:: Retour d'Irak
 |
16/03/03 |
 |
21.08 t.u. |
 |
Entretien avec Hervé Van Laethem |
|
Du 22 février au 4 mars, une délégation « d’hommes et de femmes d’opinions politiques et de confessions religieuses différentes mais soucieux de ne pas laisser se dérouler le drame irakien sans apporter leur témoignage » se sont rendus en Irak. La cheville ouvrière de ce voyage était le courageux et dynamique Mohammed Latrèche, animateur du très anti-sioniste Parti des musulmans de France. En liaison avec ce dernier, le Réseau radical a servi d’intermédiaire pour que participent à cette opération un certains nombre de militants nationalistes européens. Parmi ceux-ci se trouvait notre camarade d’outre-Quiévrain, Hervé Van Laethem. Il nous a transmis cet entretien à son retour de Bagdad (cet entretien est aussi publié dans le n° 6 de Résistance et il devrait l’être de même sur le site d’altemédia Belgique).
Hervé Van Laethem, vous revenez d’Irak, pourquoi avoir été là-bas ? N’est-ce pas une action un peu éloignée des préoccupations de nos concitoyens ?
Je ne crois pas qu’un mouvement politique ne puisse s’occuper que de politique intérieure. Certainement pas, de plus, dans le cas d’une crise comme celle de l’Irak qui peut avoir de nombreuses répercussions dans nos pays, que celles-ci soient économiques ou liées aux réactions de la population immigrée musulmane...
Si j’ai été là-bas, c’est pour pouvoir témoigner de visu de la situation sans que l’on puisse me reprocher de prendre une position par pur a priori idéologique.
Vous vous êtes rendu à Bagdad avec des gens « d’autres organisations et d’autres confessions religieuses » ? Pouvez-vous nous en dire plus ? N’avez-vous pas eu, parfois, l’impression de ne pas être à votre place ?
Votre allusion vise sans doute le fait que c’est une organisation musulmane française qui organisait le voyage. Le but de ces gens était de faire participer des individus venant de tous les horizons, politiques - y compris le nôtre - et confessionnels, à ce voyage afin de ne pas être accusés de ramener des témoignages partiaux.
Il aurait été de notre part injuste, et stupide, de ne pas répondre à cette invitation. Celle-ci, et ce voyage, indiquent d’ailleurs clairement deux choses : notre mouvement est loin de correspondre à la caricature de racisme primaire que d’aucuns lui prêtent et il gagne, chaque jour, de plus en plus en crédibilité.
Pouvez-vous nous résumer en quelques mots la situation en Irak telle que vous l’avez ressentie ?
C’est assez étrange. On n’a pas l’impression d’être dans un pays assiégé à la veille d’une guerre.
La population irakienne donne une grande leçon de courage en continuant à vivre le plus normalement possible. Même si, cependant, certaines choses ne trompent pas : les sacs de sable font leur apparition, les familles stockent des provisions et l’armée est évidemment très présente et sur le pied de guerre.
Mais à part cela, les irakiens mènent une vie quasi-normale et cela est déjà une victoire en soi.
L’Irak ressemble-t-il à la dictature sanglante, et paranoïaque, que décrivent certains ?
Pas du tout. Et cette réponse n’est pas due à un aveuglement idéologique mais à ce que chacun peut constater sur place.
A part la présence de militaires à certains points stratégiques, nous n’avons pas ressenti une seule minute une quelconque omniprésence policière, ni eu affaire le moins du monde à une population terrorisée. Nous avons joui d’une totale liberté de déplacement dans Bagdad, ville où l’on circule d’ailleurs en se sentant bien plus en sécurité que dans certaines grandes cités européennes.
Que pouvez-vous nous dire de la vie des chrétiens dans cette région ?
J’ai pu constater l’existence réelle d’un Etat laïc où la liberté religieuse des chrétiens est totalement respectée. Mosquées et églises se côtoient sans problèmes aucuns...
Je rappelle que l’Irak compte plus d’un million de chrétiens. Là aussi le mythe du combat US contre le danger islamiste n’est qu’un grossier mensonge.
L’embargo fait-il encore sentir ses effets ?
Pas trop sur la vie de tous les jours car les irakiens se sont adaptés.
C’est au niveau de la haute technologie que le manque se fait sentir et surtout au niveau du matériel médical. J’ai pu le constater de mes yeux lors d’une terrible visite dans un hôpital pour enfants de Bassora, près de la frontière iranienne. J’ai vu là des jeunes enfants en attente de soins qui ne pouvaient leur être prodigués à cause de l’embargo sur certains matériels médicaux et sur certains médicaments.
Les cancers sont également en progression constante, depuis la guerre du Golfe, à cause de l’utilisation massive par les américains de munitions à l’uranium appauvri. Là aussi des êtres humains meurent sans pouvoir être aidés.
Ce que j’ai vu dans ces hôpitaux me confirme dans l’idée que les responsables de cet embargo ne méritent pas d’autres noms que celui de salauds et je dénie le droit, à ceux qui - dans notre camp - approuverait celui-ci de porter encore le nom de nationalistes.
Vous avez côtoyé des « boucliers humains » provenant d’autres organisations, pacifistes celles-ci. Quelle image en gardez-vous ?
Il y a évidemment une minorité d’idéalistes sans arrières pensées qui ont voulu de manière exemplaire manifester leur soutien au peuple irakien. Mais j’ai aussi croisé pas mal de gauchistes version «caviar» en manque de sensations, poussant l’hypocrisie jusqu'à rappeler sans cesse qu’ils ne cautionnaient pas le régime de Saddam Hussein tout en acceptant d’être logés et nourris gratuitement par ce même régime.
La fin des vacances a d’ailleurs sonnée puisque, dès que les autorités irakiennes ont annoncées que les « boucliers humains » désirant rester en Irak devraient dorénavant être en permanence présents sur les sites stratégiques, nombre d’entre eux ont préféré quitter le pays. Humanitaires, oui, mais pas téméraires !
Pensez-vous que votre action a servi à quelque chose et sera-t-elle comprise par les milieux « nationalistes » ?
Si la présence de « boucliers humains », y compris ceux que je critique, a participé au retardement des opérations US, ce sera déjà un résultat.
Pour moi, cette action m’a donné des éléments de réflexion qui me permettront de dénoncer encore mieux l’impérialisme des Etats-Unis qui, je le rappelle, sont le plus grand Etat multiracial du monde et l’ennemi de l’Europe depuis cinquante ans.
Je ferai tout ce que je peux pour faire passer ce message dans nos milieux et je crois aussi que ce voyage rappellera le caractère national-révolutionnaire de Nation. Caractère que notre participation aux élections prochaines ne diluera en aucun cas.
Ne croyez-vous pas que le soutien à l’Irak est le type même des combats perdus d’avance ?
Je combats pour des principes et non pas pour être dans le camp des vainqueurs. Sinon, je ferais des reptations devant le Bnaï Brith anversois, à l’imitation de certains...
Et puis, ce n’est que lorsque l’arbitre siffle la fin de la partie, que l’on connaît le résultat final. Pas avant...
Avez-vous quelque chose de particulier à ajouter pour conclure ?
Lorsque nous avons quitté Bagdad, un de nos guides m’a fait promettre de dire autour de moi que le peuple irakien ne voulait pas la guerre et qu’il ne désirait qu’une chose : qu’on le laisse enfin en paix.
Je commence à tenir cette promesse par cet entretien. Je le fais d’autant plus volontiers que je me souviens de ce que les USA ont fait à un pays européen comme la Yougoslavie et que je crois vraiment que la défense de mon peuple, qui reste ma priorité, commence aux frontières irakiennes.
|