Pourquoi je me désolidarise d'Euro-Palestine
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03/11/04 |
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17.01 t.u. |
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Alain Soral |
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[En réponse aux violentes attaques d'Oliva zemor]
Importer la seconde Intifada en banlieue, faire passer aux yeux de l'ensemble du peuple de France, les Français de première génération originaire d'Afrique et du Maghreb pour la cinquième colonne du Hamas, est-ce vraiment un service à leur rendre ?
Après le tag et le rap qui, durant quinze ans et avec la louche complicité des médias, les ont poussés à s'identifier à d'irrécupérables délinquants, les jeunes des banlieues ont-ils besoin de cette nouvelle marginalisation ?
Même si ça fait parfois du bien face à tant de violence et d'injustice, crier "nous sommes tous des palestiniens de la bande de Gaza" n'est-ce pas, au fond, aussi vain et creux que de crier "nous somme tous des juifs allemands" comme c'était la mode en d'autres temps chez les étudiants gauchistes de mai 68, devenus depuis censeurs et commis d'Etat ?
Ni palestinien ni juif allemand, Français moyen je suis.
C'est pourquoi je n'entends pas aggraver la balkanisation communautaire de la France et des banlieues, mais travailler, au contraire, au respect et à l'application de la loi républicaine, rien que la loi républicaine, mais toute la loi républicaine. Une loi républicaine une et indivisible qui a pour but l'intérêt général, s'adresse à l'individu citoyen et ne reconnaît aucune communauté au-delà de la sphère privée.
Face au piège qui m'a été tendu, je saisis l'occasion de montrer l'exemple et de donner à ceux-là même qui me stigmatisent et ne cessent d'importer en France le conflit moyen-oriental par des solidarités combien plus suspectes, une leçon de civisme.
Quels que soient mes sentiments envers la souffrance inique du peuple palestinien, une plus mure réflexion - plus authentiquement politique - me conduit à penser que nous ne ferons pas progresser la cause du bien, ni l'intégration des immigrés en France, par l'aggravation des tensions communautaires, mais par l'affirmation de notre attachement aux valeurs humanistes et universalistes qui sont bafouées là-bas, et qui fondent ici notre citoyenneté.
C'est pourquoi par cette déclaration, je me désolidarise du mouvement Euro-Palestine, préférant à l'avenir faire passer mes idées progressistes par le talent et l'esprit, plutôt que de contribuer à attiser la haine et les passions, en une période et sur un sujet qui n'en ont nul besoin.
Quant à tout ceux qui ont découvert par cette expérience le chemin des urnes, je leur conseille vivement de continuer à exercer ce pouvoir citoyen dans le cadre du débat Français, avec le but autrement plus constructif de travailler à leur intégration, par leur réussite sociale.
Alain SORAL
3 novembre 2004
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