2004 : La France bouge ; le monde bouge !
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11/01/04 |
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7.48 t.u. |
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François Ryssen |
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Pour ceux qui ne le sont pas encore, on espère que l’année 2003 les aura rendu un peu plus optimistes sur l’avenir de notre continent. Pour ne retenir que le mois de décembre, par exemple, les Européens auront vu la victoire des patriotes en Croatie, en Serbie, et surtout dans la Russie du président Poutine. En l’espace de quelques semaines, ça fait beaucoup. Nous n’en sommes donc encore qu’aux préparatifs de la grande bataille contre le mondialisme occidental, et il serait malvenu de désespérer avant même que la guerre n’eût réellement commencé. N’oublions jamais que le moral des troupes est essentiel : si l’ennemi est parvenu à vous subjuguer par sa propagande sans même avoir eu besoin de livrer bataille, sa victoire est totale.
Avant un engagement, les grands chefs de guerre ne doutent pas un seul instant de l’issue du combat, et je suppose qu’ils ne devaient guère tolérer les vélléitaires, les tièdes et les indécis à leurs côtés. Le seul moyen de vaincre, répétons-le, est d’avoir une foi absolue dans la victoire de notre cause. Si ce n’est pas le cas, allez vous reposer quelques semaines au Maroc ou en Tunisie, et cessez de polluer nos rangs ! Merci.
Combien y avait-il de républicains en 1789 ? Deux demi-douzaines ? Combien y avait-il de bolcheviques en 1917 ? trois ou quatre sanhédrins, ou un peu plus. Et qui aurait pensé en 1924 qu’Adolf Hitler prendrait le pouvoir, à part lui-même ? Tout est possible, donc.
La Russie de Poutine a donné ces derniers temps quelques heureuses surprises. Il y a six ans seulement, en janvier 1998, on nous expliquait dans un hebdomadaire de gauche sur papier glacé, que Boris Nemtsov était " l’homme de l’année ", qu’il avait été " plébiscité par la population russe ", qu’il laissait " loin derrière lui le général Lebed. " Aujourd’hui, le général Lebed est mort, décédé dans un accident d’hélicoptère. Quant à Nemtsov…
Boris Nemtsov était alors un des plus fidèles soutiens du titubant Boris Eltsine. Nommé vice-premier ministre en mars 1997, il était chargé des réformes sociales. C’est lui, par exemple, qui avait annoncé la suppression progressive des allocations logement, jetant à la rue les populations les plus vulnérables, appauvries ou ruinées par les réformes des " oligarques ".
Mais le journaleux Thomas Hofnung poursuivait gaillardemment son panégyrique, illustrant au mieux cette fameuse solidarité communautaire :
" Physique de rockstar, la Marlboro collée aux lèvres, Nemtsov séduit avant tout par sa gouaille et son intelligence. Lors d’un débat télévisé, il ridiculise l’ultranationaliste Jirinovski qui, de dépit, lui jette son verre à la figure… Il est devenu, à 31 ans le plus jeune gouverneur du pays au lendemain du putsch avorté de 1991. En cinq ans, à coups de réformes effrénées, Nemtsov a fait de la région de Nijni Novgorod la vitrine de la nouvelle Russie. "
A en croire le petit Thomas Hofnung, la Russie avait enfin trouvé son homme providentiel qui la sortirait du marasme et de la misère. Mais arrêtons-nous là un instant, car il nous paraît nécessaire de traduire les propos du petit Hofnung qui, comme la plupart des gens de son espèce, a une fâcheuse tendance à déformer la réalité dans le sens qui lui plaît. En bon français, cela donne :
" Après avoir contribué à ruiner la Russie avec ses petits copains oligarques (Abramovitch, Friedman et Goussinski, aujourd’hui réfugiés en Israël), Boris Nemtsov a décidé de s’acharner plus particulièrement sur la région de Nijni Novgorod, qu’il entend transformer en zone d’accueil pour Tchétchènes. Sur un plateau de télévision, l’insolent personnage a tout de même eu la leçon qu’il méritait : Vladimir Jirinovski lui a jeté son verre à la figure, provoquant la gouaille et l’hilarité dans des millions de foyers russes. "
Ce discours cadrait mieux avec la photo du magasine. Il faut voir en effet Boris Nemtsov en maillot de bain : en guise de " rockstar ", on découvre un bonhomme grassouillet et lippu, aux cheveux et aux yeux noirs, qui serait quelque chose entre Raphaël Misrahi et Steven Choukroun.
On a beaucoup entendu parler depuis de ces fameux réformateurs dans les médias occidentaux : Yabloko par-ci, Yabloko par là. Avec Boris Nemtsov et " Russie ouverte " de Mikhaïl Khodorkovski, aujourd’hui en prison, nous avions là le trio gagnant. Toute cette mascarade a pris fin le soir des élections, et le mardi 9 décembre 2003, le journal Le Monde, coincé dans son petit slip, était bien obligé de titrer en premier page " Russie : victoire écrasante des partisans de Poutine ". Mais la vérité était encore bien plus cruelle pour tous ces petits cafards démocrates qui cirent les pompes des milliardaires : avec le parti Rodina et celui de Jirinovski, mais aussi avec les élus communistes (13 %), qui sont là-bas un peu moins pervertis que leurs homologues occidentaux, l’assemblée législative russe était entièrement composée de patriotes ! Quant aux petites crottes libérales, elles n’obtenaient réunies que… 3,6 % des voix ! (" Yabloko-Yabloko ! ")
On pense alors à ce qu’écrivait Edouard Drumont en 1889, dans son introduction à La Fin d’un Monde : " C’est alors qu’arrive l’Ours du Nord […] qui nous fait espérer qu’un peuple neuf et jeune, conscient de la destinée qu’il doit accomplir, vengera enfin la race aryenne depuis si longtemps exploitée et foulée aux pieds. "
Mais on se dit que tout de même, c’est faire peu de cas de ces Français. Je suis sûr qu’ils vont étonner le monde, une fois de plus. Et peut-être plus tôt que vous ne le pensez.
François Ryssen
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