBBELS. Les tenants de tous les courants politiques se côtoyaient, discutaient et parfois épousaient les idées de leurs « adversaires ».

C’est en septembre 1925 qu’il franchit le premier pas. L’ancien chef de corps franc, Helmuth FRANKE créa la revue « Die Standarte » (= L’étendard), un supplément à l’hebdomadaire Der Stahlhelm (= Le casque d’acier), l’organe de la ligue d’anciens combattants du même nom, qui compta jusqu’à un million d’adhérents. La ligue avait été interdite en 1922-1923, puis avait adopté une attitude légaliste que n’acceptaient pas les jeunes radicaux. Pour les apaiser, la direction créa un supplément à sa revue, dans lequel ils pouvaient s’exprimer. JÜNGER fut associé à la direction avec Franz SCHAUWECKER, un autre écrivain issu du front. Ernst JÜNGER publia d’ailleurs la première version de « Feuer und Blut » aux éditions du Stalhelm. La revue se démarqua très vite du nationalisme soldatique classique, en refusant tout recours aux élections, en critiquant la thèse du « coup de poignard dans le dos » ou en soulignant que certains militants de gauche avaient bien combattu durant la Première Guerre mondiale. De tels propos n’eurent pas l’heur de plaire à la direction du Stalhelm, qui se débarrassa de l’encombrante équipe dont la revue cessa de paraître en mars 1926. JÜNGER, SCHAUWECKER, FRANKE et KLEINAU fondèrent un autre périodique intitulé « Standarte » (sans l’article) qui était toujours imprimé par la Frundsberg Verlag, la maison d’édition du Stalhelm, dirigée par SELDTE. Dans les colonnes de la nouvelle revue, JÜNGER appela les anciens combattants à s’unir pour fonder une « république nationaliste des travailleurs ». Dès le mois d’août, le gouvernement interdit la publication du périodique pour trois mois, parce qu’il avait publié un article favorable aux assassins d’ERZEBERG et RATHENAU. SELDTE profita de l’occasion pour donner son congé à FRANKE. Sur ces entrefaites, JÜNGER remit sa démission. En novembre 1926, JÜNGER et FRANKE s’associèrent à Wilhelm WEISS pour coéditer la revue « Arminius ».

A partir de 1925, ses récits de guerre prirent un tour plus politique. Le « Boqueteau 125 » et « Feuer und Blut » furent rédigés pour mettre l’expérience de la guerre au service d’un nationalisme révolutionnaire et technicien qui culminera dans « Le Travailleur ». Il retravailla la troisième version d’« Orages d’acier » dans le même sens. Dans les éditions ultérieures, il retirera les passages trop marqués par le pathos nationaliste.

En juillet 1927, Ernst JÜNGER aménagea à Berlin, où il rencontra de nombreux intellectuels, entre autres dans le cercle qu’animait l’éditeur ROWOHLT, tels que l’écrivain et ancien des corps francs Ernst VON SALOMON, le futur ministre de la propagande nazie Joseph GOEBBELS, le théoricien du droit et du politique Carl SCHMITT, l’auteur de théâtre Bertold BRECHT, ou encore l’historien Eduard MEYER. Le fait que des personnages aussi divers fréquentassent le même cercle, montre à quel point les courants d’idées se mêlaient sous la république de Weimar.

En compagnie de son frère Friedrich GEORG, il fréquenta de manière assidue la mouvance national-bolchevique groupée autour d’Ernst NIEKISCH et de sa revue « Widerstand » (= Résistance), à laquelle Ernst JÜNGER collabora régulièrement jusqu’en septembre 1933. Surtout, il se lia d’amitié avec Ernst NIEKISCH et l’illustrateur A. Paul WEBER.

D’autre part, il rencontra le jeune Werner LASS (°1902) qui avait fondé avec l’ancien chef des corps francs, ROSSBACH, la Schilljugend, un mouvement de jeunesse qui tentait à la fois de renouer avec l’esprit romantique et aventureux des Wandervögel et de se doter d’une organisation communautaire, hiérarchisée à l’instar d’une armée. En 1927, LASS rompit avec ROSSBACH et créa son propre mouvement de jeunesse, la Freischar Schill, dont JÜNGER devint bientôt le parrain. En outre, JÜNGER et LASS s’associèrent avec un autre ancien des corps francs, le capitaine EHRHARDT, pour coéditer la revue « Der Vormarsch » (= La marche en avant) d’octobre 1927 à mars 1928.

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