30/03/04 22.38 t.u. Giorgio Damiani

Le film étant sorti déjà dans plusieurs pays européens, j'ai eu le plaisir de le voir lors d'un de mes voyages, et je ne le regrette pas. Il est tout simplement sublime et à voir absolument. En un mot transcendant, cela que vous soyez croyant ou pas.

Ce film qui durant la première semaine aux Etats-Unis a encaissé plus 115 millions de dollars, battant même Le Retour du Roi, a défié aussi bien toutes les lois de marketing que Hollywood. En effet c'est une film à relativement à petit budget [25 millions de USD] avec aucun grand acteur américain dans son casting, en sus il est sous-titrés - les acteurs s'exprimant dans des langues dites " mortes " : l'araméen [qui est la langue du Christ, celui-ci ne parlait pas en effet l'hébreu comme beaucoup le pensent ] et le Latin. De surcroît les critiques n'ont été invitées à aucune première et les maisons de distribution qui s'occupent du film dans chaque région du monde sont relativement inconnues.

Evidemment, le film certainement bénéficié de l'effet boomerang de la publicité incessante causée par les accusations fantaisistes qui lui ont été adressées. Quand on pense au soin que Mel Gibson a pris pour s'assurer que son " interprétation " de l'évangile est exacte et qu'il avait non seulement dans son équipe des théologiens, mais qu'il a aussi projeté le film au Vatican, et au Pape lui même, avant de le faire sortir, on reste médusé de cette polémique sans fin. Il n'est certainement pas possible de changer les Ecritures Saintes, elles sont ce qu'elles sont, on peut y croire ou non, mais on ne peut pas s'amuser à jouer le petit censeur – ce que malheureusement notre société du politiquement correcte pense pouvoir faire tout en se gargarisant des concepts de libertés et démocraties.

A part la fameuse phrase du grand rabbin lors de la crucifixion du Christ " que son sang retombe sur nos têtes ", que Mel Gibson a du retirer, le film est resté intacte et non censuré.

Ce qui est tout à fait étonnant, et troublant, vu que cette campagne de dénigrement [même les prétendus propos de son père octogénaire ont été utilisé contre le réalisateur] n'a pas pu empêcher la projection du film, c'est la campagne actuelle et incessante sur la " violence " du film. Tout en étant interdit aux moins de 15 ans [dans certains pays comme l'Angleterre aux moins de 18 ans], dans le pays où je l’ai vu (la très catholique Irlande) le film n'est pas mis en avant aux guichets et - fait unique - dans les dépliants des horaires il est clairement mentionné que le film contient des scènes d'une extrême violence [!?], or aucun autre film, même les plus violents que j’ai pu voir n'a jusqu’alors subi ce genre de traitement.

On ne peut donc qu’être surpris par l'intérêt que les salles et les médias vouent à notre " santé mentale ". Il est à noter aussi que les médias nous répètent que des paroisses offrent des billets gratuits à travers Internet pour en faire la promotion, tout en oubliant que dans beaucoup de pays européens des lycéens, eux, ont été obligés d'aller voir la Liste de Shindler de Spielberg !

Ce film donc, qui est tout simplement fidèle aux Evangiles, est un chef d'oeuvre du 7eme art et il faut l'admettre de la Chrétienté, il est impossible même au non-croyant et au plus endurci de rester de marbre devant le calvaire du Christ filmée d'une main de maître par le fantastique Mel Gibson.

Les cadres, les lumières, les habits, le détails et le tournage sont magistraux, même quand il s'agit des " images les plus dures ". Les effets spéciaux sont si bien exécutés, qu'on ne s'en rend même pas compte. Les acteurs sont magistraux. Le Christ est magnifique. La Sainte Vierge est magistralement bien joué et elle est tout simplement mère. Monica Bellucci en Marie Madeleine qui ne dit pas un mot de tout le film est touchante et omniprésente.

Deux petites notes quand même sur des points pratiquement pas mentionnés par la presse. La première sur Rome. Mel Gibson consciemment ou non nous montre ce qu'est un véritable Empire, en effet les représentants de Rome ne comprennent pas cette haine et les contradictions de ce peuple qui accueille à un moment son sauveur et qui par la suite veut le mettre à mort. Rome est atterrée et a des doutes, cet homme pour l'Empire est innocent ! En un mot pour ceux qui savent avoir une clef de lecture "autre", toute la grandeur de Rome est bien visible dans ce film. La deuxième est plus une anecdote, mais il est à remarquer que le Diable est représenté par ... une femme (à moins que ce ne fut-ce un androgyne) !

Un film d'auteur donc, difficile, sérieux qui commence et finit sans que le spectateur puisse dire ouf ou bouger d'un pouce de son fauteuil. A voir absolument car dans ce monde homologué et conformiste c’est un film subversif !

Il n'est pas possible de conclure sans remarquer que le distributeur du film en France est un ... musulman, de quoi mettre bien mal à l’aise les va-t-en guerre et paladins du " choc des civilisations " pour la défense de la civilisation occidentale et chrétienne ?

Giorgio Damiani