Après la déroute,
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30/03/04 |
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8.12 t.u. |
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Roland Gaucher |
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La déroute, le grave revers, la tempête sur la droite, le séisme, etc., etc., font la « une » des journaux et des autres médias. Mais qui paiera la note ? Presque partout, Raffarin est montré du doigt.
Une exception : sur TF1, dimanche soir, un dirigeant socialiste, Fabius, a mis en cause Chirac en personne. Il a fait remarquer que chaque fois qu’il était élu, deux ans plus tard, c’était le bordel.
Après la claque que lui et les siens viennent de prendre, il serait donc normal que le Président de la République prenne ses clics, en compagnie de bobonne et de fifille. On peut compter sur lui pour qu’il n’en fasse rien.
Et pourtant, le désastre est effectivement considérable. Qu’on en juge : combien la majorité conserve-t-elle de régions ? Une seule ! Des régions comme la Bretagne et les Pays de la Loire, qui votaient depuis toujours « à droite », sont passées à gauche. Au pays des chouans, on vote désormais socialiste ou communiste. Ah ! Bravo Chichi !
Dans ce contexte, le Front national n’a pas fait une percée. Mais, globalement, il conserve ses positions. Dans un article précédent, j’avais indiqué que ce maintien pouvait équivaloir à un plafonnement, ou à une étape avant un nouveau bond en avant. Devant la déroute de la droite molle, j’inclinerais plutôt pour la seconde hypothèse.
Après le premier tour, dans Le Figaro, le sociologue Pascal Perrineau note, certes, que le Front national stagne par rapport à 1998 et 2002, mais il note aussi que le FN n’en sera pas moins présent au second tour dans dix-sept des vingt et une régions métropolitaines, et qu’il reste une minorité de blocage.
C’est ce que confirme le second tour. La droite molle s’effondre, le Front tient le coup.
On notera ici, en particulier, les scores obtenus, au premier tour, en Franche-Comté par Sophie Montel (20,56 %), en Lorraine par Thierry Gourlot (17,29 %), dans le Nord-Pas-de-Calais par Carl Lang (19,75 %), en Picardie par Guiniot (18,66 %), en PACA par Macary (23,44 %), en Rhône-Alpes par Gollnisch (19,60 %).
Certes, les médias s’empressent de souligner le recul, en Ile-de-France, de Marine Le Pen.
Ici se pose une question. D’où vient ce score un peu décevant si on le met en parallèle avec les remarquables interventions médiatiques de la fille du président ? L’enquête, à mon avis, mériterait d’être menée dans les milieux mêmes du Front. Pourquoi ? Parce qu’il faut se souvenir que lors de l’élection du dernier Comité central, elle n’arrivait qu’en trente-quatrième position, et elle ne dut qu’à l’intervention de son père d’accéder au Bureau politique. Sans aucun doute, et j’aurai probablement l’occasion d’y revenir, certains courants, à l’intérieur du Front, lui sont profondément hostiles.
Puisqu’il est question du Bureau politique, il convient aussi de souligner qu’à l’intérieur de celui-ci, on ne trouve pas un seul ouvrier.
Or, la grande force du Front, aujourd’hui, c’est la classe ouvrière. Ce ne sont pas le bourgeois qui se débineront au premier revers.
Roland Gaucher
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