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Le Mossad, la CIA et le Liban

07/03/05 7.43 t.u.
Bill Van Auken


L’assassinat de Rafik Hariri : qui sont les bénéficiaires ?

Les médias US ont réagi de manière prévisible à l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafik Hariri, se faisant l’écho des menaces belliqueuses de l’Administration Bush contre la Syrie et amplifiant des accusations non prouvées selon lesquelles le régime de Damas serait l’auteur du meurtre.

En tête de la bande vient le Washington Post, dont l’éditorial de mercredi disait que « le meurtre ignoble de Mr. Hariri ne bénéficie à personne à part le régime voyou de Damas – et le monde doit répondre en conséquence ».

L’éditorial reconnaissait que la « brutalité du meurtre et les dénégations du gouvernement de Bachar Assad conduiront certains à se demander s’il n’a pas été préparé pour un crime qu’il peut avoir désiré mais qu’il n’a pas commis ». Mais le Post s’est hâté d’assurer à ses lecteurs que l’assassinat était « l’acte de panique d’un tyran aux abois », terrifié par la marche forcée vers la démocratie que Washington est supposé avoir initiée au Moyen-Orient avec les récentes élections en Irak et dans les territoires palestiniens.

« Brutal » est le qualificatif approprié pour les arguments du Post, qui équivalent à rien d’autre que de la propagande de guerre. Les accusations du journal sont à la fois non-fondées et absurdes. Leur but transparent – tout comme les histoires d’« armes de destruction massive » en Irak – est de promouvoir la politique d’agression que l’Administration Bush poursuit au Moyen-Orient.

L’accusation du Post contre Damas est basée sur la maxime bien connue du détective : pour découvrir qui a commis un crime, posez la question : « qui est le bénéficiaire ? ». Le célèbre journal de Washington pose la question pour apporter sa réponse prédéterminée : « le régime voyou de Damas ».

Mais précisément, comment la Syrie a-t-elle bénéficié du meurtre ? Ses conséquences concrètes immédiates sont les manifestations massives organisées par les forces politiques anti-syriennes au Liban, demandant que Damas retire ses troupes du pays, un appui aux menaces d’agression militaire de Washington contre la Syrie, et la perspective d’une descente du Liban dans la guerre civile.

Que l’assassinat de Hariri produirait de telles conséquences – toutes extrêmement menaçantes pour le gouvernement syrien de Bachar Assad – était assez prévisible. Quoi qu’on puisse dire du régime baasiste de Damas, il est préoccupé de sa survie et ses dirigeants ne sont pas fous.
Que dire du doute exprimé – sommairement rejeté par le Post – sur le fait que le régime syrien serait « préparé » pour un crime qu’il n’a pas commis ? Curieusement, le journal ne donne aucune indication sur ceux qui pourraient être responsables d’un tel montage. Ici, cependant, la question de savoir « qui est le bénéficiaire » mérite clairement d’être approfondie.

Les puissances qui ont le plus clairement intérêt à faire avancer leurs buts stratégiques en voyant Hariri être assassiné et en faisant porter la responsabilité du crime sur la Syrie sont les USA et l’entité sioniste. Parmi ceux qui jouent à spéculer sur l’identité des organisateurs de l’attentat de Beyrouth, la palme revient indubitablement à Washington et Tel-Aviv.

Sous la pression de Washington, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté la Résolution 1559 en septembre dernier, demandant que la Syrie retire ses troupes du Liban. Ce fait politique éclaire la décision de la Maison Blanche d’émettre une déclaration blâmant Damas, avant que le sang ait eu le temps de sécher à Beyrouth mardi. Cette accusation entièrement non prouvée fut suivie par les instructions données à l’ambassadeur de Washington de faire une démarche contre le régime syrien et de quitter le pays.

Au beau milieu des mesures provocatrices de Washington contre la Syrie, pour lesquelles le meurtre de Hariri était supposé fournir une justification, la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a déclaré, avec un cynisme consommé, que les USA ne faisaient pas de présomptions quant aux auteurs du crime. « Nous ne portons pas de blâme », a-t-elle dit, « cela doit être investigué ».

Les médias US sont allés au-delà de l’adoption d’une attitude non critique devant la réponse US, traitant les déclarations belliqueuses de l’Administration Bush comme si elles constituaient, par elles-mêmes, une sorte de preuve de la culpabilité syrienne. « Les USA semblent sûrs de la main de la Syrie », dit le gros titre du New York Times. Le correspondant de NBC au Moyen-Orient écrivit que le rappel de l’ambassadeur US représentait « la première indication que les USA savent quelque chose sur l’implication syrienne dans l’assassinat ».
Il n’indiquait rien de ce genre. Il suggérait plutôt que Washington était préparé à l’avance à saisir la mort de Hariri comme prétexte pour une escalade de ses menaces contre Damas.

L’Administration Bush a préparé des plans détaillés pour une action militaire contre la Syrie. Incapables d’écraser la résistance en Irak – et refusant de reconnaître qu’elle est une manifestation d’hostilité populaire contre l’occupation US –, le Pentagone a longtemps accusé le régime syrien d’abriter un centre de « commandement et de contrôle » des baasistes irakiens qui est supposé superviser les attaques contre les forces US. La logique de l’aventure coloniale US en Irak, loin du discours fantaisiste de Bush sur l’épanouissement de la démocratie dans tout le Moyen-Orient, conduit à de nouvelles guerres de conquêtes contre tous les régimes qui ne collaborent pas avec Washington.

Les médias ont cité divers experts de « sécurité » du Moyen-Orient qui décrivent la Syrie comme un « fruit mûr » dans la poursuite militaire par Washington de l’hégémonie dans la région. Le régime est vu comme isolé et vulnérable.

Washington espère aussi utiliser l’assassinat pour rechercher le soutien français pour les buts stratégiques US au Moyen-Orient. La France, l’ancienne puissance coloniale au Liban, a son propre poisson à frire, et s’est jointe aux USA pour soutenir la résolution des Nations Unies demandant un retrait des troupes syriennes. La Secrétaire d’Etat Rice a appelé à une plus étroite collaboration lors de sa visite à Paris au début de ce mois, appelant à la fin des divisions provoquées par la guerre US en Irak.
Les manœuvres contre la Syrie manifestent aussi la coordination sans précédent des politiques US et sioniste dans la région. Damas est une cible prioritaire parce qu’elle a fourni un sanctuaire aux groupes palestiniens qui se sont opposés à l’entité sioniste, incluant l’organisation islamiste Hamas. Elle ne s‘est pas opposée non plus à l’influence croissante du mouvement chiite libanais, le Hezbollah, qui a forcé les troupes sionistes à quitter le Sud Liban après 20 ans d’occupation. On espère à Washington et à Tel-Aviv qu’en obligeant les troupes syriennes à quitter le Liban ou en provoquant un « changement de régime » à Damas, on sapera la position du Hezbollah et on ouvrira la porte à un contrôle renouvelé d’Israël des deux cotés de sa frontière nord.

Tel-Aviv calcule que l’expulsion de la Syrie hors du Liban ou la chute du régime baasiste de Damas pourrait amener au pouvoir un gouvernement libanais plus ouvert aux demandes sionistes. En particulier, tous deux voudraient que le Liban accorde la citoyenneté aux quelque 400.000 réfugiés palestiniens dans ce pays, une mesure qui abrogerait de fait leur droit – jamais reconnu par l’entité sioniste – à revenir dans les foyers dont ils furent expulsés au cours de la création et de l’expansion de l’Etat sioniste.
Le moment de l’assassinat, juste une semaine après que le Premier Ministre sioniste Ariel Sharon et le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas aient annoncé leur trêve en Egypte, est remarquable. Il est très possible que les concessions limitées acceptées par le régime sioniste comme corollaire du « processus de paix » avec les Palestiniens pourraient être remboursées par un feu vert de Washington à des provocations et des actions militaires sionistes contre la Syrie.

LES OFFICIELS US LIES AUX PLANS D’ATTAQUE SIONISTES CONTRE LA SYRIE

Le meurtre d’Hariri a préparé la scène pour la mise en œuvre de plans d’agression US contre la Syrie qui ont été depuis longtemps médités par un groupe à l’intérieur de l’Administration US, groupe qui est étroitement lié à l’entité sioniste et au bloc du Likoud, en particulier. L’un des plus membres les plus éminents est David Wurmser, conseiller du vice-président Dick Cheney pour le Moyen-Orient. Wurmser a joué un rôle majeur dans la création d’une unité de renseignement du Pentagone, unité qui chercha à fabriquer un prétexte pour lier le régime irakien à Al-Qaïda dans les mois précédent l’invasion US.

En 1996, Wurmser a co-signé un rapport préparé pour le nouveau Premier Ministre sioniste Benjamin Netanyahu, intitulé « Une rupture nette : une nouvelle stratégie pour sécuriser le Royaume ». Il appelait à une répudiation de la formule « de la terre pour la paix » qui avait servi de base pour les négociations de paix au Moyen-Orient, en faveur d’un plan pour repousser les adversaires régionaux d’Israël. Il recommandait le renversement du régime irakien de Saddam Hussein et recommandait des frappes sionistes contre des « cibles syriennes au Liban » et en Syrie même.

Les co-auteurs du rapport incluaient Douglas Feith, l’actuel sous-secrétaire pour la politique au Département US de la Défense, et Richard Perle, l’ancien président du Conseil Politique de Défense du Pentagone.
En 2000, Wurmser aida à préparer un document intitulé « Mettre fin à l’occupation syrienne du Liban : le rôle US ? ». Il appelait à une confrontation avec le régime de Damas, qu’il accusait de développer des « armes de destruction massive ». Parmi les signataires du document figuraient Feith et Perle, ainsi que Elliott Abrams [ancien patron de David Horowitz durant la déstabilisation du Nicaragua par la CIA], conseiller principal de Bush pour le Moyen-Orient, qui a récemment été nommé conseiller adjoint à la sécurité nationale.

Ce document appelait à l’usage de la force militaire US, affirmant que la guerre du Golfe de 1991 avait prouvé que Washington « peut agir pour défendre ses intérêts et principes sans le spectre de pertes énormes ». Il continuait : « Mais cette chance pourrait ne pas attendre, car à mesure que les armes de destruction massive se répandent, les risques d’une telle action s’accroîtront rapidement. S’il doit y avoir une action décisive, elle devra avoir lieu le plus tôt possible ».
Si on pose la question « Qui est le bénéficiaire ? », la réponse est claire. La déstabilisation du Liban, la mobilisation de l’opposition soutenue par les USA contre le gouvernement pro-syrien de Beyrouth, et la diffamation de Damas servent tous à faire avancer les plans stratégiques US et sionistes préparés depuis longtemps.

Ce n’est pas seulement une question de motifs, cependant. L’entité sioniste a une longue histoire d’utilisation de l’assassinat comme instrument de politique d’Etat. Le régime sioniste a fréquemment commis des actes de terreur et les a reproché à ses ennemis.

Parmi les exemples les plus infâmes se trouve la dénommée affaire Lavon, dans laquelle l’agence de renseignement, le Mossad, organisa un réseau clandestin en Egypte qui réalisa une série d’attentats à la bombe en 1953. Les cibles incluaient des installations diplomatiques US, et les auteurs avaient laissé des fausses preuves impliquant des Arabes anti-américains. Le but était de rompre les liens entre les USA et l’Egypte.

Dans sa longue histoire d’assassinats de dirigeants palestiniens, beaucoup d’entre eux réalisés à Beyrouth, le régime sioniste a très souvent tenté d’impliquer des factions palestiniennes rivales.

Les attentats à la voiture piégée font régulièrement partie du répertoire du Mossad. Dans les années 70 et 80, quand l’entité sioniste envahit le Liban, de tels attentats faisaient partie de la vie quotidienne, et beaucoup d’entre eux furent attribués à l’entité sioniste.
Parmi les meurtres les plus récents figure celui d’Elie Hobeika, un ancien ministre du cabinet libanais et un ancien seigneur de la guerre chrétien, en janvier 2002. Il fut tué avec trois gardes du corps par une voiture piégée actionnée à distance dans une rue de Beyrouth. Hobeika, qui participa au massacre de réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila en 1982, avait annoncé juste quelques jours plus tôt qu’il était prêt à témoigner sur le rôle joué par le Premier Ministre Ariel Sharon dans le massacre.

En juin dernier, un magistrat libanais a inculpé trois Arabes qui étaient soupçonnés de travailler pour le Mossad en connexion avec un complot d’assassinat du dirigeant du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah. Au moins l’un des inculpés a témoigné que le Mossad avait organisé l’assassinat d’Hobeika.

En mai 2002, le Mossad a procédé à l’assassinat de Mohammed Jihad Jibril, le fils d’Ahmed Jibril, le leader du Front Populaire de Libération de la Palestine – Commandement Général. Le ministre de la Défense Benjamin Ben-Eliezer a commenté cyniquement à l’époque : « Tout ce qui explose à Beyrouth n’a pas un lien avec l’entité sioniste».

En août 2003, Ali Hassan Saleh, un dirigeant du Hezbollah, était assassiné à Beyrouth. L’entité sioniste a nié tout lien avec le meurtre, mais celui-ci a été considéré dans tout le Liban comme une opération du Mossad.

Depuis 2002, le Mossad a été dirigé par Meir Dagan, qui commandait auparavant la zone d’occupation au Liban. On dit que Sharon aurait donné l’ordre à Dagan de réactiver les méthodes traditionnelles du Mossad, incluant l’assassinat à l’étranger.

Washington a également repris les méthodes de « meurtre & Co » qui étaient historiquement associées à la CIA, se vantant de l’assassinat d’opérateurs présumés d’Al-Qaïda au Yémen et ailleurs.

Alors que le Washington Post et d’autres médias US se font l’écho de la Maison Blanche dénonçant la Syrie comme un « régime voyou » coupable de l’assassinat d’Harari, les deux gouvernements responsables du plus grand nombre de meurtres politiques au Moyen-Orient sont l’entité sioniste et les Etats-Unis.

En contraste avec la propagande chauviniste de la presse américaine, il est utile de noter l’éditorial publié mercredi par le Daily Star, le quotidien de langue anglaise de Beyrouth, parlant des plus larges implications politiques de l’assassinat.

« Le fait que seulement quelques heures après le meurtre, cinq partis distincts aient été désignés comme des coupables possibles – l’entité sioniste, la Syrie, les partisans du régime libanais, des gangs de style mafia, et des terroristes islamistes anti-saoudites et anti-US – souligne aussi le plus large dilemme qui défigure la culture politique libanaise et arabe en général : le recours à la violence meurtrière et déstabilisante comme option chronique pour ceux qui rivalisent pour le pouvoir », disait le journal. Il continuait : « Cette folie a maintenant été encore plus profondément institutionnalisée et ancrée dans l’histoire moderne de la région à cause de l’impact de l’invasion américano-britannique de l’Irak et de la nouvelle vague de violence qu’elle a stimulée ».

Le meurtre de Rafik Hariri constitue un avertissement brutal que la guerre US en Irak n’est que le début d’une campagne bien plus grande d’agression militaire visant à écraser la résistance à la domination US et [sioniste]. Cette escalade du militarisme crée les conditions d’une conflagration dans toute la région.
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Texte publié sur www.overthrow.com

 
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