20/11/04 13.55 t.u. Tom Wagener

Il y a quelques mois, Roland Gaucher avait dénoncé les trois tares de ce que l’on appelle « extrême droite ». Mais, ces tares (individualisme, obsession du complot) touchaient plus le fonctionnement du mouvement que son programme. Or, je pense que le plus grave handicap du mouvement national est ce que j’appelle « réactionnite », à savoir l’habitude grotesque de se complaire dans une idéologie réactionnaire totalement éloignée des préoccupations concrètes de son électorat.

Sur le plan des mœurs

Les organisations d’extrême droite semblent tout faire pour faire fuir les femmes. Entre misogynie et anti-féminisme, le FN continue de prôner l’interdiction de l’IVG, véritable épouvantail pour l’électorat féminin. Il réclame aussi le vote familial, géniale trouvaille pétainiste, qui, appliquée de nos jours, favoriserait les familles allogènes. Tant que le FN gardera ces résidus sclérosés de maurassisme dans son programme, il sera toujours assimilé aux bandes de guignols tradis qui s’enchaînent dans les plannings familiaux.

Quant à l’homosexualité, c’est encore pire, l’attitude des natios oscille entre le silence gêné et l’appelle au lynchage. S’il est tout à faire légitime de s’opposer au mariage gay, il est en revanche politiquement stérile de hurler à propos de l’homosexualité à la décadence de la civilisation occidentale, à la perte des « valeurs », ou à la corruption des mœurs provoquée par l’athéisme ou la pornographie.

La religion

Les groupes d’extrême droite ont aussi la fâcheuse tendance à s’étriper pour des problèmes de religion. Le FN continue de faire référence au catholicisme dans son programme. Dans quel intérêt, mystère ? D’ailleurs, toutes les études prouvent que la pratique du catholicisme est un frein au vote national. Les cathos les plus réacs votent De Villiers ou Boutin mais pas Le Pen. De plus, la référence au christianisme est un frein pour de nombreux électeurs agnostiques qui voteraient bien FN mais qui sont gênés par le fanatisme religieux de ses dirigeants.

D’autres nationalistes sont ouvertement païens. Outre le fait que le paganisme est mort depuis plus de quinze siècles dans nos terres, cette apologie du paganisme a souvent un fort relent de sectarisme. Il serait plus judicieux pour une organisation politique de se contenter à une stricte laïcité et de laisser les croyances dans l’espace privé.

Réaction sociale

Là encore, le FN pour ne pas le nommer, se trouve totalement hors des préoccupations de son électeur de base. L’électeur moyen FN est un ouvrier, un employé ou un chômeur mais le FN comme la majorité des groupes d’extrême droite défend un programme libéral-populiste et ouvertement droitier qui ferait passer Madelin pour un bolchevik. Les dirigeants (100% bourgeois) du FN semblent être persuadés que leurs troupes électorales se composent de Versaillais en barbour. Le Réseau Radical est probablement le seul groupe politique d’importance à la fois national et anticapitaliste. Les nationalistes allemands du NPD sont plus intelligents que leurs cousins du FN, leur combat contre la loi Hartz IV a payé et leur a permis de mordre sur l’électorat de gauche. Le FN gagnerait à abandonner le libéralisme et à dénoncer les dégâts de la politique sociale du gouvernement actuel.

Bref, il serait bon que le nationalisme se débarrasse de son vernis réac et renoue avec l’anticapitalisme de combat qui l’a longtemps caractérisé. On pense bien sûr à Sorel, Blanqui, Proudhon, Rossel et toute cette tendance du nationalisme français voltairien et révolutionnaire, à savoir le socialisme plus la nation.