Faut-il pendre les patrons aux tripes des communistes ?
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13/11/03 |
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3.32 t.u. |
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François Ryssen |
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Aux sommités morales qui nous cassent les burnes en permanence sur ce qu’il est bon de dire, de faire et de penser, à ces petits tyranneaux de basse-cour démocratique, comme aux grands vizirs qui pontifient du haut des plateaux de télévision, nous soufflons au visage et nous disons d’une voix doucereuse : " va t’en, trisse-toi de là… Tu sens le mort et l’urine de scorpion. "
Je prends un exemple dans l’actualité, et je tombe sur… Bernard… Henry… Lévy ! ! ! (Applaudissements). C’est une sacrée soirée qui s’annonce. Bernard-Henry nous a parlé cette semaine des " nouvelles figures du nihilisme ", dans un grand quotidien bourgeois, dont certaines pages sentent le saumon, et d’autres le harengs pas frais. Après avoir fait son petit caca inconsistant (son idéal humanitaire, démocratique, cosmopolite, enfin… tout le tralala habituel…) il nous déclare : " L’Europe que j’aime, c’est celle de Julien Benda et de Kant. Le duel de Julien Benda contre Charles Maurras n’a jamais cessé. "
Kant : pas de problème ; tout le monde connaît. Personne ne l’a jamais lu, mais c’est probablement une tronche, doublé d’un cake, puisque tous les philosophes fin de siècle s’y réfèrent.
Mais Benda… Julien Benda ! C’est qui se mec ? D’où qui sort, lui ? Pourquoi BHL vient tirer sa sève de ce petit bonhomme de rien du tout ? Parce qu’il est juif ? Mystère et boule de chwing-gomme dans les cheveux… difficile à démêler. Je ne sais pas si Charles Maurras et ce type se sont frittés dans un bar pour une gonzesse ou pour de la politique, mais ce que je sais, assurément, c’est que le pti Lulu l’a pris par le colback et l’a plaqué contre le juke-box sans ménagement, avant de lui administrer une torgnole mémorable dont on rigole encore dans certains quartiers de la capitale.
Je veux parler de Lucien, Lucien Rebatet, qui était un bon pote à moi avant la guerre de 68, ou de 14 , je sais plus. Je perds la boule. Il était allé à une conférence de Julien Benda en 1938, et avait entendu cet histrion débiter toutes ses sornettes sur " les nouvelles figures du nihilisme ", version années 30. Je retrouve son compte-rendu par hasard, sous une pile world-trède-centresque de journaux que j’ai accumulés depuis. Quelle chance ! Un pur hasard ! Je vous en livre la conclusion ; elle est encore bien conservée, bien que le papier jauni rend certains passages totalement illisibles :
" On ne discute pas avec Benda. Sa cervelle détraquée, frétillante et grouillante comme un bocal de vers de vase, peut prendre n’importe quelle forme. Tel le ver, qui, coupé en dix tronçons, arrive encore à s’échapper, M. Benda, réduit à merci par l’argumentation la plus catégorique, inventera encore quelque sophisme en tire-bouchon.
Il faut voir M. Benda. On contemple alors un des plus prodigieux phénomènes de l’outrecuidance [là, un mot illisible, rongé par le temps] s’étalant, se mirant, se pourléchant avec un parfait cynisme. C’est l’éternelle gaffe [illisible], la tare fatale de ces tribus alertes et sensées. Après avoir gémi et pleurniché honteusement, sitôt que le vent tourne pour elles, que la force et les honneurs leur viennent, elles narguent le g […], elles se pavanent avec une stupéfiante impudeur. Réjouissons-nous. C’est l’antique signe qu’il a touché au sommet de sa fortune, qu’il ne fera plus un pas sans réveiller notre colère. "
Nous étions alors en février 1938.
Je trouve tout de même que Bernard-Henry a des références contestées, et donc probablement contestables. Un philosophe de sa taille devrait à mon sens trouver des ancêtres intellectuels qui prêtent moins le flanc à la polémique, s’il veut rester crédible et continuer à bénéficier de notre vénération.
Revenons sur l’affaire Tariq Ramadan, et cassons-lui un peu de sucre sur le dos pour changer un peu. Il a déclaré dimanche 2 novembre, dans l’émission Riposte de Serge Moati, que " ce n’était pas facile d’être musulman en France aujourd’hui. ".
Tariq, si tu m’entends, je te dis : " Arrête, tu vas nous faire pleurer ". Il est en effet un peu plus facile d’être musulman en France aujourd’hui, que d’être musulman au Bangladesh, dans le sud-algérien ou aux Etats-Unis. Et c’est en tout cas plus facile que d’être nationaliste français en France aujourd’hui. Alors arrête de geindre, s’il te plaît. Je sais bien qu’une fois de plus, tu étais tout seul sur le plateau de télé à te défendre bec et ongle contre une bande de hyènes du désert, mais pense qu’il n’y avait aucun Français de souche parmi les six invités, et que ceux-ci rasent les murs dans les cités pourries où tes frères règnent en maîtres. Et puis je vais te dire un truc, entre nous : tu pourrais remercier les Juifs que tu as l’air de ne pas porter dans ton cœur, pour avoir si bien encouragé l’immigration ces deux dernières décennies. Sans eux, tu serais encore en train de gratter le sol des monts Atlas.
Maintenant, on en a un peu marre aussi que les Juifs nous répondent, dès que l’on braque un projecteur sur eux : " Ca y est, je suis attaqué comme Juif ! ". Je pense en particulier à Alain Finkielcrotte, qui a une légère tendance à abuser de ce côté-là. La vérité est que lorsqu’un juif est critiqué dans le monde, 99 fois sur cent, c’est parce qu’il a dit ou parce qu’il a fait une connerie, et non parce qu’il est juif. Alors qu’ils cessent de geindre, eux aussi, parce que ça commence très sérieusement à nous les brouter ! Moi par exemple, je suis Français de souche, je n’ai pas une goutte de sang métèque, j’ai l’œil clair, et je n’en fais pas tout un fromage !
Ce 8 novembre, le Figaro relatait aussi l’affaire Youkos et l’arrestation du président de la grande société pétrolifère russe. Le journal donnait la parole à un manifestant communiste, qui déclarait : " C’est la faute des Juifs qui ont tout privatisé. " ( ! !) Encore un mongolien, devait penser le bon bourgeois qui lisait ce journal de merde.
Il a fallu ouvrir le Libérafion du même jour pour avoir de vrais informations : " Khodorkovski a annoncé depuis sa prison qu’il se consacrerait dorénavant à sa fondation " Russie ouverte " (aux Tchétchènes ?) et à ses projets politiques. " Le numéro deux du patronat russe, Igor Yourguens déclarait pour sa part : " Les juifs ont une plus grande sensibilité que les Russes à la démocratie. ". Ce à quoi la journaliste de service, Véronique Soulé ajoutait : " … allusion au fait que Khodorkovski, comme nombre d’oligarques, est d’origine juive. "
Comme cette brave petite nous avait dit au début de son article que " les oligarques avaient acquis leur immense fortune en violant la loi ", nous avions là très clairement un article antisémite dans le plus pur style des années Trente, voire Quarante. Il est évident que la petite Véronique ne va pas faire de vieux os dans la profession si elle ne change pas très rapidement son lance-roquettes d’épaule.
On peut terminer cette joyeuse semaine avec Denis Gautier-Sauvagnac, du Medef, qui réclame " une nouvelle politique d’immigration ", à la suite de l’avis du Conseil économique et social et de sa recommandation " d’ouvrir davantage les frontières ". Notre conclusion est la suivante : Faut-il pendre les patrons aux tripes des communistes ? (Il n’y a pas de racisme, là ? C’est bon ?)
François Ryssen
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