12/10/03 6.04 t.u. Michel Schneider

Le spectacle affligeant donné par un ancien Premier ministre de la France, en l'occurence M.Alain Juppé, devant le tribunal de Nanterre a eu pour effet de redonner vie à quelques souvenirs personnels. Un matin de l'automne 1981, je me trouvais donc, en compagnie de Michel Aurillac, bd Morland, dans le bureau de M.Juppé, alors directeur des services de la ville de Paris. Il s'agissait de finaliser la création du Club 89. Il fut convenu que Michel Aurillac en serait le président et moi-même le secrétaire administratif en charge de son fonctionnement concret et de son organisation. Comme assistant parlementaire de Michel Aurillac, alors député de l'Indre et délégué à la défense du RPR, j'avais préparé les "Réflexions sur la Défense", ouvrage présenté en juin 1980 par Jacques Chirac lors d'une conférence de presse au siège du RPR. Au printemps 1981, Michel Aurillac fut emporté par la "vague rose" et je me retrouvais donc en disponibilité. A la fin de notre réunion avec Alain Juppé, la question se posa donc de savoir qui serait mon nouvel employeur. M.Juppé téléphona alors devant nous à Jacques Chirac pour lui faire part de ce problème. Celui-ci fut immédiatement résolu: "Vous serez chargé de mission au cabinet du maire". A l'époque, M.Juppé ne "manquait pas de vigilance": en accord avec son patron, aujourd'hui président de la République, il savait et il organisait.

"Emploi fictif"? Certes non! Mais emploi détourné de sa finalité statutaire, ce qui était à l'époque le lot de tous les partis. En 1983, je pris congé du Club 89 pour rejoindre mon ami Jean-Pierre Stirbois au secrétariat du Front National. Et c'est ainsi que pendant quelques mois, un permanent du FN fut salarié par la mairie de Paris!

A la morgue, au froid cynisme, à l'irresponsabilité, aux mensonges évidents du "meilleur d'entre eux" (cela laisse imaginer ce que peuvent valoir les autres), il est de salubrité publique d'opposer une histoire vraie, parmi beaucoup d'autres, pour le principe, car ce genre de personnage a le toupet de se présenter, non seulement devant des électeurs, mais devant la justice de son pays, "vêtu de probité candide et de lin blanc", pour reprendre une citation favorite de Le Pen...

Michel Schneider