Clandestini Corsi : une nouvelle manoeuvre barbouzarde
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26/07/04 |
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21.46 t.u. |
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Carlo Rossi |
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Le scénario rêvé de tous les lecteurs des Carnets de Turner se réaliserait-il en Corse ?
Résumons.
Un groupe de jeunes - I Clandestini corsi -décide de résister les armes à la main à l’invasion de leur pays. Et l’action débute : attentats contre la banque Wafa, contre des épiceries orientales, contre des bars accusés d’accueillir des dealers, etc. Les revendications sont explicites : lutte contre la délinquance et contre l’immigration, l’un et l’autre étant intimement liée dans l’esprit des « résistants ». Ceux-ci promettent des liquidations physiques et remettent à la presse des communiqués émaillés - pour faire plus « vrai » ? - de grossières fautes de français... Quoiqu’il en soit, le peuple applaudit, les officiels clament leur consternation et leur horreur. L’exemple fait tâche d’huile et...
Mais on est en Corse (donc en France) et la tradition des coups tordus et autres manipulations y est bien établie. De Francia [1] à l’affaire des paillotes, du SAC au préfet Bonnet, l’île vit depuis longtemps au rythme des barbouzeries.
Or, depuis l’échec du référendum, l’arrestation d’Yvan Colonna et les lourdes condamnation du commando Erignac, la situation est totalement bloquée et le cycle résistance/répression peut dégénérer à tout moment.
Aucune des revendications des nationalistes n’est prises en compte malgré la trêve du Flnc-uc et la politique de main-tendue des élus corses. La décorsisation des emplois s’accélère comme la spéculation immobilière, et les prisonniers politiques incarcérés sur le continent n’ont toujours pas rejoint l’île malgré les promesses.
Or, la résistance populaire ne faiblit pas et les jeunes corses ont affronté la police à plusieurs reprises, les mois passés, dans un embryon de « guerre des rues » adaptée du modèle basque. Le pouvoir et ses valets locaux tentent donc - heureusement sans succès - depuis quelques temps de diviser le mouvement identitaire corse et de criminaliser une partie de ses dirigeants.
Dans cette optique, I Clandestini corsi tombent à pic pour dénoncer le mouvement national corse comme raciste, ce qui est - bien sûr - le crime suprême en démocratie libérale, et pour l’enfermer dans une impasse.
Inciter les éléments actifs du peuple et de la jeunesse à lutter contre les conséquences (immigration, délinquance, etc.) et non pas contre la cause (système libéral-marchand) est une tactique qui à déjà fait ses preuves sur le continent...
Carlo Rossi
Note :
1 - Mouvement barbouzard qui fit des attentats contre les militants nationalistes dans les années quatre-vingt.
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