La crise de la presse
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07/10/04 |
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3.22 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Elle est ouverte. Plus sérieusement, elle explose. Elle affecte spécialement les quotidiens. Tous sont touchés. En tête Le Monde, mais aussi Le Figaro, Libération, Le Parisien, France Soir.
Pour mesurer l’importance du phénomène, il faut dire qu’un quotidien du soir, comme France Soir, il y a quinze ou vingt ans, était un grand succès de vente, un journal éminemment populaire.
Le Monde, très touché, consacre deux pages entières à la question. La crise, selon ce quotidien, est engendrée par plusieurs facteurs : la montée de la télévision et de l’internet, les titres gratuits...
A noter que toute l’Europe est touchée, mais à des degrés divers. En 2003, le nombre de quotidiens vendus par mille habitants atteint encore 322 en Allemagne, mais tombe à 158 en Italie et 167 en France. Au Royaume-Uni, la situation est nettement meilleure : 393. Et, hors d’Europe ? Le chiffre est de 263 aux Etats-Unis.
Le résultat est qu’au Monde on compterai cent « volontaires » prêts à quitter le quotidien. « Volontaires », c’est du moins ce qu’affirme le patron du journal, Edwy Plenel. Comment un trotskiste peut-il devenir un capitaliste de combat ? Voici une évolution sur laquelle aucune enquête ne sera menée, ni dans Libé, ni dans L’Huma, quotidien communiste aux abois, dont la lecture ne peut plus intéresser aucun prolo.
Il va sans dire qu’aucune enquête menée soit dans Le Monde, soit dans Libé, soit dans Le Figaro, ne peut concerner la presse nationaliste. Pour cette mafia, les journaux nationalistes n’existent pas.
Il est vrai que cette presse, elle aussi, est au bord de l’extinction.
Remontons en arrière. Minute, dirigé par le plus grand journaliste que j’ai connu, François Devay, tirait, dans les années 1960, à 300.000 exemplaires pour une vente qui évoluait entre 180 et 200.000 numéros. Rivarol a du tirer, dans la même période, entre 60 et 80.000 exemplaires. Les choses ont commencé à baisser, à mon avis, à partir de 1975.
Pourquoi ? Il serait intéressant de faire une enquête à ce sujet, en évitant de se voiler la face. A mon avis, différents facteurs sont intervenus, le principal étant le manque de renouvellement, tant chez les collaborateurs que chez les acheteurs potentiels jeunes. Prenons un cas : il est clair qu’il n’y a plus rien de commun entre L’Action française d’aujourd’hui et celle où l’on retrouvait la signature de Maurras, de Daudet, de Bardèche, de Brasillach...
Présent est quotidien. Mais il est réduit à quatre pages et est très perfectible. De plus son lectorat est de toute évidence plus qu’âgé.
J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur ce sujet, dans une analyse que je prépare sur les remous qui agitent le Front national et pour lesquels j’ai choisi de prendre un peu de recul.
D’où la question finale, à laquelle je me garder ici de répondre : est-ce que le papier n’est pas mort ? est-ce que l’avenir n’est pas autre ?
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