L'avenir n'est pas chez les socialistes pas plus que chez les libéraux
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22/04/05 |
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13.52 t.u. |
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Philippe Delbauvre |
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Il est des consultations dont le résultat immédiat du scrutin n'est autre que le moindre. Ne croyons pas que la victoire éventuelle d'un oui changerait fondamentalement les choses. Il y a du chômage, il y en aura davantage, il y a des délocalisations, le phénomène ira crescendo, quant à la précarité sous toutes ses formes, elle deviendra normalité. Exprimé sous une autre forme, « fondamentalement » la France continuera à descendre la même pente mais avec une accélération plus conséquente.
Ainsi donc les spécialistes l'avaient prévu, c'était juré craché, le oui l'emporterait et facilement encore. Une convergence des brillantes intelligences nationales issues des trois terroirs à génies que sont l'UMP, l'UDF et le PS nous garantissait à l'avance une approbation qui eût été généralisée sans les quelques nécessiteux de la pensée que l'on trouve hors de cette noble zone de l'échiquier politique qu'en d'autres temps, on appelait marais. Dès lors une première réflexion s'impose sous forme d'un choix exclusif. Ou les intelligences susnommées n'en sont pas, ou les français sont profondément débiles. Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a plus de représentativité. Si de surcroît, on analyse les boites à génies (on parle bien de boites à concours), on ne peut que constater l'étendue du malaise. Le rpr a historiquement une vocation à incarner le gaullisme, hors paradoxalement c'est sous Jacques Chirac ancien secrétaire général de ce mouvement que l'homogénéisation de la droite s'est faite à l'aide de la création de l'UMP. Paradoxalement aussi alors que le RPR était dominant par rapport aux libéraux, on a vu naître une gigantesque udf version "à l'ancienne" dont l'UMP est la composante libérale et l' « UDF » la démocrate chrétienne. Jacques Chirac aura donc été l'homme de la giscardisation de la droite aux dépens du gaullisme. On comprend mieux, dès lors l'assentiment généralisé à la constitution ... giscardienne. A droite, rien de nouveau.
La grosse surprise de ce début de campagne vient du parti socialiste et de son aile gauche. Alors que le scénario semblait bien rôdé, une fronde issue de la gauche de la gauche avec pour chef charismatique Henri Emmanuelli se fait jour, bien décidée à empêcher une dérive libérale du parti socialiste qui ne date certes pas d'aujourd'hui mais qui tendrait si elle venait à perdurer à rendre un éventuel choix ps/droite dénué d'intérêts. Citons l'homme: « Il nous faut un nouvel Epinay. Le rôle de la social-démocratie n'est pas d'être un avatar du libéralisme. Elle doit s'opposer à lui et constituer la colonne vertébrale du progressisme européen. Notamment en prenant en charge la défense de l'emploi et du salariat européen, lourdement menacés par les délocalisations dans le contexte d'un libre-échange sauvage voulu par le libéralisme. En ne le faisant pas, elle condamne au pessimisme et au désespoir les populations victimes de la régression sociale. « C'est un discours qu'en effet on n'entend malheureusement plus à gauche et il faut bien l'avouer depuis longtemps. C'est cependant ce même homme qui se refuse à quitter le parti socialiste et qui en conséquence sera, même s'il voit ses analyses vérifiées, prisonnier les lobbies économiques et financiers. Car le problème est bien là. Si Strauss Kahn et Fabius qui sont présidentiables ont tant d'intérêts aux yeux de certains c'est bien en raison de leur « intelligence » économique. D'autre part, Hollande n'a jamais existé politiquement. On imagine mal Jospin faire demain ce qu'il a eu le temps de faire hier et n'a pas fait. Quant à Jack Lang, une mauvaise version actualisée de Dumas lui ferait jouer le rôle principal dans « vingt ans après ».
L'avenir n'est pas chez les socialistes.
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