voxnr
trident
site_nr_s
ttl ttr

sommaire
..::à la une
..::politique
..::étranger
..::tribune libre
..::documents

..::envoi d'articles
..::résistance::le mél
..::présentation
..::soutien
..::contactez-nous
..::les forums
..::répertoire
..::diffusion libraire
..::nos engagements
..::archives
..::recherche
..::accueil site
tbl tbr
ligne
ttl ttr

réseau
..::communiqués
..::crb : contact
..::tracts
..::affiches
..::adhérer
..::
point presse
..::site abonnés

tbl tbr
 
cbl
cbr
ligne_b    
 
ligne
 
politique
suite

Quatorze mille six cent milliards de dollars logés dans les sanctuaires de la mondialisation

02/04/04 3.48 t.u.
Jean Duverne

Pourquoi les paradis fiscaux occupent-ils maintenant une place considérable dans les flux financiers de la mondialisation ? Pourquoi au moins vingt-et-une multinationales sur trente cotées par le grand indice américain Down Jones sont-elles recensées comme disposant de filiales ou de holdings dans les places financières qui sont de véritables zones de non-droit du capital financier international ? [1].

Avant d’apporter à ces questions les trois principaux éléments de réponse qui nous paraissent essentiels, il faut essayer d’apprécier l’ampleur du phénomène.

Un passage obligé pour l’argent du crime organisé

Il est délicat d’avoir une évaluation claire des flux de capitaux transitant par les paradis fiscaux. Par nature, ils relèvent du secret bancaire, mais aussi juridique, quant à l’identité réelle de l’actionnariat des innombrables sociétés offshore qu’ils abritent et à leurs mouvement de capitaux. Si l’on recoupe les études du Fond monétaire international (FMI) et de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) pour les années 2001 et 2002, celles-ci estiment que près de la moitié de ces flux passe par des paradis fiscaux et que les capitaux y étant logés représentent environ un tiers du produit intérieur brut (PIB), soit la somme faramineuse de quatorze mille six cent milliards de dollars. Ces estimations, confirmées par de nombreux organismes d’analyse financière internationaux, considèrent que ces montants ne dépassaient pas 10 à 15 % du PIB mondial il y a encore une vingtaine d’années. D’où provient donc, et à quoi sert, cette gigantesque enflure de ces flux financiers frauduleux ?

Les caractéristiques des paradis en font d’abord, première réalité, un passage obligé pour l’argent du crime organisé et des trafics de toute nature, depuis la drogue jusqu’aux formes les plus abjectes de celui des êtres humains - main d’oeuvre clandestine, traite des enfants, prostitution. Les succursales bancaires situées dans les paradis fiscaux fonctionnant alors comme d’immenses machines à laver l’argent « sale » de cette « économie souterraine ».

Il ne s’agit pas d’une réalité marginale, et tous les analystes comme les études les plus officielles d’organismes de l’ONU ou de l’OCDE l’évaluent entre 5 et 10 % du marché mondial; c’est une vraie composante de la mondialisation, évoluant chaque jour un peu plus vers la pourriture et le gangstérisme au sens exact du terme. Selon les années, le FMI et le GAFI (2) évaluent ces sommes entre six cent et mille cinq cent milliards de dollars, un chiffre colossal... mais qui ne représente pourtant qu’une partie limitée des masses financières transitant par les paradis fiscaux. Et le reste ?

L’occultation consciente d’une réalité plus profonde

Cela nous amène aux deux autres réponses à apporter.

Les institutions internationales se complaisent, en effet, à concentrer leur projecteur sur le seul blanchiment de l’argent du crime. Mais il s’agit d’une occultation consciente d’une réalité plus profonde. L’argent du crime ne fait qu’utiliser des structures déjà existantes, et qui ont été mises en place par le capitalisme financier pour gérer ses affaires « normales ». L’utilisation de plus en plus massive de ces structures est le produit direct du fonctionnement du régime capitaliste contemporain en décomposition. Allez au rayon « économie » de n’importe quelle librairie , et vous trouverez une bonne dizaine de « guides des paradis fiscaux » . Allez sur internet, ils y font leur publicité, et certaines officines proposent même de créer des sociétés-écrans en ligne ! Des séminaires sur ce thème sont organisés par des cabinets de conseil ou d’avocats ayant pignon sur rue, à destination des managers et des directeurs financiers. L’utilisation des paradis fiscaux figure en bonne place dans les grandes règles de gestion des banques et des multinationales. Le juge financier français Renaud van Ruymbecke, généralement peu loquace, a malgré tout déclaré froidement, dans une récente interview au Monde, à la suite de l’affaire Parmalat : « C’est devenu un outil de gestion banal. En quelques années, le pourcentage des capitaux internationaux investis en Bourse qui a au préalable transité par un paradis fiscal est passé de 10 à 50% ».

Les capitalistes sont confrontés à la difficulté de réaliser leur profit sur des marchés toujours plus étroits et de se soumettre aux exigences de rentabilité du capital imposées par les marchés financiers. Au parasitisme et à la spéculation qui s’ensuivent correspond une déréglementation financière de plus en plus généralisée.
Les capitalistes s’attaquent d’abord férocement au « coût du travail », mais aussi à tout ce qui vient grever les profits par une « délinquance légale » et officielle qui fait appel aux techniques les plus sophistiquées, toujours plus inventives. C’est la fraude fiscale à grande échelle, privant les Etats nationaux de ressources financières considérables, avec lesquelles ils pourraient financer de façon beaucoup plus importantes leurs obligations budgétaires, et notamment les services publics et les droits sociaux.

Le troisième élément de réponse, qui explique pourquoi les paradis fiscaux sont devenus un outil de gestion usuel du grand capital international, a été largement révélé par les affaires Enron et Parmalat. Que les comptabilités de ces multinationales constatent des gains ou des pertes, la réalité de leurs résultats doit de plus en plus être cachée aux organes de contrôle des Etats et des marchés financiers. Trafics spéculatifs, manipulations financières illégales, trucages des comptes et camouflage des bakchichs et des commissions occultes, sont devenus indispensable aux grandes sociétés. Ils sont devenus le pain quotidien du fonctionnement du régime capitaliste, le nerf de la guerre du capital financier, qui a besoin de ces sanctuaires pour tenter de se soustraire aux conséquences de la gangrène mortelle de son système.

Jean Duverne

Notes : 1 - Précisons que cette information, avec désignation et force détails à l’appui, a été donnée dans son numéro de septembre 2003 par le plus réputé des magazines américains de la haute finance, Forbes.
2 - Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux, organisme créé par les pays lors du sommet du G 7 de 1989. Depuis les attentats du 11 septembre, sa compétence a été étendue à la « lutte contre le financement du terrorisme ». Trente-trois pays en sont membres.

 
lgne
derniers_titres
ttl ttr

dot
15/01/05
..::Propos clairvoyants de l'évêque de Bâle
Par rapport aux craintes qui règnent dans la société, le problème n'est pas la force...::..
Agence télégraphique suisse

dot
15/01/05
..::La « Constitution » européenne contre les droits sociaux
Nous le constatons d’année en année, dans tous les pays, la politique impulsée par l’Union...::..
Jean Duverne

dot
09/01/05
..::Immigration et pédophilie
On a jugé récemment dans l'Est de la France, neuf jeunes gens qui avaient mené une campagne...::..
Correspondant

tbl tbr
accueil_rubrique
imprimer
envoyer
haut
    cbl cbr