Du mercredi-bide au vendredi-noir
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03/02/04 |
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5.40 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Ce devait être un « tabac », le film sur Hitler, diffusé mercredi soir sur TF1, qui avait obtenu aux Etats-Unis un très grand succès, a bien rassemblé quelque huit millions de téléspectateurs, mais au débat qui devait suivre, seul un peu plus d’un million sont restés à l’écoute. Bref, les autres ont préféré aller se coucher. Du reste, les réactions de la presse le surlendemain soulignent cet échec. De rapides échos, où le malaise est évident. Et on n’en parle plus.
On découvre quand même dans L’Humanité la raison principale de ce « bide » : « pour limiter la casse, retour à l’explication de texte. Las, Poivre d’Arvor met les pieds dans le plat, avouant : « Nous avons expurgé tout ce qui pouvait rendre Hitler sympathique », rassure-t-il, « mais aussi les passages trop antisémites. Parce qu’aujourd’hui, sur certains esprits faibles, cela peut avoir des conséquences... »
Cela s’appelle la censure. Sous le titre L’Histoire occultée, Ivan Rioufol, dans Le Figaro stigmatise ce procédé scandaleux et pose cette question : « La création audiovisuelle va-t-elle devoir supporter ces coups de ciseaux destinés à endormir les haines racistes de certains téléspectateurs ? »
Qu’est-il resté de cette projection ? Un film composé de séquences brèves, presqu’entièrement coupé de l’histoire de l’Allemagne jusqu'à la prise du pouvoir par Adolf Hitler, c’est à dire de la défaite allemande, en 1918, de la montée du bolchevisme, de celle du nationalisme, et d’un chômage écrasant. Un film, où le rôle de tonton Adolf est incarné de façon grotesque par un personnage malingre, véritable cabot aboyeur.
Il convient de rappeler que ce film prétendait s’inspirer du livre d’un historien britannique Ian Kershaw, dont le premier tome s’intitule Hitler, 1889-1936. C’est un ouvrage grand format de 1159 pages, bourré de références et de faits. Je suis en train de le lire, et j’en rendrai compte sur ce site, ainsi que du journal de Goebbels. Kershaw devait être associé pour la production du film aux USA. Il y a renoncé pour des raisons que j’ignore. Peut-être parce qu’il ne souhaitait pas participer à ce qu’il pressentait devoir être une mascarade. Qu’est-ce que Le Monde attend pour l’interviewer ?
Le surlendemain de la projection télévisée de ce film, éclatait comme un coup de tonnerre le verdict du tribunal de Nanterre condamnant le malheureux Juppé. On l’a vu sortir, blême du tribunal. Il a bien fait appel, mais on assure un peu partout qu’il pourrait bien prendre sa retraite politique.
Nous ne tarderons guère, sans doute, à le savoir. En attendant, un certain nombre de constatations s’imposent :
Le désordre règne à l’UMP qui, a moins de deux mois des régionales se serait bien contentée de ses démêlées avec l’UDF ; le responsable principal de ce que les médias appellent un « séisme » n’est autre que Chirac ; si Juppé prend sa retraite, qui le remplacera ? ; quelqu’un qui se frotte les mains, même s’il s’efforce de ne pas trop le montrer, c’est Sarkozy.
J’imagine que, de son côté, Jean-Marie ne doit pas porter le deuil.
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