Retraites…
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26/01/03 |
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6.28 t.u. |
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Gérard Gaudin |
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Le débat qui doit s’engager sur les retraites va susciter énormément de débats entre les partisans de la « répartition » et les partisans de la « capitalisation ». Polémiques qui ne seront pas souvent désintéressées car les administrateurs actuels : banquiers, fonctionnaires, syndicalistes, administrateurs, personnels défendront leurs intérêts à travers des points de vue présentés comme désintéressés.
Ici, nous avons approché le problème en dehors de tout parti pris.
Que nos amis MM. Saintpierre et Schouller qui ont apporté une contribution principale à cette réflexion soient remerciés ainsi que les autres qui ont permis à cette réflexion de prendre corps.
Retraite par répartition.
A combien faut-il taxer les actifs pour qu’il fasse vivre un retraité ? Pour simplifier nous dirons que le revenu du retraité est le même que celui de l’actif.
Chaque actif taxé à 25 % fera vivre ¼ de retraité ; à 33 % 1/3 de retraité ; à 50 % ½ de retraité ; à 100 % un retraité…et l’actif, il vit avec quoi, s’il donne tout son salaire à un retraité ?
Imaginons la suite au moment où la population des retraités dépasse celle des actifs…la paupérisation en marche, si la production n’augmente pas !
Retraite par capitalisation.
En plaçant 10 % de son salaire pendant 40 ans à 5 %, en négligeant l’inflation, un smicard (1000 euros par mois), aura un capital de :
Somme de (12 000 x (1,05 Puissance n) = 144 960 euros qui lui rapporterons :
600 euros par mois environ. Il touchera 60 % de son salaire. (n pour 39 ; 38 ; 37 ;…0 pour chacune des années de versements). Nous avons négligé les mois.
Ce cas d’école peut être complété par un revenu cumulé de 3 % annuel mais une inflation de 1.5 % et une évolution salariale de 1,1 %.
Les intérêts cumulés des premières années sont rongés par l’inflation, malgré l’évolution salariale positive :
141 052 euros soit à 3 % = 4231 euros par an = 353 euros par mois, soit moins de 13 % du dernier salaire mensuel.
Dans tous les cas présentés le capital est préservé, le retraité ne touche que les intérêts.
Un consultant écrit : Objet : Répartition ou capitalisation
<<... Il y a plusieurs moyens de démontrer l'absurdité d'un système confronté à la réalité démographique de notre pays...>>
<<...La partie capitalisation est, par contre, bien plus complexe....>>
<<...1. Mais, si l'on fait cela, il faut évaluer le rapport annuel de l'argent...à 3 points au dessus de l'inflation et c'est de que je prendrais comme hypothèse....>>
<<...2. Si votre smicard ne met que 10% de son salaire de coté, il aura du mal à s'en tirer. ...La pension annuelle qu'il pourrait alors en tirer, toujours hors inflation ne serait que de 3% de cette somme soit un peu plus de 300 euros par mois....>>
N.B. : Un peu plus de 352 euros par mois : chaque année 1200 x 1.03^40, puis 39, puis 38, jusqu’à 1.03 puissance 0 et la somme donne 144 959.73 à 5% = 7248 euros soit 604 euros par mois. MAIS à 5 % SANS inflation. Vraiment un cas d’école, idéal.
<<...3. Si donc, notre smicard veut améliorer son ordinaire, il doit choisir entre trois solutions qui peuvent, d'ailleurs être combinées pour donner un meilleur résultat :
<<...a/ Il peut verser plus de 10% de son salaire. Le problème est que, pendant une grande partie de ces 40 ans, il lui faudra continuer à financer le système par répartition. Je suppose ici que, après une certain nombre d'années, ce système serait incorporé au budget général de l'Etat et financé par l'impôt.
<<...b/ Mieux placer son argent. Un fond bien géré doit pouvoir rapporter plus que l'inflation + 3 points mais, ce faisant, il doit en assumer les risques. Sur 40 ans, ils sont faibles mais non nuls....>>
<<...c/ Il doit accepter une érosion progressive de son capital. A moins de tomber dans des calculs actuariels dont l'inconnue principale serait la date de sa mort, il serait préférable qu'il transformât son pécule en rente viagère. Son capital est alors aliéné et ne sera pas transmis à ses héritiers. En fait, mon avis personnel est que cette transformation en rente viagère devrait être obligatoire avec toutefois le choix laissé au retraité de choisir l'âge de sa retraite en fonction du revenu qu'il désire s'assurer. Il est évident que chaque année ainsi gagnée aura un double effet sur le montant de la rente : en augmentant le capital et en diminuant le nombre d'années espérance de vie....>>
<<...Comme je l'ai dit précédemment, le système par capitalisation n'est pas le remède miracle. Il ne peut s'inscrire que dans le cadre d'une révision globale de notre fiscalité et s'accompagner de mesures de contrôle sévères.
Il drainera des sommes colossales qui ne pourront qu'attirer les prédateurs de tous poils. Mais nous n'avons pas le choix. Le système actuel est sans espoir et plus nous attendrons, plus il sera difficile d'assurer la transition.>>
Un autre de nos amis écrit :
<<...Pour la retraite par capitalisation, il faut investir en bourse, c'est à dire en parts d'entreprise. Le simple examen de l'évolution du Cac 40 (ou du D.J.) montre qu'il s'accroît annuellement de 10%. D'après l'INSEE, un placement effectué en 1913, jusqu'en 1998, a été divisé par 2,5 en obligations à cause de l'inflation, a été multiplié par 2,5 en or, et par 31 en actions. S'il vous reste des sous à placer, c'est le moment de les mettre sur la bourse au son du canon et de les retirer au son du violon au dessus de Cac40 6.500, pour attendre la prochaine baisse, le gain est alors supérieur à 10% par an. Mais dans ce cas, ce n'est plus du placement mais de la spéculation. De toute façon, le système par répartition n'est plus viable ou supportable par les actifs....>>
Le petit épargnant n'a ni le temps, ni les moyens de spéculer. Si la moyenne de la bourse est effectivement positive, la petit épargnant ne peut investir en tout. Il faut faire à sa place des choix judicieux par des gens honnêtes.
Qui peut rester honnête devant une telle manne d’argent ?
Comment contrôler les administrateurs ?
La retraite par répartition montre ses limites en tant que prélèvements sur le salaire des actifs.
En fait c'est un impôt déguisé, tiré sur le salaire des actifs.
D'ailleurs, que je sache, les retraites des fonctionnaires sont réglées par les impôts. Mais n’est-ce pas la bonne formule ? Charge à l’état de stimuler la production par les investissements.
Investissements-Dépenses.
L’investissement c’est le choix du futur pour mieux vivre. La dépense c’est la jouissance immédiate sans se soucier du lendemain.
Un intéressement des actifs à l’entreprise en faisant l’actif, actionnaire et propriétaire de son entreprise? L’actif permettrait à son entreprise d’investir.
Un mélange de plusieurs solutions : état, entreprises, caisses de retraites.
<<ý…J'exclus par principe le cas de l'investisseur individuel comme étant hors sujet. C'est en effet une chose possible dès aujourd'hui mais on ne peut pas parler de système de retraite par capitalisation. Ce dernier implique des prélèvements déductibles réguliers sur les salaires et des placements auprès d'organismes chargés de gérer ces fonds et de servir les pensions, sous forme de rente viagère, à l'échéance. La question est donc
comment ces organismes devraient gérer ces fonds ? …>>
<<ý…1. Avant tout, il serait nécessaire d'avoir de nombreux contrôles sur les investissements faits par les fonds de retraite par capitalisation. Les sommes énormes que cela drainerait attireraient les prédateurs comme les
mouches sur un pot de miel. La diversité est donc primordiale. Diversité des organismes afin de diluer les capitaux et diversité des vecteurs de placement (Immobilier, obligations, actions) afin de limiter les risques.
Cela exclut une gestion 100% boursière….>>
<<ý…Votre ami a raison, la bourse est le meilleur investissement à long terme et il est probable que celui qui investirait aujourd'hui, au creux de la vague, gagnerait de l'argent. Mais en même temps cela démontre que le risque d'en perdre beaucoup, à un moment donné, est également très important. Il vaudrait mieux que ce "moment donné" ne coïncide pas avec la date à laquelle vous avez décidé de prendre votre retraite. Comme je le disais récemment, la seule solution valable pour optimiser sa pension est de transformer le capital accumulé en rente viagère servie jusqu'à son décès. Un capital amputé par les aléas boursiers du moment pourrait ne donner qu'une pension maigrichonne….>>
<<ý…3. Dans le cadre d'un plan de retraite par capitalisation, il ne s'agit pas de verser une grosse somme au moment opportun et de la regarder grossir, avec des hauts et des bas bien sur, mais avec l'assurance d'une croissance, sur le long terme, supérieure à celle d'obligations de père de famille. Il s'agit de prélèvements mensuels effectués sur une très longue période. En plaçant ces sommes majoritairement en Bourse on ne profiterait alors que partiellement de cette croissance puisqu'il faudrait investir chaque mois, même lorsque les actions sont chères. Il faut donc ne pas hésiter à se positionner en obligations lorsque la bourse est chère, quitte à en transformer une partie en actions lorsque le prix des actions redevient raisonnable. C'est une affaire de spécialistes….>>
<<ý…La diversité disais-je….>>
Pour conclure la gestion des retraites appartiendrait à l’état, (redistribution), aux entreprises (capitalisation) et aux caisses de retraites (passer de la redistribution à la capitalisation) et certainement la gestion des prélèvements des actifs à travers des entreprises, celles qui ne voudraient pas gérer leurs propres prélèvements.
Le débat reste ouvert. G.
« Le Temps », le 27/0/02 Pascal Couchepin, Conseiller Fédéral Suisse :
<<ý…Et à propos de la possible baisse à 3% du taux des fonds de pension: «La décision du Conseil fédéral n'est peut-être pas très populaire, mais elle est réaliste. Un taux de 3% implique un rendement réel de 2% puisque l'inflation ne dépasse pas 1%. On a rarement garanti un rendement si bon….>>
Le 10 janvier 2003, je rappelais que l’important était l ‘accroissement de richesses pour une société afin de pouvoir en redistribuer une partie.
Jusqu’ici, nous avons considéré la société française et chercher une solution pour celle-ci, c’est à dire ses habitants alors qu’on parle de mondialisation. Est-ce réaliste ?
Les usines françaises sont délocalisées vers l’étranger où la main d’œuvre est moins chère. Comment parler encore de répartition, si l’activité est transférée ? Comment parler encore de capitalisation, si la paupérisation gagne ?
Pourrait-on transférer les charges salariales en même temps que le travail ? Au nom de la mondialisation, bien sûr !
Les détracteurs de la répartition nous disent que c’est le poids des retraités par rapport aux actifs qui fait écrouler le système.
En faisant travailler des peuples à l’espérance de vie faible, aurions-nous résolu le problème ?
Beaucoup d’actifs jeunes et pas de vieillards. Je plaisante, bien sûr. Mais je voudrais faire réfléchir sur la délocalisation du travail qui augmente le chômage et surtout encourage l’inactivité d’un peuple et le plonge dans l’oisiveté et l’assistance. Jusqu’à quand est-ce supportable pour une nation ?
Jusqu’à quand est-ce supportable de travailler pour peu, et là je pense aux usines délocalisées ? Des deux cotés des problèmes vont surgir. Gardons-les en mémoire.
Revenons un peu sur dépenses et investissements. Appelons dépense la consommation immédiate et investissement ce qui aide la production à moyen et long termes.
Quelque soit la position de l’actif dans le monde, (cas de la mondialisation), il a besoin d’investissements pour produire et là, la capitalisation va aider à lui fournir des moyens de production, par contre en retour il serait juste qu’il fournisse une part de son salaire à faire vivre un retraité….par répartition.
Faut-il lui prendre directement sur son salaire ou sur une taxe à la consommation ? C’est un autre problème soluble aussi.
La mondialisation doit tendre vers l’harmonisation des prix et des salaires. Répartition/capitalisation n’est qu’un arbre au milieu d’une forêt.
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