27/01/03 19.44 t.u. Thomas Demada

"Tout pour le peuple, rien par le peuple" la célèbre maxime de Salazar deviendrait-elle le leitmotiv de la nouvelle extrême droite... Si l'on relit l'ouvrage du même nom de Christophe Bourseiller (que l'on préfère en spécialiste des mouvements minoritaires plutôt que dans ses prestations mongoloïdes au cinéma) réédité récemment on constate le décalage entre le milieu national actuel et celui que nous connaissions dix ans en arrière. Il est vrai qu'avec le 11 septembre et l'expérience MNR une révolution culturelle est passée par là...

La complexité dialectique initiée par le GRECE, l'abandon de la xénophobie et du racisme-réflexe au profit d'un ethno-différentialisme logique et harmonieux, tout ce formidable travail d'introspection de la nouvelle droite française a été balayé par la chute des deux tours-symboles du libéralisme apatride.

L'extrême droite est retournée à son petit ghetto familier, elle s'est laissée griser par le vent putride d'un nouvel occidentalisme. Elle a retrouvé le caractère rassurant d'un monde bipolaire, avec un ennemi clairement circonscrit et des objectifs clairement définis, elle s'est rendue une nouvelle fois à son rôle d'auxiliaire de la réaction et des grands intérêts financiers... Elle est redevenue comme le disait Stephen Zweig "la forme la plus agressive du capitalisme".

De ces décombres idéologiques, de la poussière et du sang du 11 septembre est née cette droite se réclamant de l"'identité" tout en niant celle des autres. Ces nouveaux réactionnaires qui, comme l'a péroré récemment J.Y. Le Gallou, "affirment sans complexe la supériorité de la civilisation européenne", semblent oublier qu'ils procèdent du même raisonnement intellectuel que les "démocrates libéraux". Ces universalismes, égalitaires ou suprématistes, voudraient tout d'eux appliquer les principes des régimes parlementaires européens, considérés comme seuls régimes "adultes", au monde entier, niant ainsi l'aspiration profonde des Peuples et l'affirmation de leurs civilisations. Cette mécanique occidentale aboutit à la dissolution des communautés étrangères par leur intégration au système capitaliste. C'est cette aberration idéologique qui déculture, les Peuples et aboutit aux états métissés que nous connaissons. Affirmer l'identité occidentale c'est nier l'identité tout court. L'"identitaire " est un diable qui se mord la queue.

Pour les identitaires, l'anti-islamisme jouerait donc le même rôle de tremplin qu'avait joué l'anti-communisme pendant les années trente, interprétation dirigée et favorisée par un Système qui voudrait bien combattre cette menace sans se salir les mains. C'est procéder à un calcul hasardeux et cynique, laissons les parallèles historiques à Plutarque. C'est oublier que l'Islam est la foi d'une partie de nos frères européens, de la Bosnie au Caucase. C'est occulter que si l'Islam comme le communisme procède d'un dogme, il ne dispose pas d'institutions centrales (contrairement au système des internationales marxistes qui liquidaient les particularismes), il est donc pluriel (pour utiliser un terme à la mode). L'Islam est un cri de guerre, un outil que brandit qui veut bien s'en servir. Le système peut (et veut) se satisfaire d'un Islam normalisé, vidé de la substance guerrière qui fait l'attrait de cette religion. Le problème n'est pas là, stigmatiser l'Islam c'est oublier l'immigration, c'est croire que le problème des résidants non-européens (qui sont d'ailleurs loin d'êtres tous musulmans) peut se régler par aspersions d'eau bénite dans les ghettos... Les zélotes de l'identité pourtant largement issus des rangs du néo-paganisme se parent pour combattre l'Islam d'une dialectique toute chrétienne. C'est méconnaître l'histoire depuis la révolution française, c'est ignorer la situation tout court.

Où donc se situe le problème? Qui est responsable de notre misère actuelle? Qui est l'ennemi, puisqu'il-y-a et qu'il faut définir un ennemi? Notre ennemi mortel et celui des peuples libres du monde entier c'est ce moloch qui dévore les nations et les cultures: c'est le colosse yankee. Ce monstre à la fois répugnant et fascinant, cet ogre en costume armani est un prédateur à la mémoire courte: il n'hésite pas à dévorer ceux qui hier l'ont appuyés. L'extrême droite a compris la première le danger que représente le mondialisme, cette excroissance du capital, mais elle a abandonné ce thème dès que d'autres qu'elle ont brandi la bannière de l'anti-mondialisation.

Cette droite radicale a toujours rechigné à reconnaître dans certains cas le primat de l'économique, considérant cela comme un réflexe marxiste. Mais dans un monde soumis à une hyper-puissance dont le seul dieu est l'argent c'est la grille de lecture du matérialisme historique qu'il nous faut utiliser. La prochaine guerre en Irak est un déverrouillage économique et pétrolier. Le choc des civilisations est une fiction inventée par Faye et les autres pour vendre du papier...

Nous vivons à une époque où la majorité des extra-européens vivant dans nos états en possèdent déjà la nationalité. Il ne faut pas négliger tout ce qui favorisera le communautarisme, étape désormais obligatoire. Il faut revenir à l' " ethnisme antique ", cette époque bénie où les peuples savaient vivre de concert dans leurs différences. Nous partageons les mêmes aspirations qu'un arabe baaïste ou qu'un squadriste colombien. Les identitaires seraient avisés de préferer les imams aux faucons américains, sinon les peuples libres n'auront que mépris pour les fils de l'Europe.

Thomas Demada