23/04/03 16.30 t.u. Roland Gaucher

(Propos politiquement incorrects)

En septembre 1998, dans la revue nationaliste Militant, évoquant les problèmes internes du Front National, juste avant la scission avec Mégret, et les difficultés juridiques que rencontrait alors Jean-Marie Le Pen ; j’écrivais :

" …Quelque chose m’échappe : si Le Pen juge indispensable de placer comme tête de liste du Front quelqu’un de sa famille, pourquoi ne pas proposer la candidature de Marine ? Elle a la même énergie que son père, le don verbal, une remarquable présence qu’elle a déjà eu l’occasion d’affirmer lors d’un débat avec les socialistes. Elle a déjà plaidé dans plusieurs procès pour le Front.

Sans doute a-t-elle été écartée du Comité Central… "

Au XXe Congrès du Front qui vient de s’achever à Nice, elle n’a pas été écartée, mais reléguée de la 10ème à la 34ème place, ce qui suscite les commentaires passionnés des media.

Je vais y revenir, mais auparavant j’aimerais faire le point sur la situation du Front National un an après le 21 avril 2002.

Ce jour historique qui vit Jean-Marie Le Pen expédier dans les oubliettes de l’Histoire Lionel Jospin, a été maintes fois qualifié de " séisme ". Pourtant, après l’élection de Chirac au second tour, racolant sans pudeur les voix d’une gauche et d’une extrême-gauche pourries. Or, tout se passe, sur le plan médiatique, comme si Le Pen et le Front National avaient cessé d’exister, avaient été relégués dans l’exil nauséabond (épithète favorite des “intellos”) de l’extrême-droite.

Il n’en est rien.

Plusieurs enquêtes du Monde, fort bien documentées, le mettent en évidence : dans le Nord (15 avril), en Alsace (16 avril), à Carpentras (18 avril).

In en résulte que l’électorat du 21 avril 2002 est toujours là, contrairement à ce qu’ont pu faire croire les media. Quel électorat ? Eh ! bien, dans le Nord, des ouvriers et des chômeurs, qui se sentent abandonnés par les partis de gauche. En Alsace, où les sentiments d’insécurité persistent. Et il en est de même à Carpentras et dans l’Hérault.

Le Front National, pour les compétitions à venir, peut compter sur trois grands viviers : celui des ouvriers et des chômeurs, qui ont souvent voté communiste ; celui des jeunes, très désemparés par ce qu’ils ne voient s’ouvrir aucun avenir devant eux ; et celui des femmes, sujettes à de multiples agressions dans les quartiers à haut risque, sans que s’en émeuve trop les vénérés féministes.

La “Troïka” contre Marine

Marine Le Pen, parce qu’elle est une excellente oratrice, parce qu’elle donne du Front une image nouvelle, parce qu’elle a une présence médiatique, est incontestablement la mieux qualifiée pour s’imposer aux côtés de son père, et, plus tard, pour lui succéder.

Cela n’alla pas sans provoquer au XIIe congrès, quelques remous, qui se traduisirent, lors du vote pour le renouvellement, par sa relégation du 10ème au 34ème rang. Le Pen passa outre, et fit nommer Marien au Bureau exécutif. Il fit aussi entre au Bureau politique trois membres de la Génération Le Pen.

Ces péripéties ont fait les délices des media ; il faudra sans doute y revenir. Je me contenterai ici de souligner qu’il y a derrière le rejet relatif de Marine, une opération concertée de la “troïka” Gollnisch, Bernard Antony, Bompard, mobilisant un grand nombre d’ “apparatchnikis”.

Ce pouvoir de promotion ou de refoulement, voire d’élimination, du Comité Central, lors des congrès, est à peu près le seul que cet organisme possède. À chaque réélection, on sait qui se maintient au Comité Central, qui en est exclu, qui monte et qui descend, suite à d’obscures transactions.

En dehors de quoi, il ne sert pratiquement à rien.

Il y a, pour l’instant, peu de chances que cette situation se modifie. Mais il faut s’attendre à ce qu’en coulisse les tensions se poursuivent. Nous nous efforcerons de les suivre.