Des dollars « chrétiens » pour un Etat anti-chrétien
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26/07/04 |
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22.13 t.u. |
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Albert Jacquemin |
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L’International Fellowship of Christians and Jews a été fondée, et est dirigée, par le rabbin Yechiel Eckstein - qui figure dans la liste des cinquante juifs les plus influents d'Amérique, la Forward Fifty List mise à jour régulièrement par le journal juif The Forward. Chaque année, a récemment révélé la presse israélienne, cette association transfère des millions de dollars en Israël, en provenance de donateurs chrétiens à travers le monde qui épousent la cause de l’entité. Les plus fervents de ces supporters se recrutent parmi les chrétiens fondamentalistes aux Etats-Unis - qui se retrouvent notamment au sein de la « droite chrétienne », la Christian Coalition, ou parmi les chrétiens sionistes -, qui se targuent d'être les plus fidèles alliés de l’entité et du peuple juif.
Yechiel Eckstein a rappelé, il y a peu, dans les médias qu'au cours des vingt dernières années la communauté évangélique avait fait don de plus de soixante millions de dollars aux Amitiés internationales judéo-chrétiennes, et il a cité le président de l'Agence juive pour Israël, d'après lequel le soutien de cette communauté chrétienne a permis à plus de deux cent mille juifs de faire leur aliyah, c'est-à-dire d'émigrer en « terre promise ».
Paradoxalement, cet argent chrétien permet de renforcer un Etat fondamentalement hostile aux ... chrétiens ! Ainsi, en mai dernier des représentants des Eglises protestantes, anglicanes, catholiques et évangéliques de Terre Sainte ont dénoncé la politique des autorités israéliennes à leur égard, notamment le refus de visas à des membres du clergé. Pour se faire entendre, ces dignitaires religieux ont décidé d’interpeller le président Bush, fidèle appui du gouvernement Sharon. Ainsi, dans une lettre adressée au président américain, cinquante responsables religieux chrétiens ont affirmé que les rapports avec le gouvernement de l'Etat hébreu n'ont jamais été aussi mauvais qu'aujourd'hui. Les membres du clergé chrétien étant désormais de toute évidence personae non gratae sur le lieu qui a vu la naissance de Jésus.
Dans leur lettre à GW Bush, les signataires lui demandent d'aider à résoudre la crise qui a pour conséquence que des institutions chrétiennes ne peuvent plus fonctionner normalement. Privées par Israël de visas pour leur encadrement, elles risquent de devoir fermer leurs portes. De plus le mur de la honte séparant l’entité sioniste de la Palestine passe préférentiellement au cœur de propriétés chrétiennes entraînant leur démembrement. De plus, il est également un obstacle pour les pèlerins, isolant encore davantage Bethléem de Jérusalem, et empêchant ainsi le libre accès aux lieux saints.
Le Père William Shomali, membre du Patriarcat latin de Jérusalem, considère que la manière d'agir d'Israël est un effort supplémentaire de la droite israélienne pour accélérer la « judaïsation » de Jérusalem, ville également sacrée pour les chrétiens et les musulmans. Tandis que Nancy Dinsmore, directrice du bureau du développement et des communications du diocèse de l'Eglise épiscopalienne (anglicane) de Jérusalem estime pour sa part qu'Israël s'en prend aux chrétiens pour des raisons politiques, visant ceux qu'il considère comme sympathisants de la cause palestinienne et ceux qui dénoncent l'occupation sioniste.
Albert Jacquemin
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