:: La montée du Non
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23/04/05 |
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4.01 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Pour Chirac, quel bide ! Sa prestation annoncée à grands coups de tonnerre médiatique, devant un auditoire de jeunes, a été réellement dérisoire.
L’ensemble de la presse française, pourtant très conformiste, estime que c’est un réel échec. Il en est de même dans la presse européenne, en particulier dans la presse allemande et autrichienne. En Grande-Bretagne, le Financial Times juge que « le choc psychologique du Non en France serait énorme ». En Italie, le quotidien économique Il Sole 24 Ore ironise sur l’utilisation répétée du célèbre adage du Pape : « N’ayez pas peur ».
Ce numéro chiraquien totalement raté a été immédiatement suivi par un réveil des chamailleries dans les milieux gouvernementaux : Villepin a quasiment posé sa candidature pour succéder comme Premier ministre à Raffarin. Réplique de celui-ci, qui invite Villepin à « aller se faire recadrer ». Autrement dit, à « Aller se faire voir » ! Chirac a carrément laissé tomber Villepin qui croyait pouvoir compter sur lui.
Cet épisode est significatif des divergences de la majorité, où, selon un récent sondage, Raffarin ne recueille que 29 % de satisfaits.
Le seul, sans doute, à se frotter les mains c’est Sarkozy.
Pendant que ces divergences, qui révèlent un climat empoisonné, s’affirment, le Non se renforce. Un sondage effectué aussitôt après le numéro raté du Président de la République, révélait, il est vrai, une très légère baisse de 1 %, mais le dernier, à ce jour (le 18) donnait le Non à 56 % des personnes interrogées.
Il reste, il est vrai, quelques semaines au Gouvernement et à l’Elysée pour renverser cette tendance, mais le moins qu’on puisse dire est qu’ils auront fort à faire.
On a beaucoup vu et entendu, de Villiers défendre le Non. Mais Le Pen, écarté des médias n’a guère cherché jusqu’ici à briser cet ostracisme. Il s’en est expliqué : selon lui, l’entrée du Front dans la bataille pour le Non risquerait de briser le courant qui s’est développé à gauche et à l’extrême gauche. Il a donc invoqué, pour la circonstance, des raisons tactiques. Il se peut toutefois que d’autres facteurs soient intervenus, liés aux divisions internes du Front national.
Il est trop tôt, à mon avis, pour porter un jugement à ce sujet. Il faut attendre le grand discours que Le Pen prononcera, place de l’Opéra, le 1 mai, pour la fête de Jeanne d’Arc, pour juger si cette intervention dans la ligne droite, est susceptible d’avoir un impact décisif. J’en profite pour signaler que Le Pen, il y a quelques temps, avait déconseillé la lecture de Présent, le quotidien traditionaliste dirigé par Madiran. Or, dans le numéro du 20 avril de celui-ci, il vient d’accorder une longue interview qui couvre une page et demie. J’aurai certainement l’occasion d’y revenir.
Roland Gaucher
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