Crise corse : bilan et perspectives
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22/12/03 |
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14.08 t.u. |
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Carlo Rossi |
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Soyons clair, les nationalistes corses sont loin d’être des révolutionnaires, mais leur stratégie de confrontation ouvre des perspectives nouvelles et positives du point de vue nationaliste révolutionnaire. Le bras de fer actuel devrait rapidement prendre fin pour laisser place à des tractations préélectorales, mais il devrait aussi laisser des traces. De ce fait, il amène certaines observations :
Les événements de Luri, ainsi que la mobilisation autour du réseau de soutien à Yvan Colonna, montrent qu’une population ethniquement homogène noyautée par un mouvement national dur, peut tenir tête et mettre en échec l’Etat ripoublicain.
Le cycle attentat/répression à permis d’élargir considérablement le champ de la contestation, notamment en direction de la jeunesse. Une partie de la population corse est désormais en sécession ouverte avec le régime.
La corsophobie médiatique a engendré des réactions de rejet et creusé le fossé existant entre la France cosmopolite et le peuple corse. Dernier épisode en date : la journaliste bourgeoise parisienne, Christine Clerc, contrainte de rentrer chez elle sans son 4X4 mitraillé.
Les autorités sont indécises, les forces de l’ordre subissent la pression et vivent dans l’inquiétude.
La propagande étatique et le politiquement correct n’opèrent plus et le rejet de l’immigration est désormais pris en compte par certains groupes nationalistes. Les officines antiracistes craignent désormais l’apparition de polices parallèles aux ordres d’une « justice populaire » expéditive, voire d’escadrons de la mort...
Le retrait des élus nationalistes de l’assemblée territoriale a contribué à délégitimiser les politiciens traditionnels, ceux-ci apparaissent désormais pour ce qu’ils sont : des boutiquiers médiocres méprisés par la population.
Le turn over de plus en plus rapide des hauts fonctionnaires (préfet adjoint à la sécurité, préfet de région et procureur de la république, tous virés en moins de trois ans) ainsi que les ridicules visites ministérielles mettent en évidence la déliquescence du système. On retiendra bien sûr l’inoubliable spectacle de Sarkozy et Raffarin juchés sur des chaises en plastique ou d’Alliot-Marie offrant des gilets pare-balles aux gendarmes. Ou bien ces cinq matons de la prison d’Ajaccio passant de l’autre côté des barreaux pour corruption.
La contestation violente est désormais considérée comme normale et déborde largement du mouvement national vers les conflits sociaux.
Enfin, la surmédiatisation des événements insulaires pourrait donner de bonnes idées à d’autres courants politiques.
En Corse, l’ordre républicain s’effrite, « la désintégration du système » est en marche. Puisse-t-elle faire tache d’huile et inspirer d’autres forces identitaires.
Carlo Rossi
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